Les Anciens avaient inventé la Démocratie
Les Modernes y ont ajouté la Liberté
Nous sommes responsables des deux...

Affirmons nos libertés !

lundi 31 mai 2010

Martine Balsamo versus Nicolas Madoff

Je n'ai jamais cautionné, et je ne cautionnerai jamais, les insultes ad hominem. C'est pourquoi, dès le prime abord, je condamne les propos de Martine Aubry à l'égard du Président de la République, quand elle l'a comparé samedi à Bernard Madoff. Elle a beau se débattre depuis, nier (tout en enfonçant le clou), dans une attitude qui trahit toute la nervosité qui la caractérise ces temps-ci (peut-être sa santé est-elle fragile ? Ce pourrait être une excuse. Je ne sais pas), elle a beau se démener pour se sortir du mauvais pas où ses propos l'ont précipitée, Martine a bel et bien insulté Nicolas ! Voici un nouvel épisode de la saga politicienne de série B que la République Démocratique de France produit et que les médias diffusent à profusion depuis des mois. Il est vrai que ça fait de l'audience, les séries B ! On avait plus l'habitude de les voir produites outre-Atlantique, mais celle-ci est bien franco-française et ça fait chaud au coeur de s'apercevoir que le Vieux Continent est tout à fait capable d'égaler (de dépasser ?) le Nouveau Monde quand il s'agit de ... se foutre du monde.

Car enfin, le pays est dans une m... noire, le déficit est abyssal (on n'arrête pas de le dire), les caisses de retraites sont en quasi faillite, le chômage persiste et signe (à l'inverse du ministre Wauthier qui ne veut pas l'admettre, ce matin encore sur France 2), et qu'est-ce qui est important dans tout ça ? Qu'est-ce qui intéresse les Français ? Si on en croit les médias, ce qui compte avant tout, outre le foot et l'Euro 2012, ce sont les escarmouches verbales entre les deux formations socialistes du pays, le PS à gauche et l'UMP à droite ! La Grèce est en faillite, quatre autres pays sont dans le colimateur des agences de notation, l'Espagne par exemple a vu sa note dégradée la semaine passée, les marchés sont fébriles et renâclent à participer à la gabegie européenne (on les comprend), la France, vu l'importance de son déficit structurel, ne mérite pas sa note AAA qui, soyons-en certains, ne résistera pas longtemps malgré le lobbying de Paris, mais tout ça, les Français s'en fouteraient ! Ils seraient uniquement passionnés par les engueulades médiatiques de nos rigolos officiels ! Eh bien, je prétends que non, que les Français sont moins cons que ça, et que les rigolos en question se prendront tout ça en pleine face à la première occasion, à savoir au plus tard dans 2 ans...

Après cette parenthèse importante, j'en viens au coeur de mon propos. Tout d'abord, pourquoi, malgé les dénégations de la susnommée Martine, ses propos sont-ils bel et bien une insulte ? Pour mémoire, Bernard Madoff purge actuellement une lourde peine de prison aux USA à cause de ce qui est considéré comme la plus grosse escroquerie de l'après-guerre : ce que l'on appelle une "pyramide de Ponzi". Il promettait à ses clients des placements aux rendements juteux, empochait l'argent sans le placer du tout, et rémunérait ses anciens investiseurs avec l'argent des nouveaux entrants. C'est un système vieux comme le monde, mais qui s'écroule inévitablement dès que les nouveaux clients ne sont plus assez nombreux ou que les anciens demandent à récupérer "leurs billes". C'est ce qui s'est passé lors de la crise de 2008, et qui a fait tomber notre homme. On a alors découvert avec stuppeur que cet ancien administrateur du Nasdaq, au dessus de tout soupçon, avait berné y compris de grands établissements financiers, et avait détourné plusieurs dizaines de milliards de dollars. Comparer le chef de l'état à un escroc de cette envergure, c'est sous-entendre que lui et son gouvernement bernent les citoyens de la même manière. Et c'est intolérable.

Tellement intolérable que toute la classe politique ou presque s'indigne des propos de la Première Secrétaire du PS, la majorité comme l'opposition.

Mais je vais apporter un bémol à ce choeur de vierges effarouchées : si, je le répète, il n'est pas tolérable d'insulter le chef de l'état avec des sous-entendus mensongers, le propos n'est pas complètement dénué de sens si on remplace le Président par le système qu'il préside et qu'il défend bec et ongles, en contradiction d'ailleurs avec ses promesses de "rupture" lors de sa campagne électorale de 2007 !

Je viens d'expliquer plus haut ce qu'est une "pyramide de Ponzi". Réfléchissons maintenant deux secondes à ce qu'est le système de retraites par répartition qui est le nôtre. Avec la promesse de rendements plus qu'honorables, on "propose" aux gens de cotiser leur vie active durant des sommes plus ou moins importantes (plutôt plus que moins). J'ai mis des guillements au verbe "proposer" dans la mesure où, circonstance aggravante, ces cotisations sont obligatoires. Les gens, donc, cotisent pendant toute leur carrière dans une structure, structure qui est sensée leur servir ensuite une rente viagère avec un taux de rendement honnête. Dans les faits, la structure en question (la caisse de retraite) ne place aucunement cet argent, et la rente des anciens cotisants (les retraités) est payée par les cotisations des nouveaux inscrits (les actifs). C'est très exactement le même schéma. Et comme c'est exactement le même schéma, ça s'écroule exactement de la même manière, au moment où il n'y a plus assez de cotisants et que les rentiers réclament leur dû. Le système de retraite par répartition est donc bel et bien une "pyramide de Ponzi", c'est à dire un placement Madoff, c'est à dire une escroquerie. Et la précitée Martine aurait donc eu parfaitement raison de dire ce qu'elle a dit si elle s'en était prise au système au lieu de s'en prendre au Président.CQFD.

Au lieu de cela, notre Martine nationale soutient parallèlement, et de manière véhémente, un projet qu'elle présente comme une panassée alternative à la politique menée par le même Président et par son gouvernement. Croyez-vous que ce projet, celui du PS, prend le contrepried de l'escroquerie que je viens de dénoncer ? Que nenni ! Bien au contraire, il s'agit de réaffirmer les bienfaits de ce système mafieux, en l'amplifiant encore et encore...

Le gouvernement prétend (sincèrement ou pas, c'est une autre affaire) équilibrer le système en allongeant le temps de cotisation, c'est à dire mathématiquement, sur une période donnée, en augmentant le nombre de cotisants et en diminuant le nombre de bénéficaires.

Notre Martine, elle, a trouvé plus cohérent (et sans doute, en tout cas, plus bénéfique pour ses intérêts électoraux) de souscrire à une autre forme d'illusion : celle de Cagliostro, autrement nommé Joseph Balsamo. Esotérisme, magie, alchimie, autant de mots qui attirent et qui fascinent. Et c'est bien à une nouvelle alchimie très particulière que prétend se livrer la Dame des Trente Cinq Heures. Schématiquement, et puisqu'elle s'interdit par dogme incontournable d'agir sur le nombre de "bénéficiaires" de la pyramide, elle propose d'agir sur l'importance de la soulte. Ce qui revient à tenir à ses victimes le langage suivant : "Payez beaucoup plus pour toucher presque autant. Ainsi, vous toucherez plus tôt.". Et pour rendre l'illusion plus magique encore, elle se propose d'en faire payer d'autres, extérieurs au système et qui ne toucheront donc rien du tout ! Là c'est vraiment génial, pour le coup. Et ça ne peut que séduire les gogos. Chapeau l'artiste !

Seulement voilà, ce raisonnement ésotérique et totalement irréaliste, comme l'est d'ailleurs l'ensemble du projet câlin des socialistes, ne résite pas à une analyse sérieuse. Prendre beaucoup d'argent "aux riches" pour financer les retraites des "pauvres", ça peut être comptablement imparable à très court terme. Mais très vite il n'y aura plus de "riches", et donc plus d'argent pour les "pauvres". Soit que les "riches", pas assez "riches" pour supporter la chose, ne seront plus "riches", soit qu'ils aient fui la pompe à fric, c'est à dire le pays, ce qu'on ne saurait leur reprocher de bonne foi...

Les naïfs, cependant, se laisseront prendre au discours. Il n'est pas d'exemple de supercherie qui ne réussisse, au moins en partie et au moins un certain temps. Espérons qu'ils ne seront pas trop nombreux. Espérons-le pour eux. Espérons-le pour nous tous également, car ces naïfs-là sont aussi des électeurs. Et si le choix est difficile entre un Ponzi-Madoff et un Cagliostro, il est déjà plus aisé entre une pyramide bancale et une qui s'écroule tout de suite. Les deux s'écrouleront. La première tiendra juste un peu plus longtemps. Le temps, souhaitons-le, de trouver mieux qu'un illusionniste...

A lire aussi, l'article d'Alain Dumait chez Le Cri du Contribuable

mercredi 26 mai 2010

Tous SDF (suite...)

Dans une réponse à un commentaire "sous" mon billet du 21 mai qui abordait la réforme des retraites, j'ai été amené à dire que "personne ne voulait" d'un système autre que la répartition. L'un de mes commentateurs a sauté sur l'occasion pour me dire que si personne n'en voulait, c'était peut-être parce que ce n'était "ni intelligent ni crédible". Plutôt que de ne faire que lui répondre en commentaire, j'ai décidé de le faire ici, ce qui me permettra de développer un peu plus.

Ne cherchez pas, cher commentateur qui vous reconnaîtrez, à paraître plus bête que vous n'êtes ! Vous avez parfaitement compris le sens de mon propos, et ce "personne n'en veut" n'est pas "personne" au sens où vous voulez l'entendre. Ou au sens où vous voulez faire croire que vous l'entendez...

Quand je dis que "personne n'en veut", je ne parle évidemment que des "négociateurs" actuels et des politiciens qui nous dirigent (ou de ceux qui rêvent de nous diriger). Parmi eux, en effet, "personne n'en veut", de ceux qui entretiennent historiquement le dogme d'un système par répartition qui a prouvé son ineptie à ceux qui font de même par opportunisme. Il importe pour ces derniers de dire ce que leurs électeurs ont envie d'entendre, religion du bulletin de vote oblige.

Car leurs électeurs font également partie, majoritairement, de ceux "qui n'en veulent pas". Par ignorance et par le jeu d'une désinformation savamment orchestrée par les premiers, avec la complicité active de la sphère médiatique qui trouve là une source providentielle d'audience. Il importe pour elle de plaire au plus grand nombre, pour lui vendre son papier et ses minutes d'antenne en plus gros volume. Une logique "purement mercantile" comme ses membres éminents la dénonceraient eux-mêmes. Mais là, je sors du sujet.

Nous sommes très nombreux au contraire, à penser que le système par répartition doit céder la place à un système par capitalisation techniquement plus sérieux, scientifiquement plus démontré, et socialement plus juste puisqu'il ne prend pas (beaucoup) aux uns pour ne rien donner (ou presque) à certains autres, et qu'il ne ruine pas les générations futures pour laisser malgré cela dans une quasi pauvreté nombre de ses bénéficaires actuels.

Mais notre discours est presque inaudible dans cet océan médiatique où la propagande collectiviste avance masquée, si répandue et si présente que l'opinion anesthésiée en est de plus en plus la victime consentente. Tant il est vrai qu'il est plus facile de suivre celui qui promet le bonheur gratuitement et sans effort que celui qui indique honnêtement un autre chemin vers ce même bonheur, le chemin de la responsabilité et de la prévoyance.

Même ceux qui prétendent sur d'autres plans combattre le laxisme sont gagnés par la gangraine socialisante, comme ce Xavier Bertrand que j'ai entendu encore ce matin défendre le système par répartition comme un soi-disant "acquis social". J'ai cru rêver ! Ou plutôt cauchemarder. Même ceux dont l'engagement politique pouvait laisser espérer hier encore une possible réforme d'à peu près bonne facture, dispensent un discours lénifiant où ils bêlent avec les autres. Il y a du pain sur la planche. Nous ne sortirons pas de sitôt du marasme, à moins d'un cataclysme que je continue néanmoins à ne pas appeler de mes voeux.

Et pourtant, l'orage gronde et les nuages s'amoncèlent... Les marchés financiers, qui ont compris avant les autres, comme à l'accoutumée, que tout va de travers dans les politiques menées, en France comme ailleurs, semblent bien décidés à donner à nos décideurs de l'apocalypse une leçon magistrale, dont nous paierons malheureusement la facture. Mais on a les dirigeants que l'on mérite, et les politiques qui vont avec. Le bulletin de vote est l'arme absolue dont dispose le citoyen, mais une arme dont il ne se sert pas assez souvent à bon essient.

N'aurons-nous finalement à nous en prendre, collectivement (!...), qu'à nous-mêmes ?...

samedi 22 mai 2010

La fiscalité locale

Un article du Figaro.fr attire mon attention ce matin. Il me rappelle que je n'ai pas tenu une de mes promesses, celle de traiter, dans le cadre de mes analyses politiques récentes, du financement des collectivités locales. Je voudrais réparer cet oubli.

Tout d'abord, quel est le "lièvre" soulevé par l'Association des Régions de France et rapportée par le quotidien en ligne ? Nicolas Sarkozy a dit "estimer normal [...]que le «gel en valeur» des dépenses de l'État de 2011 à 2014 s'applique aux transferts vers les collectivités locales". L'ARF, puis l'AMF (Association des Maires de France) ont immédiatement réagi, comme on pouvait s'y attendre : tant que l'état paie, il est le bienvenu. Mais dès qu'il parle de limiter ses largesses, tout le monde hurle en prévenant que la fiscalité locale devra nécessairement exploser. Comme si elle avait attendu ça !...

Pour rappel, relire mon article dans lequel je traitais de la réforme souhaitable de la fiscalité vous remémorera qu'elle devrait être drastiquement simplifiée, parallèlement à une simplification toute aussi drastique des interventions financières de l'état et des collectivités locales. Notamment, je prônais avec d'autres, et je prône toujours, un impôt sur le revenu proportionnel à taux unique. A noter que cet impôt enfin juste et équitable pour tous, devrait à mon sens être quasiment la seule ressource budgétaire frappant les particuliers, avec la TVA. Ca implique de fusionner, notamment, l'impôt sur le revenu et la CSG-CRDS, ce dont on a d'ailleurs commencé à entendre parler récemment.

Un mot sur la TVA. On pourra valablement s'étonner que je préconise le maintien d'un impôt qui peut paraître a priori inéquitable, dans la mesure où il ne frappe pas le contribuable en fonction de ses possibilités financières objectives (ses revenus), mais en fonction de sa consommation, au sein de laquelle certaines dépenses sont par ailleurs incompressibles quel que soit son niveau social. C'est vrai, mais il n'y a pas d'autre moyen de faire participer au financement de la chose publique les millions d'étrangers de passage dans notre pays : la France est quand même la première destination touristique mondiale. Elle n'a pas les moyens de se passer de cette mâne que représente la TVA sur les achats faits sur son sol par ses visiteurs étrangers. En outre, taxer la consommation est sans aucun doute une manière de la moraliser, ce qui n'est pas inutile.

Pour en revenir à la fiscalité locale, il faut tout d'abord noter qu'elle est sans aucun doute la plus inéquitable, et la plus inéquitablement répartie sur le territoire national. Certains écarts sont proprement inexplicables d'une région à l'autre, d'un département à l'autre, d'une commune à l'autre. Ces écarts sont dus pour partie aux différences de qualité des gestions publiques locales, et pour une autre partie aux disparités des politiques menées et des importances relatives des équipements publics. Ils sont dus aussi au poids des aides sociales, très différent d'un territoire à l'autre en fonction de l'importance locale des populations "secourues". Mais ce dernier point serait résolu, par hypothèse, par l'instauration du Revenu Universel de Susbsistance dont j'ai déjà parlé, versé à tous et qui remplacerait toutes les autres aides actuelles.

La concurrence entre les collectivités territoriales, comme toute autre concurrence, est une bonne chose : la concurrence est naturellemene gage de qualité. Dans le sujet qui nous occupe, qualité des services publics, qualité de gestion des fonds publics, qualité de vie des habitants. Mais cette concurrence ne doit pas être déloyale, et selon moi elle doit se fonder, non sur le montant des revenus des collectivités, mais sur l'emploi qui en est fait. C'est pourquoi il paraît souhaitable que les dotations soient calculées, mathématiquement et très simplement, en fonction du nombre d'habitants. Ensuite, ce serait la qualité de l'emploi de ces dotations qui déterminerait la qualité de vie du territoire, c'est à dire l'attraction qu'il opérerait sur les habitants et sur les entreprises, et donc sa prospérité. Il va de soi également que la fiscalité sur les entreprises devrait profiter très largement au territoire sur lequel elles sont implantées, ce qui ajouterait à sa compétitivité.

Ce schéma est sans aucun doute à peaufiner, mais les maîtres-mots des financements des territoires doivent être absence de disparité fiscale notoire d'un territoire à l'autre, absence de prélèvement obligatoire spécifique à chaque collectivité locale, et, cela va de soi, absence de superposition des budgets. Ce qui est financé par un échelon administratif (région ou communauté d'agglomération, les départements et les communes ayant disparu), ne doit appeler aucun financement supplémentaire de la part d'une autre échelon (y compris l'état).

Mais il est bien évident qu'un tel projet provoquera une nouvelle levée de boucliers de la part des élus locaux, toujours prompts à crier à l'asphyxie de leurs budgets, lesquels sont cependant ceux qui augmentent aujourd'hui le plus, et le plus vite...

vendredi 21 mai 2010

Et quand nous serons tous des SDF...

Mon titre est (un peu) provocateur, mais il a le mérite, au moins, de dessiner les contours exacts que ce que je ressens, ce matin plus encore qu'hier et (je le crains) bien moins que demain...

Ce n'est pas mon habitude (je n'aime pas du tout Arlette Chabaud, sans trop savoir pourquoi : il en est des antipathies comme des coups de foudre. On est souvent bien incapables de les expliquer), mais j'ai regardé sur Antenne 2 hier soir, comme des millions de Français, l'émission A vous de juger, qui a eu sur moi l'effet inverse d'un euphorisant qui, pourtant, et comme pour des millions de Français là encore, eût été le fort bienvenu en ces temps de déprime O combien compréhensible...

C'est que la soirée fut tout le contraire d'un remontant psychologique. De DSK à Patrice Duhamel et Sylvie Pierre Brossolette, en passant par Eric Woerth et l'inénarrable Benoït Hamon (le seul, peut-être, à provoquer des sourires, mais jaunes), des analyses toutes aussi catastrophistes les unes que les autres se sont succédées sans discontinuer...

Comme je n'ai pas d'affinités particulières pour l'un ou l'autre des intervenants, je les passrai en revue par ordre "d'entrée en scène".

Tout d'abord, nous avons eu droit à un cours d'économie strausskhanienne où nos oreilles ébahies (elles le sont encore ce matin) ont appris que pour éradiquer cette crise de l'étatisme que nous vivons depuis au moins deux ans, et dont nous sommes tous en train de crever à petit feu, crise dont il n'est pas besoin d'être un éminent président socialiste du FMI pour comprendre qu'elle est due essentiellement à une sur-réglementation absurde et totalement inefficace (pléonasmes), que donc pour venir à bout des conséquences manifestes d'un interventionnisme exacerbé, il suffisait de mettre en oeuvre encore plus de régulation, de réglementation, de contraintes, d'interdictions, d'obligations, diverses et variées. Le docteur Strauss Kahn nous a fait un cours magistral de médecine d'inspiration homéopathique (soigner le mal par le mal), mais à des doses pharaoniques...

D'ordinaire, quand on appelle le médecin parce qu'on ne se sent pas bien, ledit médecin, à défaut de guérir le corps, ce qui n'est pas toujours dans ses cordes et que l'on ne peut pas obligatoirement lui reprocher, nous apporte au moins un certain réconfort moral propre à nous aider à supporter la douleur. Le discours de DSK fut hier soir l'exact contraire de cela : non content de ne prescrire que des solutions de toute évidence encore pires que le mal, il a réussi l'exploit de détruire le peu d'espoir que le malade avait encore de guérir, tant ledit malade, pas suffisamment idiot pour ne pas comprendre l'essentiel, même quand il n'est souvent pas assez averti (!...) pour saisir les subtilités de la science économique, tant ce moribond qui s'ignorait encore avant l'émission est aujourd'hui totalement conscient de son état et du destin funeste qui ne peut être que le sien, du moins tant qu'il lancera ses appels désespérés à l'adresse des pompiers pyromanes, fussent-ils internationaux et onusiens, tels que ce candidat probable à la magistrature suprême dans son pays d'origine. Pays qui, circonstance aggravante pour moi et mes compatriotes, se trouve être le nôtre...

Très schématiquement, la potion magique du docteur Strauss Kahn consiste à sur-réglementer encore beaucoup plus le fonctionnement de la finance internationale, à arroser de milliards en monnaie de singe les états en faillite, à les obliger, pour se rendre économiquement crédibles, à des mesures draconiennes propres à détruire tout espoir de croissance, et pour ce qui est de l'Europe, à obliger les autres pays de la zone Euro à investir massivement chez ces canards boîteux qui, du fait même des mesures qui leur seraient imposées, n'auraient rapidement d'autre ressource que de passer de la faillite à la banqueroute. Avenir radieux, tant pour la Grèce, l'Espagne, le Portugal, la France, pays malades, que pour l'Allemagne et peut-être au maximum deux ou trois autres "soigneurs" honnêtes et vertueux qui paieront donc immanquablement pour les coquins et les irresponsables.

Et de pompiers pyromanes, nous en avons eu notre dose hier soir. Pas encore remis de l'exposé de DSK dont je viens de dire tout le bien que j'en pense, nous avons eu droit à un pseudo-débat sur le problème des allocations-vieillesse, entre un ministre du travail tout aussi convaincant que le ministre du budget qu'il était encore il y a peu (et qui donc a cogéré plusieurs fiascos dont celui d'un sauvetage bancaire mémorable qui devait, déjà, éradiquer une crise qui perdure de plus belle) et un porte-parole du premier parti de France qui était là pour défendre (tel un coq de combat et sans aucun respect de son interlocuteur, comme à son habitude) le "projet" tout neuf dudit parti, sorti du chapeau d'une Première Secrétaire encore et toujours embrumée, tout comme l'est le projet en question.

Je vais passer très rapidement sur cette partie de l'émission, qui pourtant fut la plus longue, et où les deux seuls interlocuteurs audibles (je veux dire par là que leurs discours, à eux, étaient plutôt sensés) furent la présidente de la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse, même si elle fut quelquefois un peu corporatiste, et le représentant du Conseil d'Orientation des Retraites, dont il faut noter au passage que nombre de ses arguments alarmistes furent repoussés d'un revers de main, tant par Hamon que par Woerth...

Les deux principaux débatteurs ont passé leur temps, outre à s'invectiver, pour l'un à nous expliquer que le projet socialiste était parfait puisqu'il prenait l'argent "là où il est", en instituant une brouettée de prélèvements obligatoires nouveaux ou en augmentant considérablement ceux existants, et pour l'autre à nous promettre un projet, parfait lui-aussi, mais qu'il ne peut dévoiler encore, puisque son Président Absolu élyséen a décidé souvrainement qu'il ne le serait qu'après concertation en cours.

Là encore, nous avons eu droit à la peinture d'un avenir radieux pour les retraites, tant ceux qui possèdent les clefs du problème, et qui discutent ensemble pour les peaufiner, sont à la fois crédibles, responsables, et de bonne volonté.

Pour terminer, nous avons eu droit à ce qui ne fut même pas un débat, entre un Patrice Duhamel et une Sylvie Pierre Brossolette quasiment d'accord sur tout, et visiblement plus préoccupés par les aspects purement politiciens du problème. Il s'est agi essentiellement de supputer les chances d'une future candidature de DSK à la candidature socialiste, et de blablas sans aucun intérêt autour des autres intervenants et du déroulement du débat.

Je vous l'ai dit, tout ça fut de nature à relever le moral en berne des Français qui, comme moi, ont absorbé cette potion amère. Et comme le moral des ménages est un des critères importants, parait-il, d'une éventuelle reprise de la croissance, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes !

Qu'il s'agisse des retraites ou qu'il s'agisse de la crise internationale (de la finance d'abord, de l'économie ensuite, de la solvabilité des états aujourd'hui), la démonstration est éclatante que les politiciens de tous bords, et apparemment de beaucoup de pays, n'ont de solutions à proposer que de nature à alourdir le poids démesuré des administrations, à pomper à tout va, de plus en plus, les richesses produites malgré tout, avec beaucoup de mal, et donc mathématiquement à appauvrir non seulement les économies nationales, non seulement l'économie mondiale, mais encore et peut-être surtout les individus eux-mêmes, ces individus qui sont les citoyens que ces mêmes états ont pour (seule) mission de défendre et d'aider en toute sécurité (notamment financière) à exercer leurs libertés naturelles.

En résumé, cette émission du service public de télévision, à une heure de grande écoute, nous a montré avec éclat, une fois de plus, au moins pour ceux qui savent regarder ce qu'ils voient, l'évidence du processus de paupérisation que nous subissons au long cours, depuis 35 ans au moins, inexorablement, et pour la plupart d'entre nous sans même nous en rendre compte. Je ne reprendrai pas ici l'allégorie de la grenouille, pourtant si parlante, mais je tiens à insister sur le fait que les politiques publiques, en France mais pas seulement hélas (il suffirait alors de s'expatrier pour échapper au phénomène), mettent en oeuvre un processus d'appauvrissement général des citoyens, processus inexorable tant que nous n'aurons pas compris que faire le bien d'autrui malgré lui et sans le responsabiliser mène automatiquement à la catastrophe. Distribuer des subsides, aux états tout comme aux particuliers, sans que les bénéficiaires aient produit par leur travail lesdits subsides, même s'ils ont été produits par d'autres (ce qui n'est pas toujours le cas), sans qu'ils soient eux-même impliqués dans leur production, c'est enclencher un processus irréversible de déresponsabilisation qui se termine obligatoirement par une catastrophe. Pas seulement une catastrophe économique (ou financière), mais une catastrophe humaine où l'individu perd toute dignité, et toute chance de se sortir de sa situation d'éternel assisté. C'est vrai pour les aides sociales distribuées sans contrepartie aux citoyens, c'est vrai aussi pour les capitaux distribués à guichet ouvert aux états en faillite. Qui plus est si cet "arrosage" se flanque d'obligations budgétaires suicidaires pour la reconquête de la croissance nécessaire.

Et quand nous aurons tous été vidés de notre substance, dans le but louable entre tous d'assurer notre bonheur malgré nous, quand nous n'aurons plus d'autre ressource que de nous nourrir de la chasse et de la cueillette (ne riez pas : ce n'est pas une perspective si idiote que ça...), quand on ne nous appelera même plus "SDF", puisque la notion de domicile ne sera plus elle-même qu'un concept dépassé, alors nous serons enfin conscients que l'être humain, comme tout animal sur cette terre, et malgré la trop haute idée qu'il se fait de lui-même, ne peut en aucun cas abdiquer valablement entre les mains de quiconque la responsabilité qui est la sienne de subvenir à ses propres besoins et à ceux de sa famille. Nous aurons alors enfin compris que s'en remettre à un Etat Tout Puissant, soi-disant protecteur et soi-disant providentiel, que de lui confier la gestion de nos propres intérêts en lui permettant de décider à notre place dans tous les domaines, est le meilleur moyen de perdre le bénéfice de cette intelligence soi-disant supérieure dont la Nature nous a pourvus, et dont nous faisons décidément un usage bien imbécile...

Heureusement peut-être, d'autres que moi sont moins pessimistes...

dimanche 16 mai 2010

Une autre citation

Puisque j'en suis aux citations, une autre que je dois à Nicomaque. Elle est de Tocqueville cette fois :
« Toute mesure qui fonde la charité sur une base permanente et qui lui donne une forme administrative crée une classe oisive et paresseuse, vivant aux dépens de la classe industrielle et travaillante (...). Je suis profondément convaincu que tout système régulier, permanent, administratif dont le but sera de pourvoir aux besoins du pauvre, fera naître plus de misères qu'il n'en peut guérir, dépravera la population qu'il veut secourir et consoler, réduira avec le temps les riches à n'être que les fermiers des pauvres, tarira les sources de l'épargne, arrêtera l'accumulation des capitaux, comprimera l'essor du commerce, engourdira l'activité et l'industrie humaines et finira par amener une révolution violente dans l'État, lorsque le nombre de ceux qui reçoivent l'aumône sera devenu presque aussi grand que le nombre de ceux qui la donnent »

Belle définition de ce qu'est la solidarité quand elle est obligatoire, cette phrase est tirée de "Mémoire sur le paupérisme" et date de 1835. Force est de constater, 175 ans plus tard, qu'elle nous apparaît comme proprement prophétique...

Quand accepterons-nous de voir la vérité en face, et quand cesserons-nous de perpétuer nos sempiternelles erreurs pour des raisons purement démagogiques ?

Citation d'un dimanche matin

Je n'ai pas l'habitude de plagier, et encore moins mes amis. J'ai cependant envie ce matin d'imiter Lomig, et de faire une "citation du dimanche" à ma façon...
Un "ami" à la mode Facebook attire mon attention sur une phrase prononcée en son temps par Thomas Jefferson (1743-1826), philosophe, agronome, inventeur et architecte, troisième président des Etats Unis d'Amérique, rédacteur de la déclaration d’indépendance, et à ce titre cité au nombre des "pères fondateurs" de la nation américaine.

Cette phrase est la suivante :
"Je prédis un bonheur futur [aux Américains] s’ils peuvent empêcher le gouvernement de gaspiller le fruit du labeur des gens sous prétexte de prendre soin d’eux."
Je me dis que nos dirigeants d'aujourd'hui, plus de deux siècles plus tard et dans un monde soi-disant de plus en plus civilisé, dans une humanité soi-disant de plus en plus évoluée, avec des systèmes politiques soi-disant de plus en plus "protecteurs", feraient bien de s'inspirer de la sagesse de leurs aînés !

Si Barak Obama avait l'humilité de consulter le passé de son pays, si Nicolas Sarkozy avait la sagesse de relire l'histoire contemporaine, si les dirigeants des "PIIGS" avaient pris le temps de s'instruire du passé des grandes nations, si les peuples eux-mêmes avaient deux sous de bon sens et savaient tirer du passé des leçons  pour leur avenir, tous auraient peut-être une chance de percevoir l'évidence du bienfondé d'une telle posture historique, qui a porté ses fruits en faisant de la Nation que Thomas Jefferson étaient en train de créer avec d'autres, la première du monde et la plus prospère, et ceci pendant deux siècles...

Dans un monde où tout part à la dérive au point que les Etats eux-mêmes sont en train de faire faillite les uns après les autres, peut-être a-t-on encore le droit de rêver au miracle du réveil de la sagesse ? Je suis un indécrotable optimiste et je voudrais encore y croire. Pas facile, pourtant, quand si peu prennent la bonne direction, et quand la plupart répondent aux difficultés qu'ils ont eux-mêmes créées par des mesures semblables aux causes qui les ont générées...

Deux faibles petites lueurs peut-être ? L'Allemagne et le Royaume Uni où les Libéraux relèvent un peu la tête. On se raccroche aux espoirs que l'on peut...

lundi 10 mai 2010

Un mal pour un bien ?...

J'ai hésité à en parler, tant tout le monde y est allé de son couplet sur le sujet, et donc j'avais le sentiment de risquer d'ajouter un Nième billet qui n'apporterait pas grand chose au débat. Mais à lire et à relire ce qui se dit depuis ce matin, sur les ondes, dans les journaux papier, et singulièrement sur la toile, je me suis décidé à y mettre mon grain de sel !
Car, si les analyses sont souvent pertinentes, il me semble que le principal n'est que peu abordé, et que c'est bien dommage.

De quoi parlé-je ? De la crise grecque et de la posture européenne, vous l'aviez bien sûr deviné.

La Grèce est un petit pays d'Europe qui fut en d'autres temps le maître du monde. Sa destinée devrait donc nous rendre à la fois très humbles et très prudents : nous avons été nous aussi les maîtres du monde et nous ne sommes plus aujourd'hui qu'un état de très moyenne importance. La Grèce est témoin que nous risquons de devenir insignifiants. D'autant que l'analogie ne s'arrête pas là...

La gente journalistique et médiatique, dans un bel ensemble bien huilé, nous serine que la crise grecque est due pour partie à certaines "tricheries" commises par son précédent gouvernement, et pour une autre part à la spéculation financière internationale. Les deux affirmations ont sans doute quelque chose de vrai, mais le fond du problème n'est pas là. S'il y a eu tricherie, c'est qu'il y avait matière à tricher, et s'il y a spéculation, c'est qu'il y a matière à spéculer. Ne confondons pas les causes et les effets. Ne soyons pas dupes de ces raisonnements foireux. Si la Grèce avait su gérer son budget, elle n'aurait pas eu à cacher son déficit, et s'il n'y avait pas de déficit grec, il n'y aurait pas de spéculation sur la faillite de l'état grec ! Premier point.

Notons que le problème est strictement identique chez chacun des états que les économistes appellent les "PIIGS" : Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne (Spane en anglais). La Grèce a eu la malchance de sombrer la première, les autres suivront. Et la France ne sera pas en reste, soyons-en certains. Car les mêmes causes produisent les mêmes effets, et que nous le voulions ou non, que nous l'admettions ou non, officiellement ou non, nous avons les mêmes défauts que ces "PIIGS" là. Notre économie n'est pas moins "porcine" que la leur ! Nous vivons depuis 35 ans très au-dessus de nos moyens, et cette façon de gérer ses affaires, que l'on soit un état, une entreprise, un ménage, peu importe, ne peut mener qu'à la faillite et nulle part ailleurs. N'en déplaise aux "YA KA FAUCON" de tous poils qui nous suggèrent, par exemple, de "faire payer les riches". Démagogie quand tu nous tiens...

Maintenant, voyons le problème à sa racine : quelle est la cause du déficit abyssal de la Grèce, de l'Espagne, du Portugal, de l'Italie, de l'Irlande, de la France ?... La liste n'est pas close.

Les mêmes démagogues dont je parlais plus haut vous diront que "c'est la faute à la crise". Elle a bon dos, la crise ! C'est même une aubaine inespérée pour nos politiciens à court d'arguments. Il y en a même qui réussissent à s'en faire une alliée, de la crise ! Voyez la présidence française de l'Union Européenne, voyez la création du G20. Voyez combien notre Coq Gaulois s'en est fait des ergots, de la crise ! A tel point qu'il essaie de remettre ça avec la Grèce. Si sa copine Angela ne lui mettait pas des bâtons dans les pattes, on n'entendrait que ses cocoricos, dans la basse cour européenne...

Je l'ai dit, ça fait 35 ans qu'on sème le vent. Ne nous étonnons pas, aujourd'hui, de récolter la tempête.

Le fond du problème, c'est que nous vivons tous au dessus de nos moyens. C'est que, quand on produit 100 on ne peut pas dépenser 120 éternellement. C'est que par démagogie, les Etats distribuent à guichet ouvert des richesses qui ne sont pas produites. C'est que le "modèle social" dont on nous chante les louanges et que, paraît-il, le monde entier nous envie, que ce modèle-là n'est pas viable et qu'il faut avoir le courage de le dire. Et de le réformer. En profondeur. Drastiquement. Sans vergogne. Sans prêter attention aux colibets, aux pleurs et aux grincements de dents.

Et c'est peut-être ce que nous allons êter enfin obligés de faire. Grâce à la crise grecque, paradoxalement.

Car ce qui vient d'être décidé la nuit dernière, et qu'on nous présente faussement comme un "gouvernement économique européen", n'est en aucune façon un gouvernement économique, lequel n'aurait absolument aucune chance de s'imposer. Ce qui vient d'être créé, c'est un mécanisme qui donne enfin le pouvoir au plus fort, c'est à dire à celui qui saura mener ses affaires avec rigueur. Car ce mot n'est pas une insulte, au contraire. La rigueur, ça s'appelle aussi la bonne gestion. La rigueur, ça s'appelle aussi l'honnêteté. La rigueur, ça s'appelle aussi le bon sens. Et si la rigueur nécessite de l'austérité, ça n'est pas non plus un gros mot. Et si c'est nécessaire, il serait bon qu'on nous y oblige. Car nous ne saurions pas le faire de nous-mêmes, nous l'avons prouvé !

Je ne dis pas que le dispositif décidé hier réussira. Je ne sais pas si les états les plus concernés accepteront en toutes circonstances de s'y plier. Je ne sais pas si les seuls états qui sont aptes à le financer accepteront en toutes circonstances de le faire. Je ne sais même pas si les instances européennes se montreront capables d'appliquer les sanctions promises aux états membres qui sortiront des clous qu'on leur aura assignés. J'ai un grand doute à ce sujet. Mais ce que je dis, c'est que pour la première fois depuis sa création l'euro repose sur quelque chose de concret, et non sur un ensemble d'états sans aucune cohérence, voire sans aucune cohésion. Une monnaie unique pour une zone aux économies disparates et sans règles communes respectées n'est pas viable. Nous avons aujourd'hui une petite chance de voir s'harmoniser au moins les politiques budgétaires, à défaut des politiques économiques. Ca ne peut pas faire de mal. A condition que les règles édictées soient respectées, ce qui n'est pas gagné d'avance...

Et la première des règles qu'il faudra faire respecter, celle qui devra conditionner toute aide financière, c'est la rigueur budgétaire. Il ne servirait à rien de voler au secours d'un état en quasi faillite, comme aujourd'hui la Grèce, demain peut être l'Espagne ou le Portugal, après-demain la France, si cette Grèce, cette Espagne, cette France-là, continuaient leur mauvaise gestion des comptes publics, et continuaient notamment à distribuer à guichet ouvert des aides soi-disant sociales qui s'avèrent inutiles, et à entretenir une pléthore de fonctionnaires soi-disant indispensables qu'il suffirait de rendre efficaces en plus petit nombre, pour ne prendre que deux exemples.

Les déficits publics sont la gangraine de l'économie. Nous sommes un certain nombre à le répéter depuis des décennies. Aujourd'hui, nous avons une petite chance que la rigueur budgétaire nous soit imposée de l'extérieur. Dommage d'être obligés d'en passer par là, mais c'est peut-être le prix à payer pour ne pas sombrer. Un mal pour un bien ? Acceptons-en l'augure...

De 1905 à 2012 : la marche à reculons...

Ainsi, la décision semble bien être prise irrévocablement par la mairie de Paris, une mosquée de 4500 m² va voir le jour d'ici à 2012 dans le XVIIIème arrondissement, financée par des fonds publics !...

La loi du 9 décembre 1905, qui a eu pour principale conséquence immédiate d'appaiser les conflits religieux, et qui porte encore aujourd'hui tous ses effets positifs, est pourtant claire et précise :

Article 1 : "La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public."
Article 2 : "La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence [...] seront supprimées des budgets de l'Etat, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l'exercice des cultes."
Je sais bien que cette loi a été votée par référence à la religion catholique et non à l'islam; je sais bien que les Catholiques avaient et ont encore de nombreux lieux de culte à leur disposition, ce qui n'est pas le cas des Musulmans; je sais bien que ces derniers réclament à cor et à cri des mosquées dignes de ce nom; je sais bien que les quelques mosquées qui ont été construites dans la période récente l'ont été avec des fonds étrangers, provenant qui est plus de pays aux moeurs politiques douteuses; je sais bien que notamment le vendredi et par exemple dans le quartier parisien de la Goutte d'Or, ces Musulmans se retrouvent à prier dans la rue, et que cela représente une gêne inacceptable pour les riverains comme pour la circulation automobile; mais je sais bien aussi qu'il suffirait d'appliquer la loi pour éviter ces nuisances !...
Je sais bien que de nombreuses associations battent le pavé pour "dénoncer les conditions indignes" de l'exercice du culte musulman en France. Mais je sais bien aussi que de nombreuses associations diocésaines se plaignent de la même manière du peu de ressources dont elles disposent pour organiser l'exercice du culte catholique et du catéchisme, et qu'il n'est pas question, à juste titre, de les subventionner; je sais bien également que nombre d'églises sont dans un état de conservation lamentable et qu'elles ne sont pas rénovées, bien qu'appartenant à la commune où elles se situent...

Je sais bien surtout qu'une mosquée n'est pas qu'un lieu de culte, et qu'elle est surtout un lieu d'enseignement de l'islam. Je sais, et monsieur Delanoë devrait savoir, que les imams ne sont pas que des pasteurs, et que ce qu'ils prêchent n'est pas que spirituel...

Monsieur Delanoë devrait savoir aussi que le Coran est une chose, et que la loi islamique en est une autre, même si elle s'en réclame, souvent à tort. Monsieur Delanoë devrait savoir qu'avec un tel projet, non seulement il contrevient gravement au principe de séparation des cultes et de l'état institué par la loi de 1905, mais encore qu'il se fait ainsi le complice objectif, aux frais du contribuable, de l'entreprise de conversion culturelle menée par le monde musulman à l'encontre de l'Occident.

Il me répondra que les fonds publics ne prendront en charge in fine que les locaux culturels de la future mosquée, et que les parties cultuelles seront en quelque sorte rétrocédées à des "associations musulmanes" pour 6 millions d'euros. Six millions d'euros sortis de nulle part ! Six millions d'euros dont on veut sans doute nous faire croire qu'ils seront financés par l'altruisme des fidèles. A d'autres, monsieur Delanoë ! Par quel tour de passe-passe s'il vous plaît ? Pourquoi ces associations musulmanes-là trouveraient-elles une telle somme pour mettre au pot de votre projet, alors qu'elles ne l'ont manifestement pas pour créer elles-mêmes la mosquée que vous leur offrez sur des fonds publics, c'est à dire avec les impôts, pour la bagatelle de 22 millions d'euros ? Et qui plus est sans fermer la porte à la participation officielle de la Ville de Paris à l'Institut des Cultures d'Islam (!...) qui gérera cette super mosquée !...

La vérité, monsieur Delanoë, c'est que vous violez délibérément la loi républicaine pour acheter la paix sociale, et "accessoirement" pour élever un monument à la gloire de votre ambition, et un témoin que vous voulez prestigieux de votre passage à la mairie de Paris...

La vérité, monsieur Delanoë, c'est que vous n'avez que faire des principes républicains dès lors qu'il s'agit de flatter votre ego, et peut-être de préparer un projet plus national ?...

En tout état de cause, le principe de laïcité formalisé par la loi de 1905 a été une avancée magistrale par rapport au Concordat napoléonien, et votre projet félon, qui risque en outre de faire tache d'huile en Province, est une régression dont vous porterez la lourde responsabilité des conséquences face à l'Histoire.

Si toutefois il ne se trouve aucune autorité judiciaire ou administrative pour contrer votre entreprise. C'est le seul espoir auquel on peut encore se raccrocher pour éviter la marche à reculons que vous avez initiée.