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jeudi 10 juin 2010

Egalitarisme et injustice sociale.

A l'heure où le gouvernement s'apprête à mettre en place un plan qu'il ne veut pas appeler "de rigueur", ce en quoi il a tort (j'ai déjà dit tout le bien que je pensais de la rigueur), un plan qui devrait être "d'austérité", ce en quoi il aurait raison, mais un plan qui ne le sera pas; à l'heure où, pressés en cela par des marchés financiers bien plus pertinents et bien plus sérieux que les dirigeants politiques, tous les gouvernements ou presque se préparent à pratiquer des coupes sombres dans les dépenses publiques (moins cependant en France qu'ailleurs...); à l'heure où beaucoup sont conscients sans le dire que ça ne suffira pas et qu'il faudra bien en passer par une augmentation des recettes; à l'heure où les centrales syndicales, toujours à la pointe de l'hypocrisie "sociale", se cabrent contre les mesures pourtant bien trop homéopathiques du docteur Fillion en matière de retraites; à l'heure où les journalistes, toujours prêts à taper sur le pouvoir en place et à relayer les aboiements des gauchistes pour vendre leur papier, nous servent à tous les plats et à toutes les sauces leur soupe écolo-socialisante; à l'heure où la crise se nourrit de la crise, ou plus exactement du discours lancinant qui la ressasse à longueur de temps, deux serpents de mer reviennent sans cesse dans les discours et dans les commentaires : la justice sociale et les inégalités.

Car, dès qu'il est question d'augmenter une taxe ou un impôt (sans le dire, ça va de soi), dès qu'on envisage de "raboter" des niches fiscales, dès que telle ou telle matière première voit son cours, et donc son prix au détail, augmenter, la même inquiétude réapparaît sempiternellement, lancinante, répétitive, angoissante, oppressante : "Est-ce que ça ne va pas augmenter encore les inégalités sociales ?", "Est-ce qu'on ne pourrait pas trouver un moyen de préserver les plus défavorisés ?", "Comment faire les choses de manière équitable ?" Traduisez "en faisant surtout payer les riches".

Car on a décidément, dans ce pays, une conception bien particulière de l'équité et de la justice ! Est-il juste et équitable de traiter tous les citoyens sur un pied d'égalité ? Est-il juste et équitable qu'un citoyen n'ait pas plus de valeur et d'importance qu'un autre ? Cette égalité inscrite au fronton des palais de la République n'est-elle pas transcendée par l'égalité de traitement entre tous ? Que nenni ! L'égalité, braves gens, ce n'est pas ça ! Pas du tout ! Et ceux qui vous le disent vous trompent ! L'égalité, c'est faire en sorte que tout le monde soit logé à la même enseigne. C'est faire en sorte que tout lemonde ait les mêmes résultats dans son existence, que chacun ne puisse être jaloux de la réussite de son voisin, que chacun ait le même quignon de pain et le même verre d'eau, la même masure et les mêmes loques ! Eh oui, bien sûr ! Puisque l'égalité vue comme cdela, c'est évidemment le nivellement par le bas. C'est ne tenir aucun compte de l'effort des uns et du laxisme des autres. C'est nier le bienfondé des inégalités, justement, quand elles sont le fruit de son travail, ou du travail de ses parents en cas d'héritage.

Cette notion, c'est celle d'une égalité de fait, opposée à l'équité que représente seule l'égalité en droits, celle qui est dans la déclaration des droits de l'Homme, et donc dans la constitution, qui s'en inspire explicitement.

Et toute la confusion, toute la supercherie, la source de toutes les politiques catastrophiques menées depuis des décennies, vient de cette erreur fondamentale, et de la tromperie dont se rendent coupables tous ceux qui en sont parfaitement conscients, mais qui continuent d'en professer le contraire.

Etre équitable, ce n'est pas tenter de rendre articifiellement égaux tous les citoyens. Etre équitable, ce n'est pas taxer les moins pauvres pour distribuer aux plus nécessiteux. Etre équitable, ce n'est pas "voler les riches pour donner aux pauvres". Etre équitable, c'est faire en sorte que chacun ait les mêmes droits et les mêmes devoirs, soit soumis aux mêmes contraintes légales, et bénéficie des mêmes avantages quand il y en a. Etre équitable, c'est justement laisser à chacun la chance de devenir plus riche que son voisin ! Etre équitable, c'est ne pas brimer les uns pour favoriser les autres. Et c'est le contraire de ce que font les gouvernants depuis des décennies.

Car la "justice sociale", ces mots dont se gargarisent tous les constructivistes à longueur de temps, n'est pas cette politique qui consisterait à "aider les plus démunis" en taxant les plus "riches", la "justice sociale", tout au contraire, c'est de laisser à chacun les mêmes chances quelles que soient ses origines, sa fortune et sa condition. Cest de laisser chacun libre d'améliorer son sort, sans punir la réussite en en volant les fruits au profit de ceux qui n'ont pas réussi eux-mêmes. Car la réussite n'est jamais le fruit du hasard. Réussit celui qui fait des efforts, pas celui qui ne fait rien. Sanctionner la réussite, c'est donc sanctionner l'effort. Et c'est cultiver le renoncement et l'immobilisme.

Les différences entre les êtres, et donc entre les citoyens, résultent soit de la naissance soit de la carrière. Elles ne sont en rien injustes par nature. Elles sont justifiées dans la plupart des cas, c'est à dire à la seule exception des situations nées de pratiques frauduleuses. Les situations inférieures des uns ne sont en rien le fait des autres, et les autres, c'est à dire la collectivité, n'en sont en rien responsables. Ils ne doivent donc pas être tenus, ni d'en supporter les conséquences, ni d'y apporter réparation. La solidarité est une valeur extrêmement positive. Elle n'a de sens que si elle n'est pas contrainte.

La "justice sociale", la vraie, ce n'est pas la solidarité obligatoire et forcée. Celle-ci serait (est) au contraire une "injustice sociale" institutionnalisée.

L'interventionnisme forcené qui est le fait de nos dirigeants ne mène qu'à une situation où un nombre toujours accru de personnes considèrent comme un dû des "aides" qui les précipitent dans l'oisiveté, le découragement et le renoncement, où ceux qui font des efforts et qui réussissent se voient de plus en plus taxés pour payer les premiers, et où l'état trouve de moins en moins les ressources qui lui seraient nécessaires pour financer des aides de plus en plus nombreuses et de plus en plus coûteuses.

Le dogme de l'égalitarisme à tout prix nous conduit droit au précipice. Quand serons-nous suffisamment adultes pour le reconnaître, et pour agir en conséquence ?