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Les Modernes y ont ajouté la Liberté
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Pascal Salin

Pascal Salin (né le 16 mai 1939 à Paris) est un philosophe et économiste français, professeur à l'université de Paris IX Dauphine, spécialiste de la finance publique et ancien président de la Société du Mont Pèlerin (organisation internationale composée d'économistes, d'intellectuels et d'hommes politiques réunis pour promouvoir le marché libre et la « société ouverte »).

D'inspiration libérale , son œuvre marche dans les traces de Frédéric Bastiat, Ludwig von Mises et Friedrich Hayek.

Voici quelques extraits d'une analyse de son livre "Libéralisme", paru en 2000. Cette analyse émane de Guido Hülsmann, économiste et professeur d'université, membre de l'Ecole Autrichienne d'économie.

"Le libéralisme moderne est à maints égards bien différent de la doctrine du XIXème siècle toujours enseignée dans les facultés de sciences politiques sous le nom de libéralisme. Il s'inspire principalement des travaux de quatre auteurs : les économistes Ludwig von Mises, F.A. von Hayek, Murray Rothbard et la philosophe et romancière Ayn Rand.

Ce n'est pas le moindre mérite de Pascal Salin que d'apporter une nouvelle synthèse des idées de ces auteurs. Mais le professeur de l'Université Paris Dauphine renoue aussi avec la tradition des économistes français du XIXème siècle, dont le représentant le plus important fut Frédéric Bastiat. Pour ces économistes, l'efficacité économique n'était qu'un aspect secondaire de la liberté. La vraie base de la liberté individuelle en société, vient des aspects profondément éthiques et humanistes de la trinité libérale : liberté individuelle, propriété privée et responsabilité. Mais Pascal Salin n'est pas un simple adepte de ces précurseurs libéraux : sa vue synthétique sur le libéralisme aussi bien que, par exemple, son exposition de la nature de l'entreprise et du rôle de l'entrepreneur, sont tout à fait originales.

Libéralisme et démocratie

Pascal Salin dénonce la confusion souvent entretenue entre libéralisme et démocratie en soulignant, à la manière de Wilhelm von Humboldt, la distinction fondamentale qui existe entre le problème de la sphère légitime de l'Etat et celui de la forme de l'Etat. Loin d'être garante de la liberté, la démocratie est particulièrement problématique en ce qu'elle diminue la vigilance des citoyens à l'égard de l'Etat. Elle " endort les défenseurs des droits. "

En démocratie " tous peuvent espérer accéder au pouvoir (directement ou par l'intermédiaire de leurs représentants) et réussir ainsi à obtenir des transferts en leur faveur. Au lieu de chercher à limiter le pouvoir, on cherche à s'en emparer. " Par conséquent, " si le sentiment de la spoliation pouvait conduire à la révolution, l'environnement institutionnel de la démocratie ne pousse pas les citoyens à la révolte révolutionnaire contre l'impôt. La démocratie endort les défenseurs des droits. "

L'entreprise

L'entrepreneur, nous explique Pascal Salin, découvre comment les projets apparemment disjoints et même contradictoires, d'une multitude d'individus peuvent être réconciliés dans une activité commune qui est à la fois productive et profitable. C'est l'entrepreneur qui met cette activité en place en créant des institutions appelées " entreprises ".

" Dans l'entreprise s'accomplit le même miracle que réalise tout échange : des hommes et des femmes dont les buts sont différents et même initialement incompatibles, se rencontrent et se mettent d'accord. Personne n'abdique ses propres buts dans l'entreprise. Les buts sont multiples, mais ils deviennent compatibles par l'accord contractuel entre des personnes libres qui s'approprient des ressources, fruits de leur activité. C'est pourquoi il est erroné de dire que le but de l'entreprise est le profit et de critiquer le capitalisme pour le prétendu caractère matérialiste de son activité, la prédominance qu'il donnerait à l'argent et à la recherche du profit au dépens de toute valeur humaine. […]

Il se trouve simplement que, grâce au contrat de travail qui est l'un des éléments constitutifs de l'entreprise, les objectifs (du salarié, NDLR) peuvent être rendus compatibles avec ceux du propriétaire de l'entreprise qui poursuit peut-être la maximisation de son profit [...] Mais ce sera le rôle spécifique de l'entrepreneur, en tant que titulaire des revenus résiduels, de concevoir tous ces contrats qui rendront compatibles les objectifs si variés de tous les partenaires. "

Il conclut : " C'est précisément parce qu'on a méconnu le caractère fondamentalement juste du fonctionnement de l'entreprise capitaliste que les économies centralisées ont échoué, à la fois sur le plan moral et sur le plan pratique. "

Les entreprises sont donc des formes d'intégration par excellence. Dans une société libre elles agiront côte à côte avec les associations qui, elles, n'ont pas d'objectif pécuniaire. Mais, les interventions diverses de l'Etat - en particulier la fiscalité - augmentent le poids relatif des associations au détriment des entreprises, et elles font des associations des branches de l'Etat :

" … l'interventionnisme étatique a suscité la création de pseudo-associations qui jouent un rôle tout à fait différent et contestable. Ainsi les excès de la fiscalité qui pèse sur le capital et sur les bénéfices ont souvent conduit à faire exercer par des associations des activités qui devraient normalement être assurées par des entreprises. Ceci est particulièrement vrai dans les domaines de l'éducation et de l'art. "

" L'idée courante selon laquelle les associations constitueraient des " pouvoirs compensateurs " est donc fausse dans les circonstances du monde d'aujourd'hui : loin de contrebalancer les pouvoirs de l'Etat, ces groupes les accroissent et s'en nourrissent, ils vivent en symbiose avec l'Etat. "

L'immigration

Sur le sujet de l'immigration qui à l'heure actuelle divise particulièrement les sociétés occidentales, Pascal Salin non seulement présente l'approche libérale de ce problème, mais il explique aussi qu'il existe un lien intime entre le racisme et son envers, l'anti-racisme militant.

" L'unique solution, conforme aux principes d'une société libre, consisterait évidemment à reconnaître la liberté d'immigration, à supprimer les encouragements indirects à l'immigration que provoque la " politique sociale " et à rendre aux individus la liberté de leurs sentiments et de leurs actes. "

" L'étatisation du territoire a … une double conséquence : non seulement elle crée une incitation à immigrer qui, sinon, n'existerait pas, mais cette incitation joue uniquement pour les moins productifs, ceux qui reçoivent plus qu'ils ne fournissent, alors qu'elle décourage les immigrants productifs, ceux qui paieraient plus d'impôts qu'ils ne recevraient en biens publics. Comme toute politique publique elle crée donc un effet-boomerang. En effet, elle fait naître des sentiments de frustration de la part de ceux qui supportent les transferts au profit des immigrés et elle est donc à l'origine de réactions de rejet : le racisme vient de ce que l'Etat impose aux citoyens non pas les étrangers qu'ils voudraient, mais ceux qui obtiennent arbitrairement le droit de vivre à leurs dépens. "

" Instaurer une totale liberté d'immigrer dans le contexte actuel ne serait évidemment pas viable ni désirable. Ceci reviendrait par exemple à attribuer à tout individu dans le monde le droit non pas de contracter avec des français, mais le droit de vivre à leurs dépens, ce qui n'est pas du tout la même chose. "

Quel rôle pour l'état ?

Pour Pascal Salin, ni l'immigration ni la protection de l'environnement ne sauraient justifier l'intervention de l'Etat. Il montre également qu'on n'a pas davantage besoin de l'Etat pour lutter contre le chômage, pour pratiquer une politique anti-cyclique, ou encore pour " sauver " le système monétaire etc.

Nulle part en effet on ne trouvera dans ce livre la moindre justification à l'existence de l'Etat. Pascal Salin ne se contente pas de souligner les capacités d'auto-régulation d'une société basée sur le respect de la propriété privée. Dans la tradition de Gutave de Molinari, d'Albert Nock et de Murray Rothbard, il ne voit tout simplement aucune raison à l'existence de l'Etat. L'Etat, écrit-il, n'a " aucune justification morale ni scientifique, mais … constitue le pur produit de l'émergence de la violence dans les sociétés humaines ". Loin d'être un élément constitutif de la vie en société, l'Etat est donc l'ennemi de la civilisation, et il doit être clairement reconnu en tant que tel :

" Pour un libéral authentique, c'est-à-dire non utilitariste, il n'y a pas de place pour l'Etat, puisqu' il représente l'émergence de la contrainte, c'est-à-dire la négation de la liberté. L'Etat est l'ennemi qu'il faut savoir nommer. Car il faut d'abord reconnaître ses ennemis avant de pouvoir les combattre. "

Une société sans règles est impossible. Mais quelle est la meilleure manière de produire les règles nécessaires aux fonctionnement de la société ? Est-ce qu'on ne trouve pas là la fonction fondamentale de l'Etat ? Salin rejette cette vision traditionnelle en embrassant le principe de base du libéralisme moderne :

" Nous avons donc la très ferme conviction que la production publique de règles sociales n'est pas nécessaire et qu'elle est même nuisible. Nous pensons qu'un marché sans règles publiques fonctionne mieux qu'un marché réglementé. Les exemples que nous avons étudiés dans le présent ouvrage, loin d'être exhaustifs, ont voulu en donner quelques illustrations. " [...] On ne connaît jamais à l'avance les meilleures solutions à un problème, il faut les découvrir lorsque les gens sont libres de décider. C'est pourquoi nous devons, sans aucune réticence, manifester notre opposition aux monopoles publics, nous devons savoir et proclamer que l'Etat est notre ennemi et nous ne devons pas hésiter à répéter sans relâche que l'Etat n'est pas un bon producteur de règles. "

Conclusion

A la fin de son livre Pascal Salin nous rappelle que, pour créer une société libre, il faut surtout avoir le courage de se plonger dans la bataille intellectuelle contre un environnement imprégné d'étatisme :

" On ne peut pas vouloir une chose et son contraire, on ne peut pas proclamer la liberté et accepter l'esclavage. Rechercher une troisième voie mythique entre le collectivisme et l'individualisme, se prétendre tolérant parce qu'on admet des compromis, ce n'est pas seulement un manque de lucidité, c'est un véritable trahison. Il faut du courage pour être libre, mais il faut aussi du courage pour être libéral dans ce monde de fausses valeurs, d'alibis douteux, de compromis idéologiques, de mimétisme intellectuel et de démagogie politicienne où l'humanisme libéral est ignoré, déformé, caricaturé jusqu'à la haine. "

Autres citations de Pascal Salin :

« L'Etat n'a aucune justification morale ni scientifique, mais (...) constitue le pur produit de l'émergence de la violence dans les sociétés humaines. »

« La théorie keynésienne représente une aberration dans l'histoire des idées économiques. Elle repose en effet sur une approche directement en termes collectifs (par définition de variables macroéconomiques) en ignorant le caractère rationnel et volontaire de l'action humaine. »

« Les libéraux ne sont pas concernés par le marché, ils sont concernés par les droits, ce qui n'est pas du tout la même chose. »

« L'argent public finit toujours dans des poches privées. »

"L'expérience montre qu'une politique de relance budgétaire, financée par des déficits, s'avère au mieux un jeu à somme nulle et, le plus souvent, à somme négative"

"Prélevé en fonction d'une norme décidée par les détenteurs du pouvoir étatique, sans respect de la personnalité de chacun, l'impôt pénalise la prise de risque et est foncièrement esclavagiste, allant à l'encontre de son but recherché, bafouant les droits fondamentaux de l'être humain et la propriété de l'individu."