Deux raisons à celà :
- Les seuls sujets traités dans la presse sont, soit déjà largement éculés par une médiatisation envahissante, soit totalement insipides, du genre maillot-jaune-sans-combat-en-haut-du-Tourmalet.
- Quand par hasard un sujet pourrait être intéressant, comme cette nouvelle lubie présidentielle de s'attaquer aux gens du voyage, son traitement est totalement dévoyé, y compris dans le cas précis par son auteur lui-même : ce ne sont pas les gens du voyage qui posent un problème en France, mais bien l'approche globale de la société française à l'égard des cultures marginales. Je ne vais pas entrer dans les détails. Je l'ai dit, cette médiocrité me lasse...
Et quand on est lassé de l'actualité, c'est à dire de l'immédiateté, on "se pose" et, tout naturellement, on se met à réfléchir plus profondément à des valeurs plus pérennes. On reprend des bouquins, on relit des articles, on essaie de peaufiner ses positions. Et on ressent le besoin d'exprimer le résultat de ces cogitations philosophiques, si le terme n'est pas trop présomptueux.
C'est ainsi que la relecture d'un article du mois de juin de l'institut Hayek m'a donné envie de revenir ici sur un certain nombre des principes que je défends.
Dans cet article, Vincent Benard part de la crise financière des états, et des vélléités de mise en ordre des finances publiques, pour d'abord dresser un constat, puis en arriver à présenter quelques propositions de bon sens. Je ne vais pas les détailler ici. Je ne ferai qu'en citer la conclusion :
"[...] j'ai voulu tracer une ligne d'horizon, que l'on pourrait résumer de deux mots: "Objectif Liberté !". Le chemin pour parvenir à l'horizon ne seront peut être pas rectilignes et plats, mais je laisse à ceux dont l'action politique est la compétence première le soin de s'en saisir et d'en faire bien plus qu'une "plateforme électorale" ou un "projet de société", mais un objet de désir, et, si nous parvenons un jour à bâtir une telle société, une source de fierté.".
Evidemment, dans l'esprit de beaucoup, ce travail d'analyse sera entaché dès l'abord par le fait qu'il se place sous le sceau de la phiolosophie libérale. Ce mot, dont la plupart de ses détracteurs méconnaissent le sens, est devenu une insulte au point qu'on me conseille assez souvent de ne pas l'utiliser. Je n'arrive pas à m'y résoudre : j'ai suffisamment le respect de mes lecteurs pour penser qu'ils sont aptes à comprendre ce qu'est en réalité le libéralisme, à condition toutefois que je me montre capable de le leur expliquer. D'autant que de surcroît je ne vois absolument pas de quel autre vocable je pourrais user pour dire la même chose...
Etre libéral aujourd'hui est assez mal vu. C'est assez injuste : le libéralisme est à l'origine de la Déclaration des Droits de l'Homme, et a contribué aux théories économiques qui ont permis un recul de la misère sans précédent dans l'histoire de l'humanité. La domination culturelle et médiatique de la gauche socialiste a institué petit à petit des tabous politiques. Ainsi, les libéraux n'osent plus dire qu'ils le sont, tandis que les socialistes clament leur supériorité morale auto-proclamée et que les conservateurs luttent à coup de poncifs d'un autre temps... Il est temps de briser ce mur d'incompréhension dont les moellons sont scellés de mensonges, et d'expliquer ce que liberté veut dire.
- Le libéralisme proclame tout d'abord la propriété de soi, le droit à la vie et à la sûreté, le droit à la propriété. Le corollaire, c'est le respect de la vie et de la propriété des autres personnes.
- Le libéralisme, c'est le droit à la liberté. Personne (y compris l'état) ne peut disposer de votre temps sans votre consentement. Personne (y compris l'état) ne peut limiter arbitrairement l'usage que vous faites de votre temps. Il s'agit de la liberté d'agir et de penser sans limites, sauf celles de la jouissance de la même liberté par les autres.
- Le libéralisme, c'est le droit à la propriété : d'abord la propriété de soi, et aussi la propriété de toutes choses que l'on se procure légalement. Le droit de propriété est la conséquence du droit à la liberté. Personne (y compris l'état) ne peut s'approprier le bien d'autrui.
- Le libéralisme n'est ni "de droite" ni "de gauche". Plutôt que cette césure artificielle de l'échiquier politique, on peut plus valablement le diviser en trois grandes tendances : le socialisme, le conservatisme, et le libéralisme. Les professions de foi de tous nos grands partis comportent ces trois tendances, mais dans des proportions différentes. La gauche est "libérale" plutôt dans le domaine des moeurs, la droite plutôt dans le domaine économique. Pour un libéral, il n'y a qu'un seul libéralisme, la liberté ne pouvant se "saucissonner". Toute société structurée est régie par un ordre légal. Pour les conservateurs, cet ordre doit être naturel. Pour les socialistes, il doit être construit. Pour les libéraux, cet ordre s'auto-organise pour peu que les droits et les devoirs soient clairement définis.
- Pour les socialistes, il revient à l'état d'analyser la société et de la construire, d'où le terme de "constructivistes" qui les définit à merveille, afin de garantir une égalité de fait. Pour les libéraux, la force de l'état contre les droits de la personne est immorale et inefficace, voire nuisible.
- Pour les conservateurs, le rôle de l'état est de maintenir et de défendre l'ordre naturel (voire divin). Les droits de la personne peuvent donc être limités dans le but de maintenir cet ordre naturel. Pour les libéraux, imposer à une personne une place fixe au nom d'un ordre naturel (qui n'existe d'ailleurs pas) est une violation des droits de la personne.
- Pour les libéraux, la société s'organise spontanément à condition que les droits fondamentaux de chaque personne soient garantis par un état impartial, y compris par la force, l'état étant le seul dépositaire de la violence légitime. Les libéraux partent donc des droits de la personne, inaliénables et qui ne s'effacent jamais devant quoi que ce soit (y compris l'état), et proclament une égalité de droits pour parvenir à une société qui s'auto-régule en fonction des besoins et des intérêts de chacun.
- Le libéralisme professe que le rôle de l'état doit se cantonner aux actions qui lui permettent de protéger la liberté et d'assurer la sécurité des citoyens : sécurité intérieure (police, sécurité civile, justice), sécurité extérieure (armée, diplomatie). Il faut y ajouter l'éducation, condition du progrès social. Le reste des besoins des citoyens n'est pas du ressort de l'état, et doit faire l'objet d'une activité libre et indépendante.
Il me faudrait des pages et des pages pour développer ces thèmes. Tel n'est pas le but de ce billet, qui ne se propose que de rappeler les fondamentaux de "Ce que je crois" en matière politique.
Je tiens simplement à ajouter une fois de plus que le libéralisme n'est pas la "loi de la jungle" par laquelle beaucoup le caricaturent. Le libéralisme n'est pas ce royaume du "chacun pour soi" auquel les mêmes le réduisent. C'est une doctrine politique, une philosophie humaniste, qui met la personne au centre de l'organisation de la société, avec ses droits et ses devoirs, mais avec sa pleine liberté d'action non entravée par un état tentaculaire sensé tout organiser, tout régenter, tout réglementer, au mépris du citoyen et au moyen d'une pieuvre administrative aussi inefficace que vorace.
Le libéralisme n'est ni l'anarchie ni le règne du plus fort. C'est l'expression du respect de l'Homme. Et c'est l'affirmation naturelle de la Liberté, comme son nom l'indique...
Rien à ajouter ; il est toujours utile de rappeler ce qu'est le libéralisme, pour ne pas laisser ses adversaires faire croire qu'il s'agit de la liberté du renard dans le poulailler (qui est l'inverse du libéralisme).
RépondreSupprimerà bientôt