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lundi 28 février 2011

Alain Finkielkraut et Marine Le Pen

Hier sur France 5, l'émission pas toujours excellente "C Polique" avait pour invité l'excellent Alain Finkielkraut, qui a pu répondre à peu près tranquillement, une fois n'est pas coutume, à un Nicolas Demorand plus respectueux qu'à son habitude de la liberté de parole de son interlocuteur...
Et ce matin sur France 2, "Les 4 Vérités" recevaient Marine Le Pen, sous le feu des questions d'un Roland Sicard qui, lui aussi, l'a laissée complaisamment exposer des points de vue que, semble-t-il, il souhaitait entendre...

Au-delà des comportements quelque peu inhabituels des deux journalistes, comportements qui ne sont pas l'objet de mon propos d'aujourd'hui, j'ai trouvé fort intéressant de croiser les deux interventions, d'autant que le philosophe a fait largement allusion à la présidente du FN.

Le sujet de C Politique était les bouleversements actuels dans le monde arabo-musulman. Si ç'avait été le seul aspect de la prestation d'Alain Finkielkraut, je ne me m'en serais sans doute pas fait l'écho ici, ayant suffisamment, je crois, évoqué le sujet dans mon dernier billet. Mais le philosophe ne s'est pas contenté d'évoquer les troubles actuels, et s'est assez longuement étendu sur le sujet connexe de l'immigration dans notre pays, et particulièrement de l'immigration maghrébine.

Il m'a semblé opportun de m'en faire l'écho, et de dire ce que je pense de ses prises de position, dans l'optique des évènements actuels bien sûr, mais également du débat annoncé par Nicolas Sarkozy sur l'islam en France, et sur les problèmes qu'il engendre.

Je note d'abord, pour m'en réjouir, que le philosophe, je ne dirai pas avec outrecuidence "est d'accord avec moi", mais simplement se pose la même question que moi, et évoque les mêmes hypothèses que moi, quant à la suite que l'histoire donnera aux soulèvements populaires dans le Maghreb et au Moyen Orient. Notamment a-t-il évoqué clairement le risque d'une islamisation radicale, notamment en Egypte avec Les Frères Musulmans, bien plus qu'une soif de démocratie à laquelle, manifestement, il ne croit pas beaucoup plus que moi. Mais j'arrête là de commenter ses propos sur les évènements actuels, et j'en viens à ce qu'il a dit de leurs conséquences prévisibles pour la France et l'Europe, à savoir d'une vague migratoire énorme dont il faut souhaiter (mais peut-on raisonnablement l'espérer ?) que nous serons capables de la gérer.

C'est que, justement, cette vague migratoire prévisible va venir s'ajouter à la présence déjà nombreuse de Musulmans sur notre territoire, et va donc mécaniquement accentuer encore les problèmes existants, problèmes dont il serait d'autant plus urgent de les regarder en face, plutôt que de détourner pudiquement (et hypocritement) les yeux comme le fait la bienpensence omniprésente et régnante...

Que dit Finkielkraut sur le sujet ? Voici un florilège de ses prises de position.

Premier point, qui n'a peut-être pour certains pas grand rapport avec le sujet, mais qui pourtant est en plein dedans, une critique acerbe de ce qu'il appelle le relativisme culturel à l'école. Un relativisme culturel dont il attribue avec une certaine justesse la paternité à la gauche politique (gauche politique dont il est lui-même issu), et qui consiste, pour ne pas "choquer" certaines "sensibilités", et on comprend tous de quelles "sensibilités" il s'agit, à ne pas aborder en cours certains sujets, dont pêle-mêle : les croisades, les droits de l'homme, l'égalité homme-femme, l'élevage du porc en Bretagne, la Shoah, j'en passe, et des meilleures... Mais aussi à faire manger de la viande hallal dans les cantines scolaires, à séparer les filles et les garçons dans les piscines, à ne faire examiner les filles que par des infirmières femmes, etc...

Ensuite, il nous ouvre les yeux (mais le voudra-t-on ?) sur la crise généralisée de l'intégration dans toute l'Europe, en France mais aussi en Angleterre, aux Pays Bas, en Allemagne. "Parce qu'une immigration familiale a succédé à une immigration de travail", à cause "d'une hostilité grandissante d'immigrés et d'enfants d'immigrés à l'égard de la culture d'accueil", "d'une espèce de séparatisme pratiqué par les populations autochtones qui quittent les quartiers, qui quittent les banlieues en raison de la violence et de l'insécurité", autant de raisons pour les gouvernements "de maîtriser les flux migratoires". Et d'ailleurs "on ne peut pas à la fois", dit-il avec bon sens, "soutenir ces révolutions et s'enthousiasmer de l'émigration". Ces pays "ont besoin de leurs jeunes, et de leurs meilleurs jeunes [...] pour construire leur liberté"...

Sur Marine Le Pen, à laquelle un reportage de l'émission était consacré, Alain Finkielkraut a une position admirable de clairvoyance, position que je partage à 100 %. "Elle est et restera", dit-il, "le troisième homme de l'élection présidentielle", "elle va marginaliser les candidatures centristes, et peut-être aussi la candidature écologique", "ça se jouera à trois", et "c'est très grave parce que si d'autres ont rompu explicitement avec le fascisme [...] Marine Le Pen a dit récemment qu'elle assumait la totalité de l'héritage du Front National. Voilà pourquoi elle doit être combattue durement". "Elle voit ce que nous voyons, et surtout on lui abandonne le peuple et une partie du peuple". "Il y a toute une frange de la population [...] dont la majorité des journalistes et des hommes politiques se désintéressent, comme si la France était composée simplement de bobos [...] et de jeunes de banlieue. Non, il y aussi ces gens qui souffrent et [...] qui ne brûlent rien. Et tout d'un coup, Marine Le Pen prend en compte leurs souffrances", "C'est très grave, et je souffre infiniment du fait que Marine Le Pen soit seule à le dire". Entre autres, "la défense de la laïcité s'impose. Il ne faudrait pas la lui abandonner".

Le débat sur l'islam en France : "Non, assez de débats ! Des initiatives ! Des mesures ! Et ne croyez pas, par exemple, que Marine Le Pen ait tiré bénéfice du débat sur l'identité nationale ! Elle a tiré bénéfice de la diabolisation de ce débat !". "Il y a en France une véritable crise identitaire. Nous sommes dans un pays où l'accusation de sale Français [...] fait florès. Beaucoup de Français le ressentent, et tout d'un coup on leur dit que l'identité nationale est en tant que telle malfamée [...] que l'identité française doit consister simplement à s'ouvrir à d'autres identités. [...] L'identité serait (parait-il) un concept d'extrême-droite..."

Encore autre chose : "Si vous êtes quelque chose, vous excluez quelqu'un. [...] Ne soyons plus rien de substantiel, et ouvrons-nous à tous. [...] Voilà une idéologie en vogue, et elle fait évidemment le jeu du FN. Il ne faut pas que l'identité française trouve refuge au FN".

Question : "Y a-t-il en France un problème entre l'islam et la laïcité ?"
Réponses : "Il y a un problème en Europe : en Angletere, aux Pays Bas, en Allemagne et en France. D'où la dénonciation simultanée du multiculturalisme. [...] Il y a en effet aujourd'hui de véritables difficultés d'intégration [...] qui doivent nous conduire à fixer clairement les règles du jeu". "La France n'est pas un pays catholique, mais elle a été un pays catholique. Et cette réalité doit s'imposer à tous les nouveaux arrivants". "Il y a un problème, me dites-vous ? Il y a en effet un problème quand l'origine n'a droit de cité que lorsqu'elle est étrangère, que toutes les marques identitaires sont les bienvenues, sauf quand il s'agit de l'identité nationale". "La France n'est pas une auberge espagnole, et ne doit l'être pour personne". "Si vous avez (dans un quartier, note de votre serviteur) 70% des jeunes qui sont d'origine subsaharienne ou maghrébine, l'intégration ne peut pas se faire". "Il est clair que les autochtones s'en vont; [...] pas parce qu'ils sont racistes; ils s'en vont en raison de la violence et de l'insécurité". "Ce déni de réalité qui sévit aujourd'hui est absolument catastrophique".

Quand j'entends de tels propos, venant d'un philosophe de la "pointure" d'Alain Finkielkraut, je ne peux que souscrire et me réjouir de ce que nous ne soyons pas seulement, comme on voudrait trop souvent nous le faire accroire, une poignée à penser de la sorte, dans notre petit coin... Je n'ai rien à ajouter ni à retrancher. Je persiste (parce que je l'ai déjà dit) et je signe.

Hasard de la programmation ou pas, c'était justement Marine Le Pen qui était ce matin l'invitée des "4 vérités" sur France 2. Le thème de sa présence dans les studios était le remaniement ministériel d'hier, mais c'est évidemment la résonnance de ses propos avec l'émission de France 5 qui m'a intéressé au premier chef.

Extraits :

"Les risques des flux migratoires, en provenance du Maghreb, [...] c'est LE sujet de préoccupation actuel des dirigeants des pays européens. Et le Président (dans son allocution d'hier, note de votre serviteur) ne fait que l'effleurer."

"La seule chose que propose l'Union Européenne, c'est de se partager les migrants qui arriveraient. Nous ne le pouvons pas. La responsabilité des dirigeants français, c'est de préserver la France de toute nouvelle immigration, au moment où celle-ci [...] n'a fait qu'augmenter". "Je sais qu'il est plus facile de dire que nous allons les accueillir, mais [...] nous n'arrivons même pas à donner à nos propres enfants une éducation digne de ce nom dans des écoles dignes de ce nom; nous n'arrivons même pas à soigner correctement nos propres compatriotes; nous n'arrivons même pas à les loger; et on va continuer à admettre l'idée que nous allons accueillir toute la misère du monde ? Ce n'est pas possible, et je crois que le courage c'est de le dire; le courage c'est de mettre en place un processus visant à, effectivement, préserver les intérêts de la France et des Français face à ces flux migratoires dont nous ne connaissons pas encore l'importance."

Voilà la petite partie de l'interview qui a retenu mon attention. Pour le reste, et comme à l'accoutumée, Marine Le Pen s'est répandue en contre-vérités et autres idioties, notamment sur "l'ultra libéralisme" dont elle taxe aussi bien Nicolas Sarkozy que Dominique Strauss-Kahn. Heureusement, elle n'a pas eu l'occasion d'aborder les questions économiques, ce qui lui a évité de se ridiculiser une fois de plus face à quiconque possède quelques notions en la matière...

Ceci pour dire que je ne prends pas les propos de Marine Le Pen comme paroles d'évangile, et loin s'en faut. Je suis de ceux qui sont convaincus que les thèses du Front National, pour l'essentiel, sont particulèrement nuisibles, et que sa présidente est d'autant plus dangereuse qu'elle a réussi à presque se débarrasser de l'image sulfureuse de son père.

Mais sur les questions de l'immigration, de l'identité nationale et de la laïcité, elle dit ce que la plupart des citoyens de ce pays ressentent, et elle est dans le paysage politique à peu près la seule à tenir un langage cohérent.

C'est en celà qu'Alain Finkielkraut a très certainement raison de dire que "si ça continue, oui, Marine Le Pen risque fort, non seulement d'être le troisième homme, mais un jour ou l'autre d'arriver au pouvoir".

Qu'à Dieu ne plaise. Cependant personne d'autre dans la sphère politique, à droite comme à gauche, ne semble avoir pris la mesure du danger, ni ne semble avoir une vue cohérente de ce que nous préparent nos errements soi-disant humanistes et tout simplement suicidaires.

jeudi 24 février 2011

Faudra-t-il détruire Carthage ?

Le monde arabo-musulman bouge ! C'est le moins qu'on puisse dire.

Les premiers mouvements de foule ont eu lieu en Tunisie, où le président Ben Ali a été poussé à la démission et à l'exil en quelques jours seulement. L'Egypte a suivi, avec le départ forcé lui-aussi du Président Moubarak. Au total, des troubles ont lieu dans une dizaine de pays du Magrheb et du Moyen Orient, comme le Yemen, l'Algérie, le Maroc ou même l'Arabie Saoudite.

Personne ne s'attendait à cela, et ils ont belle allure ceux qui reprochent aujourd'hui à nos dirigeants occidentaux, et français en particulier, de n'avoir rien vu venir. Ils ont belle allure après-coup, comme c'est à chaque fois beaucoup plus facile, nos socialistes par exemple qui reprochent vertement à la diplomatie française d'avoir été trop "molle", alors qu'ils n'ont bougé eux-mêmes que trois jours après l'exil de Ben Ali, en excluant son parti de l'Internationale Socialiste ! Mais passons, il ne s'agit là que de rhétorique politicienne, et d'opportunisme de bon aloi dans le concert de politique intérieure, plus que d'une quelconque conscience diplomatique.

En marge des blablas et des récupérations politiciennes, seules deux séries de questions sont pertinentes : les causes, pour tenter si c'est possible de prévenir une extension des troubles et ses conséquences macro-économiques (cette région du globe recèle plus de la moitié des réserves mondiales de pétrole), et les conséquences en terme de bouleversements politiques à venir.

Au chapitre des causes, on entend à l'envi nos amis journaleux de tous bords s'enchanter de ce que les peuples des pays musulmans auraient une soif inextinguible de liberté, et que leurs révolutions auraient pour but d'obtenir l'abolition des régimes dictatoriaux en place et leur remplacement par des système démocratiques. Alléluia !...

La réalité est plus prosaïque à mon sens, et les motivations des peuples arabes sont de nature à moins bien augurer de la suite des évènements.

Les régimes politiques de ces pays sont pour la plupart, en effet, des dictatures qui, vues d'ici, nous apparaissent volontiers comme haïssables, même si par commodité l'Occident tout entier s'en est lâchement accomodé pendant des décennies. Nos intérêts géostratégiques et économiques (pétrole oblige) nous ont poussés à accepter sans sourciller de traiter avec des monarchies ou des dictatures (civiles ou religieuses) directement issues de la décolonisation et de la manière dont nous avons mené celle-ci. Je prétends que l'Occident est au moins en partie responsable de l'instauration des régimes politiques en place dans cette région du monde, régimes contre lesquels nous n'avons jamais lutté de peur de voir nos propres intérêts mis en danger. C'est ce qu'on peut appeler de la "real politique". C'est surtout de la lâcheté, mais il est un peu tard pour le dire...

Mais la démocratie s'accomode mal de l'islam en tant que culture civilisationnelle, et je crois sincèrement que les Musulmans, eu égard au Coran et la Loi Divine qu'il prêche (la Charia), ne sont pas prêts spontanément et naturellement à se battre pour cette démocratie que nous-autres Occidentaux avons élevé au rang de principe incontournable. Ce n'est donc à mon avis nullement pour obtenir plus de démocratie, ni même peut-être plus de liberté, qu'ils sont descendus dans la rue.

La véritable raison, en tout cas l'élément déclencheur, c'est bien plutôt selon moi les conditions matérielles et économiques qui se sont détériorées de manière importante dans les deux dernières années, essentiellement en ce qui concerne le prix des denrées alimentaires. Et dans des pays où l'or noir devrait logiquement assurer la prospérité, les populations supportent d'autant moins leurs conditions économiques pitoyables. Ensuite, le fait d'être dans un pays totalitaire où le dirigeant est, lui, richissime, augmente encore la motivation de révolte. Ce fut d'abord le cas en Tunisie, et le reste de la région s'embrase maintenant par "contagion".

Même le Maroc et l'Arabie Saoudite, dont j'ai cru un moment qu'ils seraient à l'abri pour des raisons religieuses (l'Arabie est toute entière une mosquée, et le roi du Maroc a le titre de Commandeur des Croyants), sont touchés par des troubles qui, de mon avis, ont vocation à croître et empirer au rythme des autres pays musulmans.

Maintenant qu'un tel incendie a démarré, à l'échelle de toute la Méditerrannée du Sud, il n'est pas sur Terre de pompier suffisamment puissant et suffisamment outillé pour y mettre fin.

A ce stade, je veux dire ce que je pense de ce qui se passe aujourd'hui en Libye. Non content d'avoir été durant des décennies un dictateur implacable avec des conséquences insupportables pour son peuple, Kadhafi se comporte aujourd'hui comme un fou sanguinaire.

"On ne peut pas diriger un pays en laissant tout faire", ai-je entendu dire. Qu'il fasse la police pour stopper les exactions des manifestants serait une chose. Qu'il réprime la révolte (et pas seulement les crimes et les saccages) à l'arme lourde, en tuant des centaines (peut-être des milliers) de citoyens, en est une autre. Il est inacceptable de massacrer les citoyens dans le seul but de se maintenir au pouvoir. Et c'est ce que fait Kadhafi... Il me parait indispensable, pour sa simple crédibilité, que cette "communauté internationale" dont on se gargarise à l'envi prenne enfin les mesures de rétorsion concrètes qui s'impose. Une interdiction de l'espace aérien libyen par exemple, contrôlée militairement par l'ONU, interdirait au moins au maître de Tripoli des tirs aériens sur sa population. Et d'autre part, on a institué ailleurs et en d'autres temps des embargos pour moins que ça. Qu'attend-on ?...

J'en arrive aux conséquences probables de ces émeutes.

Il y a trois scénarios possibles, et ceci dans chacun des états concernés.

- Soit l'instauration d'un régime démocratique. Solution la plus souhaitable évidemment, c'est aussi selon moi la moins crédible. Comme je l'ai dit plus haut, la religion musulmane, et surtout le modèle socio-politique découlant de la loi coranique, s'accomode mal des libertés individuelles.

- Soit le maintien d'un système dictatorial, différent du précédent mais tout aussi autoritaire. Hypothèse malheureusement crédible compte tenu de l'intérêt économique monstrueux que représente la mâne pétrolière, et la difficulté évidente de trouver dans la population les compétences susceptibles de la gérer démocratiquement et équitablement.

- Soit enfin l'instauration d'un pouvoir religieux. J'ai lu à plusieurs reprises que certains redoutaient un scénario à l'iranienne. L'histoire ne se répète jamais. Gageons que l'hypothèse d'une telle éventualité ne laisserait pas d'être pire encore qu'à Téhéran. Les ayatollahs sauront ne pas refaire les mêmes erreurs, et museler plus efficacement encore toute velléité de sursaut du peuple...

C'est le scénario le plus noir mais à mes yeux le plus à redouter, car malheureusement le plus crédible compte tenu de la culture et de la civilisation dans cette région du monde. Tout comme le christianisme jusque dans le haut Moyen Age, l'islam ne s'est pas encore affranchie des préceptes les plus obscurantistes de son livre sacré, et ses adeptes sont des proies aussi faciles pour les intégristes musulmans que l'étaient les Chrétiens pour les inquisiteurs d'alors.

Je ne suis pas le seul à le redouter.

Si tel est le cas, et si mes craintes s'avèrent, le monde aura fait un saut monstrueux en arrière, et il se trouvera sans doute alors quelqu'un pour s'écrier Delenda Carthago. Qu'à Dieu ne plaise, mais c'est plus que probable...

Dans tous les cas de figure, une chose est certaine : l'Europe va être inéluctablement le théâtre d'une immigration sauvage, licite ou illicite, due au fait qu'avant toute stabilisation politique de leurs pays, ces hommes et ces femmes fuiront à n'en pas douter à la fois leurs conditions de vie et les troubles qui s'y développent, en direction de ce qui leur apparait comme un El Dorado, même si nous savons bien, nous-autres, qu'il n'en est rien et que nous ne pouvons pas les accueillir.

Il est donc indispensable de s'y préparer, et d'ores et déjà de prévoir les moyens de leur reconduite à domicile. Mais en aurons-nous la volonté politique, ou bien une fois de plus accepterons-nous une colonisation que nous ne n'avons jamais été capables d'endiguer ? Je n'ose pas faire de prophétie en la matière, mais je suis bien pessimiste...

mercredi 9 février 2011

Le choeur des vierges effarouchées.

"Il n'y a que la vérité qui blesse". C'est l'adage enfantin (et donc évident de sagesse) que ne veulent plus entendre aujourd'hui ni ceux qui se sentent morveux et qui n'en finissent pas de se moucher, ni ceux qui s'indignent sincèrement de ce qu'ils prennent pour un affront, sans même s'apercevoir que le ressentir comme tel est déjà un aveu en soi...

Car quel est le noeud du problème ? Un haut dirigeant de l'exécutif (il faut parler ainsi, puisque le respect dû à la fonction de Président de République n'a désormais plus aucun cours, et que ledit Président n'est plus à ce jour ressenti que comme le chef du clan majoritaire, tout comme dans la plus banale des républiques bananières), un chef de l'exécutif, donc, a fait une réflexion publique sur le fonctionnement de l'institution judiciaire, ce qui déplait souverainement à ses membres, lesquels entendent le faire savoir avec force fracas...

Pour étayer leur couroux, ces Messieurs du Siège comme leurs homologues du Parquet, tous unis dans une réaction corporatiste univoque, s'effarouchent de ce qu'ils disent ressentir comme une atteinte à leur indépendance garantie par la Constitution. Rien que ça !

Dire que la justice de ce pays a dysfonctionné serait par nature attenter à la séparation des pouvoirs. Critiquer le fait qu'un multirécidiviste élargi avant la fin de sa peine, soit ainsi mis en situation par une coupable erreur de commettre un meurtre barbare sur la personne d'une jeune fille innocente dans des contitions qu'on accepterait difficilement de la part d'une bête sauvage, serait donc un crime de lèse-majesté à l'encontre d'une caste intouchable es-qualité !

Quelle est cette conception de la démocratie dans laquelle il serait interdit à quiconque, fût-ce le Président de la République lui-même, de porter un jugement sur le fonctionnement d'une administration ? Car, n'en déplaise à ces Vierges Effarouchées qui se croient au-dessus des lois qu'ils ont pourtant pour mission d'appliquer, l'institution judiciaire est une administration comme une autre, moins au service d'elle-même qu'au service des citoyens qui la financent, et surtout nullement à l'abri de tout contrôle. Indépendance ne signifie pas impunité, et si la séparation des pouvoirs est un pilier essentiel de la démocratie, elle ne dédouanne les juges, ni d'une obligation de résultat, ni de sanctions disciplinaires, voire pénales, en cas de manquement à cette obligation.

Dans l'affaire qui nous occupe, le Président n'a fait que se mettre du côté de la victime et de ses proches, et exprimer ce que ressentent la majorité des Français devant la recrudescence alarmante de crimes commis par des repris de justice élargis avant la fin de leur peine, quelquefois même contre l'avis des experts. Il est déjà peu admissible que les services de police ne parviennent que petitement à assurer la sécurité des citoyens. Il l'est encore bien davantage que les criminels arrêtés, jugés et condamnés, se retrouvent en situation de récidiver à la suite de remises de peines inconsidérées prononcées par des magistrats routiniers et inconséquents. L'opinion publique le comprend de moins en moins, et il est heureux que certains responsables politiques s'en émeuvent enfin, même si, il faut en être conscient, cette émotion est plus dictée par un souci électoraliste que par la réelle volonté politique de remédier à de telles situations...

Il est tout à fait évident, pour tout le monde sauf pour semble-t-il l'institution judiciaire, que jamais la pauvre Laetitia n'aurait dû se trouver en contact avec son agresseur, lequel aurait dû être encore sous les verrous, comme l'avait décidé un jury d'Assises au nom du peuple français. Au nom du peuple français, une cour d'assises avait envoyé en prison un coupable. Un juge d'application des peines, revêtu de l'autorité souveraine que lui confèrent ses fonctions, et selon lui sans contrôle d'aucune sorte, a décidé de rendre partiellement caduque le jugement et d'écourter la peine prononcée. Le criminel ainsi libéré a tué et démembré une pauvre jeune fille innocente. Et voilà qu'on nous assène l'implacable jugement selon lequel il faudrait se taire, accepter l'inacceptable, et ne pas même critiquer le juge qui s'est rendu coupable (j'emploie le mot à dessein) de permettre ce nouveau crime !

Certes, je suis de ceux qui considèrent que le système d'application des peines est beaucoup trop souple, et que notamment les remises de peine quasi automatiques sont un non-sens. Mais elles sont soumises, ces remises de peines, à l'appréciation du Juge, ce qui rend ce dernier totalement responsable de leur prononcé...

NON, messieurs les magistrats, ne jouez pas les vierges effarouchées ! Effarouchés, vous l'êtes, certes ! Car on ose remettre en cause votre impunité et critiquer votre inconséquence. Mais vierges, vous ne l'êtes en aucune façon ! Ni vierges de tout soupçon, ni vierges de tout laxisme, ni surtout vierges de toute faute (là aussi, j'utilise ce mot à dessein).

Qu'on ne fasse pas de vous, certes, de faciles boucs émissaires. Mais qu'on n'hésite pas à vous mettre en cause quand vous êtes criticables. Et ici, vous l'êtes ! Que vous l'admettiez ou non ! Alors, de grâce, ne nous prenez pas pour des imbéciles, et souffrez que les victimes de vos inconséquences vous fassent les reproches que vous méritez ! Et n'interdisez pas (de quel droit ?) à l'Exécutif, qui a en charge la sécurité des citoyens, de critiquer le Judiciaire quand le Judicaire n'applique plus scrupuleusement la Loi. Ce n'est pas violer le principe de séparation des pouvoirs que de le faire. Personne ne prendra de décision judiciaire à votre place, personne ne vous ordonnera aucune de vos prises de décision, mais tout le monde a le droit de dire que ces décisions sont criticables, voire quelquefois inadmissibles. Rappelons-nous aussi Outreau...

Le choeur antique que vous entonnez à l'unisson n'y changera rien. Plus vous vous révolterez contre le jugement de vos concitoyens, et plus vos concitoyens seront confortés dans l'idée qu'ils ont raison de vous critiquer...

"Qui se sent morveux, qu'il se mouche", disait Petitjean !