Les Anciens avaient inventé la Démocratie
Les Modernes y ont ajouté la Liberté
Nous sommes responsables des deux...

Affirmons nos libertés !

jeudi 5 novembre 2009

L'identité nationale Française

Je voudrais, une fois n'est pas coutume, provoquer un débat partisan !

Oui, vous avez bien lu : j'en appelle à tous ceux dont le poil se hérisse à la seule évocation du parti majoritaire, encore plus à celle du nom d'un minsitre "d'ouverture", et qui se croient obligés de parler de traîtrise à son sujet, ou encore à celle d'un projet qui se veut d'inspiration libérale, sans même examiner ce projet, le libéralisme étant pour eux par définition l'incarnation du mal en politique . Et qui, d'ailleurs, traitent improprement de libéral tout ce qui n'est pas "de gauche".
J'en appelle également, ça va de soi, à tous ceux qui pensent "à droite" et qui se croient obligés d'affubler de tous les maux, y compris en maniant la calomnie, tous ceux qui pensent que la social-démocratie n'est pas elle non plus synonyme de fin du monde.

Oui, j'en appelle en résumé à tous ceux qui manquent totalement de sens critique, qu'ils aient voté Sarko ou qu'ils aient voté Ségo en 2007, qu'ils continuent de soutenir le repenti de la rupture ou qu'ils tapent sans compter sur la prêtresse de la fraternitude.

A ce stade, je subis sans doute les critiques acerbes de mes amis LHC, beau sigle dont le C magnifie, justement, ce sens critique qui fait défaut à tous ceux dont je bats le rappel.

C'est que, à tous ceux-là, j'ai une question à poser. Et j'espère bien ne pas être déçu par leur réponse. Je dois dire que j'en ai déjà lu quelques éléments, de réponse, ici,  ou encore . Ou plutôt de non-réponses : de leurs esquives et de leur manière d'exprimer si clairement ce partisiannisme et ce parti-pris qui les caractérise.

Ma question est la suivante : "C'est quoi, être français ?"

Aïe ! Ca y est ! J'ai osé ! Cette question, ce n'est pourtant pas une énormité ! Ce serait à bon droit un sujet du bac philo ! Ce devrait même être un thème de débat entre gens intelligents ! Seulement, voilà ! Elle concerne directement un des thèmes de campagne de Nicolas Sarkozy, l'identité nationale, et pire encore elle est un des chevaux de bataille du Front National. Chacun des deux, évidemment, a des sous-entendus et des a-priori différents sur le sujet, mais qui va aussi loin dans l'analyse ? Qui, de nos jours, à part quelques érudits aux discours fumeux (vous savez : ces discours qui prennent la tête !), qui donc se livre à une quelconque analyse avant de réagir ?

Et faute d'analyse logique au niveau du néo-cortex, le cerveau reptilien prend le dessus et fait une démarche intellectuelle que l'on dirait "analyse instinctive" si l'association de ces deux mots n'était pas un non-sens, une démarche qu'aucun analyste, justement, ne qualifierait "d'analyse" : le cerveau reptilien, lui, se contente d'associations d'idées. Et ça donne tout le contraire d'un raisonnement logique.

Ca donne à peu près ceci :
- attendu que le Front National combat l'idée de toute espèce d'immigration et fait des origines françaises dites "de souche" une condition sine qua non de la légitimité à vivre dans ce pays;
- attendu que les scélérats de Vichy dans les années 40, qui se nommaient eux-mêmes, rappelons-le, "l'Etat Français", usaient des mêmes préjugés à l'égard des Juifs et de quelques autres;
- attendu que le gouvernement actuel provoque un débat sur le même thème;
- attendu que le Président lui-même se permet de parler de "la terrre de France", une expression utilisée naguère par l'extrême-droite également;
- il apparaît ainsi clairement que le gouvernement actuel, le Président, et son ministre félon, sont de dangereux extrêmistes xénophobes et racistes, qui tentent d'utiliser la nationalité française comme un outil polémique destiné à ratisser les voix de l'extrême-droite aux prochaines élections régionales.

Alors, moi, devant une telle hérésie intellectuelle, j'ai envie de leur proposer un débat un peu plus intelligent, si c'est possible. Alors, moi, je reprends à mon compte la même question : "Qu'est ce que ça veut dire, être français ?". Et je vais essayer de donner, dans un premier temps, ma propre réponse à la question. Et je vais sans doute recevoir des satisfecits. Et je vais sans doute recevoir des dénégations. Jusque là, rien d'anormal : je l'ai, moi, l'esprit critique !

Mais je vais sans doute recevoir aussi des insultes. Et c'est là que j'attends les sectaires et les doctrinaux de tous poils. Je les mets au défit de me contredire avec des arguments philosophiques, et pas seulement avec des phrases toutes faites puisées dans leur rhétorique partisane habituelle.

Oui, messieurs les bien-pensants de gauche, du centre ou d'ailleurs, qui combattez par principe et sans réfléchir ceux que vous taxez, le plus souvent à tort, de libéraux, contredisez-moi, pour une fois, sans langue de bois et avec de vrais arguments.

Tout d'abord, il faut évacuer une ambigüité : ce débat concerne la problèmatique de la nationalité française, pas celle de l'immigration. La question de l'appartenance, ou non, à la nation française se pose évidemment pour ce qui des immigrés, mais pas seulement. Il n'est pas besoin d'arriver d'une autre planète d'un autre pays pour ne pas être automatiquement et totalement digne d'être français. Je sais, je lance encore un pavé dans la marre, mais pour appartenir à la nation française, il faut en effet, selon moi, en être digne. Et si on peut parfaitement en être digne quand on vient d'ailleurs, on peut non moins parfaitement ne pas l'être quand on vient d'ici.

Appartenir à la nation française, c'est évidemment, condition sine qua non, être de nationalité française. Mais j'oserais dire que c'est presque là  un point de détail. Avoir légalement la nationalité est un état de fait administratif et rien d'autre. Ce n'est en aucun cas une condition suffisante.

La France est un pays qui a une longue histoire et une culture qui l'ancrent solidement dans la civilisation judéo-chrétienne occidentale. Les Français ont des coutumes, des traits particuliers, que cet ancrage historique et culturel leur a apportés, et qui donnent à ce peuple une "couleur" comportementale et des traditions bien spécifiques.

Nous ne sommes pas les seuls dans ce cas, bien au contraire, et beaucoup d'autres grands peuples, d'Orient notamment, ont également une longue histoire qui leur apporte leurs propres spécificités, qui ne sont pas moins respectables que les nôtres. Mais c'est justement le respect de ces spécificités culturelles qui font que l'on appartient à telle ou telle civilisation, à telle ou telle culture, à telle ou telle nation.

Appartenir à la nation française, c'est d'abord et avant tout se sentir français, aimer être français, adhérer au mode de vie et aux moeurs des français, les respecter. C'est respecter les lois de la République Française, et c'est se comporter en citoyen français.

Que l'on soit issu d'une famille française depuis de nombreuses générations, ou que l'on soit, comme l'on dit, "issu de l'imigration", soi-même ou ses parents, ou ses grands-parents, importe peu. Appartenir réellement à la nation française, c'est en accepter les codes et les comportements, les lois et les règlements, et si ce n'est déjà fait, s'intégrer intimement au tissu social. Dans les sociétés dites primitives, l'intégration au groupe passait souvent par des rites intiatiques au cours desquels le nouvel initié s'engageait à respecter ces codes et ces règles coutumières. Dans nos sociétés modernes, ces intronisations ont disparu. Cela ne doit pas faire oublier l'obligation qu'a tout individu de vivre en harmonie avec sa collectivité (j'allais écrire sa tribu).

"Quand on vit à Rome, on vit comme les Romains", lit-on dans St Augustin. Eh bien, quand on vit en France, on vit comme les Français. On abandonne, ou on n'adopte pas, c'est selon, de comportements bannis par la loi, ou qui heurtent les autres Français. On respecte la loi, la réglementation, ou tout bonnement le mode vie de ses concitoyens. Sinon, on se met de facto en-dehors de la communauté nationale. La nationalité, c'est avant tout une question de culture, acquise ou innée. Mais sans culture, il n'y pas de nation. Et une nation ne peut en aucun cas ête constituée d'une juxtaposition de cultures différentes, comme dans la légendaire tour de Babel dont on sait ce qu'a été le destin final...

Voilà ma conception de l'appartenance à la nation française, et donc de l'identité nationale française. Voilà ma réponse à Eric Besson. Voilà le socle sur lequel je voudrais que se construise une discussion, voire une controverse, mais constructive et argumentée, sans polémique doctrinale si c'était possible...

lundi 2 novembre 2009

L'argent des autres

J'ai beaucoup aimé cette pièce, diffusée sur France 2 vendredi soir. Ecrite il y a 20 ans par un Américain, elle est terriblement d'actualité aujourd'hui en Europe ! L'intrigue rappelle nombre d'affaires qui ont occupé la sphère socio-politique dans un passé récent, d'Arcelor à Continental par exemple. Un financier sans scrupules monte à l'assaut d'une entreprise, familiale à l'origine mais cotée en bourse, entreprise qui connaît des difficultés au point que ce sont les bénéfices des filiales qui seuls permettent d'éponger les pertes de la maison mère.

Partant de la constatation que la valeur de l'actif net est supérieure à la capitalisation boursière, il se propose de liquider l'entreprise, laissant ainsi 1200 salariés "sur le carreau". Les actionnaires (et lui en priorité, car il achète des actions à tout-va) feraient ainsi une plus-value appréciable tout en se mettant à l'abri des risques d'exploitation dans un marché en pleine rétractation. Quand je vous disais que c'était terriblement d'actualité !

Maintenant, est-ce moralement soutenable ? Est-ce défendable ? Est-ce condamnable ? Voire...

A la fin de la pièce, le PDG (fils du fondateur) de l'entreprise décide de s'en remettre au jugement des actionnaires, dont il est sûr (?!...) de contrôler 40 % des droits de vote. Je reproduis ci-dessous, en les commentant chaque fois, les deux discours prononcés lors de l'Assemblée Générale extraordinaire : celui du PDG d'abord, celui du "prédateur" ensuite. Ca incite vraiment à la réflexion...

1) Le discours du PDG



Je vous l'avoue, j'ai beaucoup de mal à admettre qu'il a tort ! Mais vous verrez plus loin, après le deuxième discours, que ce n'est pas si simple. J'ai beaucoup de mal à le contredire, ce brave PDG humaniste, et cet entrepreneur d'un autre temps, si sympathique ! Je vais essayer cependant de lui répondre point par point :

Lui :  Son entreprise est de type "familiale". Sous-entendu, avec une philosophie de type "familiale".
Moi : Est-ce une raison pour faire abstraction des réalités économiques ? Ce type d'entreprise a-t-elle encore sa place dans un marché mondialisé ? Et ce marché correspond-il aux capacités de ce type d'entreprise ?

Lui : L'entreprise a progressé de la 12ème place européenne à la troisième, de la 4ème place en France à la première
Moi : Oui, bravo ! Vous avez su vous battre. Mais, en fait, vous n'avez pas progressé. Vous avez profité du recul plus important encore de vos concurrents. Et vous le reconnaissez vous-même.

Lui : Les entrepreneurs (comme lui) "laissent quelque chose" en partant; ils "créent"; ils "construisent". Ils "dirigent". A l'inverse des purs financiers.
Moi : Totalement d'accord. Rien ne vaudra jamais l'esprit entrepreunarial. Mais c'est là une position philosophique qui n'a de justification que sur le plan humain, et pas sur le plan purement économique. Ce n'est viable que dans un marché en expansion. Quand le marché se rétrécit, le strict respect de ces principes mène inéluctablement à la catastrophe, car ça coûte très cher, et ça demande donc des profits importants.

Lui : Les "prédateurs" comme Garcinet ne savent que liquider des entreprises "qui valent plus mortes que vivantes"il le reconnaît lui-même.
Moi : Ce constat sur la situation de l'entreprise est malheureusement sans appel

Lui : Un jour, les rapports de change s'inverseront, la demande explosera, et le cours des actions remontera
Moi : Ce scénario est passablement hypothétique. L'entreprise tiendra-t-elle jusque là ? Et quid des dividendes pendant tout ce temps ? Le but des investisseurs est-il seulement d'ordre social et humaniste ?

Lui : Que Dieu protège la France si ces "liquidateurs" ont raison. La France deviendrait alors un pays qui ne produirait plus rien, et qui ne vivrait que par la finance. Sous-entendu : une économie "virtuelle"
Moi : Je suis d'accord avec lui. Mais c'est peut-être inéluctable ? Le marché est ce qu'il est. Il ne sert à rien de rêver.

Lui : Une entreprise, c'est beaucoup plus que sa valeur en bourse : c'est un lieu de vie, c'est du lien social. Dans une entreprise, on crée, on ne détruit pas. On se soucie d'autre chose que de la valeur des actions : on se soucie de la valeur des hommes
Moi : Dans un monde idéal, sans doute. Dans le monde réel, sûrement pas, hélas...

2) Le discours du "liquidateur" maintenant


Je vous l'avoue là aussi, j'ai beaucoup de mal à le contredire, ce financier cynique et froid, si antipathique ! Je vais faire le tour de ses arguments :


a) Le discours du PDG tient de la "prière des morts" : ce n'est pas complètement faux...
b) Le marché n'existe plus à cause des nouvelles technologies : c'est souvent vrai...
c) S'accrocher à un marché inexistant est suicidaire : c'est évident...
d) Il faut réaliser son capital et réinvestir dans un marché porteur : évident également...
e) Se soucier de la collectivité et des salariés ? On ne leur doit rien car on les a largement payés, et ils ont exigé énormément de nous : c'est vrai, même si ce n'est pas toujours compris (les salariés ne touchent que la moitié environ de leur salaire réel). 
f) De ce fait, l'entreprise nous a saignés à blanc. La collectivité ne s'en est pas occupé : les impôts ont terriblement augmenté, les indemnités des élus ont dans le même temps terriblement augmenté aussi, la masse salariale (charges comprises) a explosé, et dans le même temps également, la valeur des actions a terriblement chuté... : rien que de parfaitement exact...
g) La seule raison d'être actionnaire, c'est de gagner de l'argent ! : quoi d'autre ?...
h) Alors il faut sauver les meubles en vendant ce qui est vendable, avant que ça ne vale plus rien du tout ! Puis investir dans une autre activité, qui créera des emplois, qui rendra service à l'économie, et qui nous rapportera ! : un enfant de CM2 tirerait la même conclusion...
i) Laissons les autorités et les syndicats régler les problèmes sociaux. Nous les avons suffisamment payés pour ça ! Et s'ils réclament encore de l'argent, c'est non : on a déjà donné ! : on ne peut raisonablement pas le contredire là-dessus non plus...

En résumé, il est humainement difficile de contredire le PDG sur la plupart de ses arguments, mais on ne peut contredire le financier sur aucun point. On peut le déplorer, et je suis le premier à le faire, mais c'est un état de fait !

Investir, c'est fait pour obtenir un "retour sur investissement" ! Mettre de l'argent dans une entreprise, c'est fait pour empocher des dividendes ou des plus-values, ou les deux ! Après, si ça fait vivre 1200 familles, si ça aide les finances publiques locales, si les gens sont heureux grâce à l'entreprise, c'est tant mieux. C'est souhaitable. C'est l'idéal. Mais ça n'est pas le seul but, au contraire ! Ce n'est même pas le but principal, n'en déplaise aux collectivistes de tous poils...

Et quand le but principal n'est plus atteint, quand les dividendes sont inexistants et que la valeur de l'investissement diminue, alors, non, monsieur le PDG vertueux, les bénéfices humains ne compensent pas les pertes financières ! Et ce n'est pas non plus "l'espoir qui fait vivre", contrairement à l'adage imbécile. Ni l'espoir d'une évolution favorable des taux de change ni celui d'un retournement du marché. Ce qui fait vivre, ce sont les espèces sonnantes et trébuchantes qui rémunèrent l'actionnariat, au même titre, et pas moins, ni sans moins de bienfondé, que le salaire qui rémunère le travail.

Dernière chose : l'exemple pris dans la pièce de théâtre est une entreprise du secteur de la métallurgie. Le marché de la métallurgie s'est rétracté drastiquement dans les 20 dernières années, et c'est sans doute un des facteurs qui font que cette pièce nous semble si actuelle. Dans le même temps et sur le même marché, cependant, un certain Lakshmi Mittal a fait fortune en Inde. Il serait bon d'étudier les raisons de ce paradoxe. Un premier élément de comparaison vient immédiatement à l'esprit : les contraintes salariales, sociales, fiscales, environnementales, qui alourdissent tant nos coûts de production en Occident, alors que les industriels de ces pays que l'ont dit "émergeants" n'en supportent pas le quart de la moitié. On peut le regretter pour les salariés indiens de monsieur Mittal. Mais n'y a-t-il pas là matière à réflexion ? Ne pourrait-on pas en tenir compte dans les échanges internationnaux ? Si produire de l'acier en Inde pour le vendre en Europe coûtait à peu près aussi cher que le produire directement ici, ne peut-on pas imaginer que le site de Gandrange serait encore en activité ? A méditer...