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lundi 4 juillet 2011

La culture du gratuit

Est-ce que c'est Internet qui a favorisé cet engouement ? D'aucuns le prétendent. La Toile est un formidable et immense lieu d'échanges où "les gens" ont pris l'habitude de trouver des informations en grande quantité, et gratuitement, des services à télécharger, et gratuitement, des logiciels "libres", et donc gratuitement, des musiques, dont certaines gratuitement, des extraits de films, toujours gratuitement, etc..., etc..., etc...

On y est tellement habitué que ça devient parfaitement naturel, et qu'il apparaît même totalement anormal à beaucoup de devoir payer pour télécharger de la musique, n'importe quelle musique, des films entiers, n'importe quel film, des logiciels informatiques, n'importe quel logiciel ! Au mépris du travail fourni par ceux qui ont écrit la musique, qui ont conçu les programmes, ou qui ont créé les films : auteurs, développeurs, compositeurs, arrangeurs, interprètes, scénaristes, réalisateurs, acteurs, éditeurs... Autant de personnes qui ont travaillé dur pour créer ces oeuvres, et qui ne seront pas rémunérées puisque le "consommateur" final refuse de payer.C'est proprement inadmissible, et le téléchargement pirate sur Internet est un acte non seulement illégal, mais immoral. Il s'agit tout bonnement d'un vol...

La loi voudrait combattre ce phénomène, mais comme à l'accoutumée, elle tape "à côté de la plaque". Hadopi, par exemple, est une loi liberticide qui ne résoudra pas le problème, et qui frappe là où il ne faudrait pas : ce n'est pas le père de famille souscripteur de l'accès à Internet qu'il faut frapper, mais bien son rejeton (quel que soit son âge) qui utilise cette connexion pour se rendre coupable de détournement d'oeuvres sur le Net. Et pourtant, non contente de prévoir des sanctions financières (totalement justifiées celles-là), la loi prévoit l'interruption pure et simple de l'accès à Internet, et ce faisant pénalise, non pas le coupable mais quelqu'un d'autre, qui de surcroît a toutes les chances de n'être même pas au courant du délit. C'est tout bonnement le principe de la personnalisation des peines qui est bafoué. Ca ne semble pas défriser outre mesure le législateur. C'est pourtant un déni de droit pur et simple...

Mais mon propos d'aujourd'hui n'est pas là, et je tiens que le mal est beaucoup plus profond encore.

Cette "culture du gratuit" est tellement entrée dans les moeurs que, loin de se limiter à Internet, elle gagne toutes les sphères de la société. Le commun des mortels trouve de plus en plus normal et naturel de bénéficier gratuitement de toutes sortes de services, et même de biens matériels, sans se soucier un instant de savoir qui paie en définitive.

Car en économie, le mot "gratuit" n'a aucune signification. Rien n'est réellement gratuit ! Il ya toujours quelqu'un, en dernier ressort, qui paie la facture...

Il est vrai que les autorités de cet Etat Providence socialiste et O combien laxiste dans lequel nous baignons ne sont pas les dernières à nous habituer à ce petit miracle qui consiste à distribuer à guichet ouvert des largesses soi-disant gracieuses et que nous payons en définitive très cher sans même pour certains, hélas, nous en rendre compte.

Un seul exemple : l'école laïque et obligatoire de Jules Ferry est "gratuite". Vraiment ? Elle absorbe le premier budget ministériel de la Nation.

Et tout notre modèle social "que le monde entier nous envie" (mais qu'aucun autre pays n'applique) est fondé sur le même principe : l'état donne généreusement des avantages, soutient non moins généreusement des initiatives diverses, subventionne à des hauteurs globalement pharaoniques des centaines d'associations, qui perçoivent des dizaines et des dizaines de millions d'euros prélevés sur les impôts de certains citoyens, ceux qui n'ont pas besoin d'elles, afin de distribuer leurs services à d'autres, qui en bénéficient "gratuitement".

C'est la logique de Robin des Bois, qui "volait les riches pour donner aux pauvres". Certains veulent nous faire admettre que c'est de la solidarité, en oubliant trop vite que la solidarité est une idée très belle et très noble qui consiste à aider de manière altruiste et parfaitement volontaire les nécessiteux, ou pour le moins ceux qui ont des moyens plus réduits que soi. Il ne s'agit en aucun cas d'un système mafieux qui consiste à prélever aux uns, et de force, une dîme qui sera ensuite dilapidée au gré du Prince, à destination de ses électeurs potentiels. Car c'est bien ça qui se passe dans nos belles démocraties sociales ! C'est bien l'appât du bulletin de vote qui pousse à arroser le petit peuple, le plus nombreux et donc le gros bataillon des électeurs. Ce n'est pas de la solidarité, c'est du social-clientélisme. Et ça coûte des centaines de millions d'euros. Des centaines de millions que l'état n'a pas, malgré le rapine que constitue la fiscalité débridée qui étouffe notre économie...

Faut-il être optimiste ? Il semblerait que les quelques citoyens un peu plus lucides que la moyenne et qui crient au loup depuis des décennies commencent à se faire entendre. Deux sondages assez récents tendent à le faire penser :

- Fin avril dernier, un sondage Ifop pour l'Observatoire de la fiscalité et des finances publiques faisait ressortir que "Huit Français sur dix veulent l’interdiction constitutionnelle des déficits publics".

- Fin mai dernier, un autre sondage du même Ifop, toujours pour l'Observatoire de la fiscalité et des finances publiques, indiquait que "7 Français sur 10 considèrent que les collectivités territoriales ne font pas les efforts nécessaires à la maîtrise de leurs dépenses et du niveau des impôts locaux".

Les personnes sondées avaient-elles conscience, en répondant dans ce sens aux questions posées, qu'elles condamnaient de facto le social-clientélisme dans je parle plus haut ? Avaient-elles conscience que les déficits publics sont en quasi totalité dus à la générosité coupable d'un état et de collectivités territoriales qui dépensent sans compter des fonds qu'ils n'ont pas, ce qui alimente à flots continus l'augmentation permanente de la fiscalité et celle de la dette publique ? Ont-ils conscience qu'inscrire dans la consitution l'équilibre budgétaire, c'est du même coup tirer un trait sur les largesses dispendieuses dont se rendent coupables les élus de ce pays ?

Un autre sondage encore (Ifop pour l'Observatoire de la fiscalité et des finances publiques là aussi), nous apprenait que "93% des Français sont contre le cumul des mandats" et que "62% estiment que notre pays compte trop d’élus". Ne serait-ce pas, en effet, traiter le mal à sa racine, que de scier la branche sur laquelle le social-clientélisme est assis ? Pour ma part, je suis de plus en plus partisan du mandat unique dans le temps. Un tel système éviterait par principe la tentation pour nos édiles de dépenser à tort et à travers dans le but de se faire réélire, puisqu'ils n'auraient plus le droit de se représenter devant leurs électeurs. J'hésite cependant encore à opter définitivitement pour une telle solution, dans la mesure où la possibilité d'une réélection peut être aussi l'un des moteurs du souci plus que souhaitable de satisfaire l'intérêt des citoyens...

En tout cas, il est maintenant de notoriété publique, même si certains clament leur naïve opposition à cette évidence, que la seule manière crédible et efficace de rétablir l'équilibre budgétaire, tout comme de réduire la dette globale du pays, consiste à couper drastiquement dans les dépenses publiques. Tout le monde sait que l'économie est rendue exsangue par les ponctions fiscales et sociales, et qu'il serait suicidaire autant que ridicule d'envisager une augmentation des prélèvements obligatoires, même si un parti politique, qui se dit pourtant sans sourire l'Alternative dans l'optique des élections de 2012, clame haut et fort son intention d'en rajouter une louche... Et couper dans les dépenses, c'est avant tout couper dans les largesses dites "sociales" que tout le monde paie cher. Et très cher !

Mais tout comme les Grecs, il y a fort à parier que les Français dans leur majorité accepteront très mal de voir l'état et les collectivités locales cesser de leur distribuer des subsides et autres avantages qu'ils croient gratuits (gratuits comme le sont à leurs yeux les MP3 et les clips vidéos qu'ils téléchargent illégalement sur l'Internet) et qui pourtant leur coûtent les yeux de la tête en impôts et en cotisations de toutes sortes.

Il faudrait leur faire lire (ou relire) Frédéric Bastiat. Il y a ce que l'on voit : ce qui est gratuit ou qui nous est distribué gracieusement. Et il y a ce qu'on ne voit pas : la part des prélèvements obligatoires qui en est la conséquence, et qui nous coûte bien plus cher encore...

La culture du gratuit a un prix, bien plus élevé que celui de ce qu'on ne paie pas sur l'instant. De même la culture de l'assistanat a un prix, bien plus élevé que l'effort qu'il est sensé nous éviter...

Sources des sondages :
- http://www.lecri.fr/2011/04/29/huit-francais-sur-dix-veulent-linterdiction-constitutionnelle-des-deficits-publics/23193
- http://www.lecri.fr/2011/05/31/sept-francais-sur-10-veulent-une-maitrise-des-depenses-locales/23608 
- http://www.lecri.fr/2011/07/01/93-des-francais-contre-le-cumul-des-mandats/24065