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Les Modernes y ont ajouté la Liberté
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Affirmons nos libertés !

dimanche 8 juillet 2012

Le peuple a raison.

Ceux qui ont (avaient ?) pris l'habitude de surveiller mon blog, peut-être même en s'abonnant à mon flux RSS, ont dû avoir l'impression que je l'avais abandonné ! Il y a plusieurs raisons à cela.

Primo, j'ai toujours ce manque cruel de temps pour m'y consacrer, et ça n'est pas en voie de s'arranger. La vie d'un retraité qui se veut actif n'est pas un long fleuve tranquille...

Deuxio, je dois bien avouer que l'actualité politique de ce pays, pourtant si riche en évènements ces derniers temps, ne suscitait pas en moi jusqu'ici une envie impérieuse de la commenter, tant sa morosité alliée à l'incompétence du personnel politique et, disons-le, au niveau de réflexion des citoyens d'une part et à la piètre qualité des commentaires médiatiques d'autre part, étaient et sont encore à pleurer...

Alors, pourquoi reprendre la plume aujourd'hui ? Un évènement majeur se serait-il produit susceptible de me sortir de mon long silence ? Ou bien des signes d'un certain réveil de la conscience collective m'entraineraint-t-ils dans leur sillage ? Que nenni.

Mais c'est en fait l'accumulation de signes négatifs, de bourdes et d'évènements qui peuvent pourtant paraître mineurs en eux-mêmes, et aussi (peut-être surtout) une atmosphère générale incroyablement négative, qui me font sortir du bois.

Car "le silence est d'or", dit l'adage populaire, mais le silence est aussi un signe d'acquiescement, voire de complicité. Or complicité et culpabilité ne font qu'un. Ne rien dire quand on n'est pas d'accord avec des actes nuisibles, ne pas dénoncer des comportements dangereux et voire criminels, c'est cautionner ces comportements, et c'est à terme être au moins partiellement responsable de leurs conséquences désastreuses. Je ressens donc comme un devoir de dire ici à quel point j'ai peur pour mon pays, et combien je fustige ce qui se passe et ce qui se trame au plus grand préjudice malheureusement plus que prévisible de mes compatriotes.

Ainsi donc, le peuple a tranché. Mollement il est vrai, mais les Français ont tranché en faveur d'un François Hollande que tout le monde juge pourtant mollasson, qui a la subtile faculté de ne jamais prendre de franche décision, de ne jamais accepter l'affrontement et de préférer faire faire le "sale boulot" par d'autres (que ce soit au PS en son temps, ou que ce soit face à Angela Merkel aujourd'hui, où il a appelé à la rescousse les premiers ministres italien et espagnol, pour ensuite bien sûr tirer seul les marrons du feu et s'attribuer seul tous les honneurs d'une soi-disant "victoire"), mais ils ont choisi. C'est la seule chose qui importe dans une démocratie : le peuple a tranché. Le peuple a décidé. Le peuple est souverain. Le peuple bouffera jusqu'à l'étouffement les conséquences de son choix délirant, mais pour l'heure le peuple a constitutionnellement raison...

Ainsi donc, de manière totalement cohérente (je l'avais prédit autour de moi contre les espoirs insensés de certains de mes amis), le même peuple a donné à son héros du jour une majorité plus que confortable à l'Assemblée Nationale, majorité qu'il avait déjà au Sénat comme dans l'écrasante majorité des collectivités territoriales. Le peuple persiste et signe. Le peuple a voulu un président "de gauche", une majorité parlementaire "de gauche", une politique "de gauche". Il les a. Il les aura pour 5 ans au moins. Il les bouffera pendant 15 ans au moins (eh oui, démolir est plus facile que reconstruire...). Il est (pour l'heure) content. Même si les citoyens les moins crédules commencent déjà à déchanter... Le changement, c'est maintenant. La facture à payer, c'est pour dans pas longtemps. Ca a d'ailleurs déjà commencé ! Maintenant !...

Pour se faire une idée à peu près précise de ce qui attend ce pauvre pays (encore que...), on peut valablement écouter le discours de politique générale de La voix de son Maître.

Jean-Marc Ayrault, devant une assemblée pourtant acquise à l'avance mais à la mine désenchantée, a fait un (trop) long exposé d'une heure trente, une longue litanie incantatoire, sans annonce précise et courageuse d'aucune sorte, mais significative cependant de l'état d'esprit dans lequel se trouve, sans surprise, l'équipe désormais au pouvoir.

Sans surprise, et dans l'optique de ramener le déficit du budget dans les critères auxquels la France (et François Hollande lui-même) s'est engagée, nous n'avons entendu parler que de hausses des impôts et des cotisations sociales, et pas de la moindre mesure réelle de réduction des dépenses.

Sans surprise, J.M. Hérault a parlé d'un "plan d'économie" ou les seules économies, c'est à dire les coupes budgétaires, ne sont que de la poudre aux yeux et seront rapidement battues en brèche, en butte aux dures réalités d'un état socialiste dépensier par nature puisque faisant passer systématiquement l'abstraction idéologique devant l'économie concrète. Les hausses d'impôts et de charges, elles, s'avèreront bien. Et bien plus douloureuses que la présentation édulcorée qui nous en a été faite...

Nicolas Sarkozy, que j'ai pourtant largement critiqué y compris sur ce point, avait engagé un redressement (même timide) de la politique budgétaire avec deux ou trois mesures qui, même insuffisantes, allaient dans le bon sens, mais que la gauche au pouvoir va très rapidement détricoter allègrement comme on ne pouvait que s'y attendre. La baisse des effectifs de la fonction publique pourtant la plus pléthorique d'Europe, la réforme des retraites (même si le président Hollande nouvellement élu a renié gentiment certaines promesses du candidat du même nom), la défiscalisation des heures supplémentaires, pour ne parler que de celles-là, vont allègrement passer à la trappe. Un grand bon en arrière pour une économie pourtant moribonde qui va subir de nouvelles charges propres à l'asphyxier encore un peu plus...

 Car ne nous y trompons pas, les hausses d'impôts promises, qui paraît-il sont conçues pour "faire payer les riches" seront évidemment supportées par le plus gros de la population, par ces "classes moyennes" que le nouveau pouvoir a caressées hypocritement dans le sens du poil tout en sachant parfaitement qu'elles sont le seul réservoir dans lequel puiser pour financer une politique laxiste et dispendieuse. Sans compter les plus bas revenus, qui sont eux-aussi parmi les victimes de cette politique budgétaire, à commencer par la refiscalisation et la retaxation des heures supplémentiares dont je parlais plus haut. "Faire payer les riches", monsieur Hollande ? Vous savez parfaitement que c'est totalement improductif ! Vous ne réussirez qu'à faire fuir les capitaux dont l'économie a tant besoin pour investir. Vous savez d'ailleurs parfaitement que cette fuite a déjà commencé. C'est ainsi que vous avez remis au calendes grecques votre mesure inique de taxation à 75 % des très hauts revenus, mesure qui d'ailleurs avait toutes les chances d'être cassée par le Conseil Constitutionnel.

Pour faire simple, le discours de politique générale de J.M. Ayrault comporte, au plan économique, trois fautes stratégiques majeures que les Français vont devoir assumer pendant de longues années :

  1. Augmenter les impôts plutôt que baisser les dépenses, dans un pays où la pression fiscale et sociale est déjà dramatiquement trop forte, au risque (presque certain) de casser l'activité économique déjà si atone.
  2. Taper sur les classes moyennes et dévaloriser le travail (retaxation des heures supplémentaires et augmentation de la ponction sur l'intéressement et la participation)
  3. Tourner le dos à la compétitivité des entreprises, c'est à dire au moteur économique tout entier, en abolissant une mesure vraiment indispensable et à laquelle il ne fallait toucher sous aucun prétexte, à savoir l'assiette du financement d'une partie au moins du système social, calculée sur la valeur ajoutée en lieu et place de la masse salariale. Et aussi en augmentant encore le coût du travail ("coup de pouce" au SMIC, augmentation des prélèvements sociaux). 
Hollande et Hérault programment un inévitable "décrochage" de la France ! Mais il y a pire encore. Non seulement le gouvernement met sous le boisseau le dernier rapport de la Cour des Comptes, ne s'en servant que pour l'interpréter de manière mensongère et prétendre qu'il fustigerait la gestion de l'ancienne majorité, alors qu'il valide au contraire le redressement engagé des comptes publics et qu'il invite François Hollande à poursuivre dans la même direction, mais encore une sénatrice socialiste se permet de critiquer la Cour des Comptes en tant qu'institution même ! Et je ne peux pas imaginer qu'elle l'ait fait de son seul chef. A noter d'ailleurs que personne dans les sphères du pouvoir ne l'a contredite ni ne l'a remise à sa place...

Le rapport de la Cour des Comptes est clair : il faut réduire les dépenses publiques, améliorer la compétitivité, rééquilibrer les comptes sociaux et inscrire une règle d'or dans la Constitution. Le gouvernement actuel s’apprête à faire exactement le contraire...

En réaction à ce rapport, Marie-Noëlle Lineman, sénatrice socialiste, a réagi énergiquement. Extraits :
  • « Je ne le trouve pas très fécond dans les propositions » (en parlant de Didier Migaud, le premier président de la Cour des comptes). « On a l’impression que la Cour des comptes veut régler à la place des Français les choix politiques qu’ils ont fait »

    Autrement dit, il faut ne tenir aucun compte de l'avis des Sages de la rue Cambon au motif que le peuple est seul souverain, et donc qu'il a raison par principe. Par droit divin, peut-être ?...
  •  « Vous entendez la Cour des comptes vous dire qu’il faut augmenter la TVA et la CSG mais les Français ne l’ont pas voulu. Il vous dit (Didier Migaud) qu’il faut réduire brutalement les embauches et les évolutions de salaires. Je ne crois pas que ce soit ce que les Français ont souhaité, ils ont fait d’autres choix ».

    En effet, ce ne sont pas les Français qui l'ont demandé, mais Bruxelles, l'Allemagne d'Angela Merkel (que François Hollande veut faire payer pour toutes les erreurs des autres Européens), et la Cour des Comptes, qui disent de concert que la France n'a pas les moyen de se payer des danseuses idéologiques...
  • « Le politique n’est pas là pour être à la botte de la Cour des Comptes ».

    Certes, mais le politique est "à la botte" des citoyens, et leur est redevable de ses actions, dont la Cour des Comptes est le juge institutionnel... 
Pour conclure sur le chapitre économique, le nouveau pouvoir engage malheureusement notre pays sur la voie de l'hérésie budgétaire, conséquence de l'idéologie socialiste. La France est en train de devenir une URSS 2.0, mais sans la puissance économique qui lui permettrait de financer ses erreurs stratégiques. Diriger un pays en ne suivant que la droite ligne d'une idéologie, quelle qu'elle soit, sans tenir compte des réalités et en ignorant le simple bon sens, c'est mener ce pays à la ruine de manière certaine.

La France était déjà mal en point; elle a à son chevet une équipe dont les "soins" ne feront qu'aggraver son mal. Les jours à venir s'annoncent bien sombres, non seulement pour la France dans le concert des nations, mais encore bien plus pour les Français eux-mêmes, qui n'ont pas fini de payer les pots cassés.

Sommes-nous voués à subir le sort de plusieurs autres pays du sud de l'Europe (Italie, Espagne, Grèce, et maintenant Chypre) ? Nous avons pourtant un potentiel qui nous permettrait d'échapper à ce triste sort ! A condition toutefois de faire les bons choix. Nous avons pris une autre option...

Et sur le plan institutionnel, le tableau n'est pas plus rose. Je ne citerai que deux mesures emblématiques du renoncement aux valeurs de la République et à la culture ancestrale de notre pays :
  • Le mariage homosexuel.

    Pour faire plaisir à certains de ses amis, sur lesquels il s'est appuyé durant sa campagne électorale et sans lesquels il n'aurait sans doute pas été élu, et donc pour leur "renvoyer l'ascenseur", François Hollande va briser net le socle sur lequel repose depuis plus de deux mille ans la conception de la cellule de base de la société, à savoir la famille.

    Une famille, en droit comme du point de vue de nos valeurs morales ancestrales, c'est un couple hétérosexuel, autrement dit un homme et une femme, et leurs enfants. Demain, avec la réforme Hollande, ce schéma volera en éclats. Il s'agit ni plus ni moins d'une mise à sac de nos valeurs !
  • Le vote des Etrangers aux élections locales.

    Pour des raisons similaires, François Hollande veut déposséder les Français d'un élément essentiel de leur citoyenneté. La citoyenneté et la nationalité vont de paire et sont indissociables.

    Une première entorse à ce principe a déjà eu lieu, avec le droit de vote donné aux ressortissants de la Communauté Européenne. Dans l'optique d'une Union Fédérale Européenne à venir, dont on entend reparler ces temps-ci (ce dont je me garderai bien de me plaindre), cela peut se concevoir. Mais ce même droit de vote donné aux Etrangers non communautaires témoigne d'un mépris profond de la notion même de citoyenneté.

    Demain, Françaises, Français, vous n'aurez plus le droit élémentaire de choisir seuls votre Maire et vos Conseillers. Vous devrez compter avec la volonté de personnes, peut-être respectables, sans doute habitant votre commune de longue date, mais qui n'auront pas pris l'engagement solennel de respecter la République en choisissant d'être Français, et qui donc n'auront aucune obligation morale à votre égard, mais qui décideront à égalité de droits avec vous. C'est insupportable et c'est un affront.

    L'argument principal de ceux qui défendent cette réforme est de dire qu'il serait anormal que les Etrangers présents sur le territoire depuis plusieurs années, qui ont payé leurs impôts en France, qui ont travaillé et participé à l'économie française, soient exclus de décisions qui les concernent directement. Cet argument est fallacieux.

    Si ces personnes se sentent tellement attachées à notre pays, si elles l'aiment à ce point qu'elles tiennent à participer à la chose publique, alors que ne demandent-elles pas la nationalité française ? Dès lors qu'on leur aura accordée, elles participeront de plein droit, en tant que citoyen français, à tous les scrutins ! Mais dans le même temps, elles auront les mêmes devoirs à l'égard de notre pays que les Français de naissance.

    Les notions de droits et de devoirs sont intimement liées. Demander les droits liés à la nationalité française sans en accepter les contraintes et les devoirs est un affront à l'égard du peuple qui les accueille. Et c'est surtout un affront à l'égard du principe le plus élémentaire de la République : la citoyenneté.

    Heureusement, pour faire passer cette réforme scélérate, François Hollande aura besoin d'une majorité des 3/5 au Congrès, et il ne l'a pas. A moins bien sûr qu'un nombre suffisant de parlementaires de l'opposition ne viennent lui prêter main forte. On a malheureusement déjà vu des actes de félonie de ce genre se produire dans le passé...

    Qui vivra verra. En attendant, le peuple est souverain, et donc le peuple a raison.

    Ce peuple qui a raison, subira avec raison les conséquences de ses choix. Il n'y a pas grand chose d'autre à dire...

jeudi 22 mars 2012

Contre qui allez-vous voter ?

Voilà la seule question sensée, qu'aucun institut de sondage n'a pourtant jamais posée. Et pourtant, si vous demandez à quelqu'un pour qui il se prépare à voter et si, comme moi, aucun candidat en lisse ne correspond à ses aspirations, que voulez-vous qu'il vous réponde ? La question n'a pas de sens, pour un grand nombre d'électeurs. Et pas seulement ceux qui voteront blanc le 22 avril !

Alors, je gage que, sinon la majorité du moins une grande proportion des sondés, soit répond à peu près n'importe quoi, soit répond qu'il s'abstiendra. Et c'est une des explications du fait que les sondages se trompent presque à coup sûr...

En réalité, non seulement le mode de scrutin embarrasse un nombre croissant d'électeurs, mais encore une proportion non négligeable de ceux-là se réfugient, scrutin après scrutin, dans l'abstention. Car si, comme c'est mon cas et ce n'est pas la première fois, aucun candidat ne répond à ses attentes, l'électeur n'a d'autre choix que de voter pour celui qui lui déplaît le moins, de s'abstenir, ou de voter blanc. Dans le premier cas, il vote quasiment contre sa conscience, et dans les deux derniers son vote n'a strictement aucune valeur quant au résultat. Quand on voit le pourcentage des abstentionnistes, on peut facilement en déduire que le vote des Français est totalement faussé, ce qu'André Bellon résume d'une formule laconique mais O combien conforme à la réalité : "La démocratie confisquée".

Car dans l'état actuel de la loi électorale, voter blanc n'est reçu que comme une manière hypocrite de s'abstenir sans le dire. Or, pour une majorité de ceux qui votent blanc, ce vote-là a une signification bien réelle : cela revient à dire qu'aucune des options proposées ne séduit l'électeur. Cela signifie en substance "Je ne vote pour personne, car personne ne me convainc". Et ça na rien à voir avec une abstention !

Si la classe politique n'avait pas peur du peuple souverain, et si le personnel politique avait réellement le souci de s'en remettre au verdict des électeurs, il aurait le courage de lui donner réellement et totalement la parole, en acceptant de ne se considérer élu du peuple qu'après avoir reçu l'assentiment de la majorité des citoyens. Un seul homme dans l'Histoire s'est comporté de cette manière honnête, à savoir Charles de Gaulle. Lui seul a réellement respecté le suffrage universel, en déclarant haut et fort qu'il avait besoin de la majorité des électeurs, et non pas de celle des seuls votants.

Quant à moi, je pense néanmoins que les abstentionnistes n'ont pas voix au chapitre, et que donc il faut faire un distingo clair entre l'abstention et le vote blanc. Voter blanc, je l'ai dit plus haut, ce n'est pas s'abstenir, ce n'est pas dire qu'on se fout du résultat, c'est dire qu'on n'accepte aucune des solutions proposées. Et ça n'a rien à voir...

Je préconise donc un mode de scrutin dans lequel on prendrait en compte les votes blancs et nuls en actant que, pour être élu, il faille obtenir les suffrages de plus de 50 % des votants, et non pas des seuls suffrages exprimés. La conséquence mécanique serait que, même à l'issue du second tour de scrutin, aucun candidat ne soit éventuellement élu, et qu'il faille organiser une nouvelle élection ! Et alors ? Où est le problème ? Est-il préférable d'avoir pour président un homme ou une femme qui n'a pas obtenu la majorité ? Juste pour être sûr d'avoir un "gagnant" ? Ce n'est pas mon opinion. La volonté du peuple, c'est la volonté de la majorité des citoyens. Pas d'une minorité vainqueur par défaut, en quelque sorte faute de combattant...

Mais voilà, cette hypothèse est pour aujourd'hui une utopie, et il faut bien faire avec la loi telle qu'elle existe ! Il faut donc se satisfaire de ne pas pouvoir dire qu'on refuse autant Hollande que Sarkozy, Bayrou que Marine ou Eva, Mélanchon qu'aucun des quatre autres rigolos qui s'offrent à nous. Il faut se satisfaire d'être contraint de voter pour un pis-aller, et en d'autres termes de prétendre être pour quelqu'un alors que l'on n'est que contre l'autre... Se satisfaire du choix du moindre mal, au risque de cautionner par avance une politique néfaste pour la France et pour les Français...

Et donc, se conduire en citoyen responsable en 2012, ce sera voter comme "par défaut" pour celui dont les intentions sont les moins nocives à défaut d'être les plus sérieuses.

En 2007, et je n'en ai pas fait mystère sur ce blog, j'ai voté pour un homme que je croyais plutôt libéral, qui avait un discours très proche de mes convictions, et qui de surcroît me semblait avoir le charisme et le volontarisme nécessaires pour "renverser les colonnes du temple" et imposer des réformes que j'appelais (et que j'appelle toujours aujourd'hui) de mes vœux. En 2007, j'appelais à voter Sarkozy non seulement parce que Ségolène Royal était de toute évidence une option désastreuse, mais également parce que le candidat de l'UMP semblait posséder à la fois un programme très positif et l'énergie nécessaire pour le mettre en œuvre. En 2007, j'ai voté par empathie pour un homme dont je n'hésite pas à dire, 5 ans plus tard et de manière quelque peu triviale, qu'il m'a fait très largement cocu...

Nicolas Sarkozy, c'est entendu, a bousculé le ronron somnolent de l'ère chiraquienne, a réalisé, comme il aime à le dire, "plus de réformes en 5 ans que ses prédécesseurs en 40 années", mais ces réformes dont il parle n'ont été, sur les sujets les plus importants et les plus difficiles, que des "réformettes" très éloignées de l'ambition qu'il affichait dans ses discours de campagne.

Un exemple ? Le "service minimum" dans les transports publics, qui se résume à un préavis de grève individuel, qui certes réduit considérablement la chienlit collective, d'origine cégétiste ou autre, que nous connaissions précédemment, mais qui n'a rien d'un véritable service minimum au bénéfice des usagers des transports publics. Un service minimum serait l'obligation pour les agents des services publics (et pas seulement les transports), d'assurer les dits services publics de manière peut-être minimale, mais suffisante.

Un autre ? Cette "Révision Générale des Politiques Publiques", un titre ronflant qui devait répondre aux préconisations du rapport Attali (je n'aime pas le bonhomme, mais en l’occurrence ses propositions étaient sensées), et qui se résume grossièrement au non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite et au remplacement des conseillers régionaux et des conseillers généraux par des conseillers territoriaux. Deux mesures positives en soi, mais totalement insuffisantes. Il fallait au minimum imposer aux collectivités locales une cure d'amaigrissement équivalente à celle de l'état central et, faute de supprimer les départements, au minimum fusionner les administrations régionale et départementale. Les vraies "économies d'échelle" indispensables étaient là !

Et je pourrais lister comme ça des dizaines de ratages, en particulier en matière de libertés individuelles, liberté d'entreprendre, liberté d'enseigner, liberté du temps de travail, liberté des rémunérations, etc, etc. La liste est longue des promesses non tenues.

Alors, me demander aujourd'hui de voter pour Nicolas Sarkozy ne mériterait qu'un haussement d'épaules s'il existait face à lui une option susceptible de rectifier ses erreurs, pour ne pas dire ses trahisons.

Seulement voilà ! Qu'avons-nous face à lui ? Je passe évidemment sur les candidatures fantaisistes, et tout aussi évidemment sur les candidatures extrémistes, lesquelles d'ailleurs ne sont pas moins fantaisistes sur la plupart de leurs options. Quand on a fait le tri, il reste trois candidats qui méritent l'attention, et trois seulement. Outre le président sortant, nous avons le choix entre un François Bayroux dont les positions ne sont pas toutes idiotes, mais la plupart du temps évoquent une République du Bisounoursland, et un François Hollande enferré dans l'idéologie et les contradictions socialistes. Il semble bien en outre de plus en plus acquis que le deuxième tour doive se jouer entre Sarkozy et Hollande, et donc que nous n'ayons le choix in fine qu'entre ces deux-là. Qu'il faille donc rechercher entre eux-deux quel est, non pas le meilleur choix, mais le moindre mal...

Or, le catalogue de propositions du candidat Hollande ne sont vraiment pas de nature à relever le gant ! Florilège.

Au chapitre des dépenses :

- 150 000 "emplois d'avenir" dans la fonction publique
- 60 000 postes supplémentaires dans l'Education Nationale
- création de 1 000 postes par an dans la police, la justice et la gendarmerie
- Arrêt du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite
- Retour à la retraite à 60 ans
- 20 milliards d'euros de plus pour le financement des "priorités" (sic.)

Au chapitre fiscal :

- Nouvelle tranche à 45 % pour les revenus au-dessus de 150 000 € par part
- Nouvelle tranche à 75 % pour les revenus au-dessus de 1 000 000 € par an
- Relèvement de l'impôt sur la fortune
- Augmentation des cotisations chômage sur les "emplois précaires"
- Augmentation de l'impôt sur les sociétés pour les grandes entreprises

Au chapitre financier :

- Séparation autoritaire des activités bancaires
- Interdiction de certains produits dits "toxiques"
- Surtaxation de 15 % des bénéfices des banques
- "Encadrement" des bonus
- Création d'une banque publique d'investissement pour concurrencer les banques privées

Je m'arrête là. La liste est trop longue des mesures qui augmentent considérablement les dépenses publiques, alourdissent non moins considérablement les prélèvements obligatoires (sans pour ça compenser, loin s'en faut, le point précédent), accentuent significativement l'interventionnisme de l'état sur les entreprises, incitent par nature à la fuite des capitaux hors de France, hypothèquent gravement l'indépendance énergétique du pays (fermeture des centrales nucléaires), affaiblissent la position de la France en Europe (reniement unilatéral des traités déjà signés), déssaisissent les Français de leurs prérogatives liées à la nationalité (droit de vote aux Etrangers), ouvrent grandes les portes à l'immigration sauvage (régularisations massives des clandestins), etc, etc...

Puisque je suis obligé de choisir l'un ou l'autre, puisque le seul choix raisonnable est celui du "moindre mal", alors oui, le 22 avril comme le 6 mai, je mettrai dans l'urne un bulletin "Nicolas Sarkozy"...

Tous les commentateurs en déduiront que j'ai voté pour lui. Aucun n'aura raison. Je n'aurai pas voté pour le président sortant, mais contre le candidat socialiste, force d'inertie par nature et arme de destruction massive par consensus mou, j'ai nommé François Hollande.

Et vous, contre qui voterez-vous ?

jeudi 19 janvier 2012

Sommet social

Voilà la grande affaire qui occupe nos écrans ces jours-ci, et qui donne une bonne occasion à Nicolas Sarkozy de faire parler de lui tout en donnant l'impression de s'occuper de nous de manière positive, et aux "partenaires sociaux" de réaffirmer avec force leurs vieux poncifs.

Rien de bien nouveau dans tout ça. Comme d'habitude la vieille rengaine de ceux qui, d'un côté se contentent de vœux pieux déguisés en promesses électorales, et de l'autre se livrent à l'éternelle surenchère de revendications aussi irréfléchies qu'impossibles à mettre en place, surtout dans une économie malade comme celle dans laquelle nous sommes, en France comme en Europe et comme dans tout l'Occident...

L'un de mes correspondants m'a résumé assez clairement la situation dans ces termes :
"Je suis épaté par les plans de nos chers élus, NS en tête.
Selon eux, le problème est la compétitivité, due au chômage. Donc on va réduire les charges des entreprises pour qu'elles embauchent. Et on va embaucher 1000 pôle-emploi pour obliger les entreprises à embaucher.
Ces gens là n'ont aucune idée de ce qu'est l'économie, ou alors c'est moi. Je répète : la richesse d'un pays ce n'est pas sa consommation, ce sont les exportations, et les non importations de ce qu'on peut produire en local. En tout cas c'est ce qu'ils font en Allemagne.
Forcer des embauches, pour quoi faire ?.. Faire baisser le nombre de chômeurs ? Les petites entreprises veulent du travail et pas du personnel en plus, qu'elles ne pourront plus débaucher ensuite..."
Plutôt que de lui répondre directement, ce que j'avais commencé à faire, je préfère publier ici ma réponse pour en faire profiter mes lecteurs.

Je suis plutôt d’accord avec cette analyse.

Mais en France (et apparemment dans d’autres pays aussi.Voir les fameux PIIGS), on a pris l’habitude de soigner les conséquences avant de s’attaquer aux causes. Et comme c’est une habitude qui date de longtemps déjà, on a complètement oublié ce qu’était la notion même de cause… Ca équivaut, dans un autre domaine, à se concentrer sur la trésorerie sans s’occuper des comptes de gestion. C’est exactement comme ça que fonctionne Bercy, et avec lui les TPG. Et donc aussi les administrations locales. Quand on a de l’argent, on le dépense. Et quand on n’en a plus, on en réclame (à l’état ou directement au contribuable). C’est comme ça que les budgets enflent, les impôts avec, et les déficits aussi…

Pour en revenir au chômage, quand on aura enfin compris qu’il ne sert à rien de seulement créer des emplois artificiels, on aura fait un grand pas. Ce ne sont pas les emplois créés qui « soignent » le chômage, ce sont les emplois nécessaires. Si les entreprises avaient besoin d’embaucher pour faire du chiffre d’affaires, et donc des bénéfices, elles n’hésiteraient pas à le faire. A condition toutefois d’être sûres de pouvoir revenir en arrière si le besoin disparaît. Mais c’est une autre affaire.

C’est donc l’activité économique qui crée les emplois, et pas les emplois qui créeraient de l’activité par le jeu de la consommation intérieure. La consommation nourrit essentiellement les importations, pas l’activité.
Pour créer de l’activité économique, il faut vendre, et essentiellement vendre à l’étranger puisque les produits de consommation courante sont, au moins dans un premier temps c'est-à-dire aujourd’hui, moins chers quand on les achète à l’étranger que quand on les produit ici.

Et pour vendre, surtout à l’étranger, il faut vendre à des prix compétitifs. Pour vendre à des prix compétitifs, il faut produire à des prix compétitifs, et pour produire à des prix compétitifs dans un monde où la plus grande part du prix de revient est à base de main d’œuvre, il faut diminuer le coût du travail.

Mais il faut aussi que les gens qui travaillent pour produire aient aussi les moyens de vivre, c'est-à-dire de payer les produits qu’ils achètent. Il faut donc que la plus grande partie de ce qu’ils coûtent à l’entreprise se retrouve dans leur propre poche.

Travail moins cher et salaire net plus élevé, telle est donc l’équation. La solution ? Réduire au minimum tout ce qui n’est pas du salaire net dans le coût du travail, c'est-à-dire les charges « sociales ». PART SALARIALE COMME PART PATRONALE. Pour y parvenir, il n’y a que deux solutions, à mettre en œuvre simultanément : réduire le coût des aides sociales (et donc les aides elles-mêmes) et les financer autrement qu’en ponctionnant les salaires..


Les « charges sociales », je l'ai déjà dit, ne sont que des taxes qui ne veulent pas dire leur nom. Les caisses sont en déficit chronique, et le déficit des caisses est pris en charge in fine par le budget de l’état. Il apparaitrait donc tout à fait logique de faire passer le financement global de la politique sociale sur l’impôt. Le basculement de la part salariale de la cotisation de Sécurité Sociale sur la CSG était un premier pas qui est allé dans le bon sens. Il faut aller jusqu’au bout de la logique, et faire la même chose pour les autres charges, y compris la part dite « patronale » (qui en fait est évidemment supportée par le salarié sous forme de réduction de son salaire brut !...)

Reste à décider la nature de la nouvelle assiette. Taxer la consommation semble être une solution logique et rentable. Logique parce qu’elle fait participer tous les citoyens, y compris les bénéficiaires des aides sociales dont nous parlons, ce qui n'est que justice, et rentable car elle fait participer autant les produits importés (au contraire d’aujourd’hui) que les produits fabriqués localement.

Tout ce qui pourra être dit et/ou décidé en-dehors de cette équation fermée ne sera que littérature, et blabla inopérant. On tourne autour du pot depuis plusieurs décennies. Tant qu'on ne comprendra pas qu'il faut être rigoureux pour survivre, on ira droit à la catastrophe.

Je n'ai malheureusement pas beaucoup d'espoir de voir nos chers "partenaires sociaux" admettre cette pourtant éclatante évidence, et encore moins les pouvoirs publics imposer un tel chambardement dans les comportements, à 100 jours d'une échéance électorale majeure. Tout ce qui pourra ressembler aux yeux des myopes à "un cadeau fait aux puissants" sera repoussé avec véhémence, même par ceux qui auront compris qu'il n'en était strictement rien. Tout ce qui pourra ressembler au contraire, aux yeux des mêmes, à un "progrès social" au bénéfice des soi-disant défavorisés, sera mollement applaudi comme un pis-aller. On a l'habitude...

Et c'est ainsi que depuis plusieurs décennies l'on refuse de faire les réformes nécessaires, que l'on asphyxie l'économie en ponctionnant abusivement ceux qui produisent, et que l'on se sert de ces vols et rapines pour arroser de manière parfaitement démagogique ceux dont on pense qu'ils constituent un réservoir électoral. Sans s'apercevoir, ou en faisant semblant de ne pas voir, que non seulement ces voix-là ne vont pas où l'on voudrait, mais qui plus est que les "heureux bénéficiaires" des largesses électoralistes s'enfoncent irrémédiablement dans la pauvreté, même si une telle gestion déplorable des fonds publiques ne peut que mener le pays tout entier à une catastrophe économique devenue maintenant imminente...