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lundi 31 mai 2010

Martine Balsamo versus Nicolas Madoff

Je n'ai jamais cautionné, et je ne cautionnerai jamais, les insultes ad hominem. C'est pourquoi, dès le prime abord, je condamne les propos de Martine Aubry à l'égard du Président de la République, quand elle l'a comparé samedi à Bernard Madoff. Elle a beau se débattre depuis, nier (tout en enfonçant le clou), dans une attitude qui trahit toute la nervosité qui la caractérise ces temps-ci (peut-être sa santé est-elle fragile ? Ce pourrait être une excuse. Je ne sais pas), elle a beau se démener pour se sortir du mauvais pas où ses propos l'ont précipitée, Martine a bel et bien insulté Nicolas ! Voici un nouvel épisode de la saga politicienne de série B que la République Démocratique de France produit et que les médias diffusent à profusion depuis des mois. Il est vrai que ça fait de l'audience, les séries B ! On avait plus l'habitude de les voir produites outre-Atlantique, mais celle-ci est bien franco-française et ça fait chaud au coeur de s'apercevoir que le Vieux Continent est tout à fait capable d'égaler (de dépasser ?) le Nouveau Monde quand il s'agit de ... se foutre du monde.

Car enfin, le pays est dans une m... noire, le déficit est abyssal (on n'arrête pas de le dire), les caisses de retraites sont en quasi faillite, le chômage persiste et signe (à l'inverse du ministre Wauthier qui ne veut pas l'admettre, ce matin encore sur France 2), et qu'est-ce qui est important dans tout ça ? Qu'est-ce qui intéresse les Français ? Si on en croit les médias, ce qui compte avant tout, outre le foot et l'Euro 2012, ce sont les escarmouches verbales entre les deux formations socialistes du pays, le PS à gauche et l'UMP à droite ! La Grèce est en faillite, quatre autres pays sont dans le colimateur des agences de notation, l'Espagne par exemple a vu sa note dégradée la semaine passée, les marchés sont fébriles et renâclent à participer à la gabegie européenne (on les comprend), la France, vu l'importance de son déficit structurel, ne mérite pas sa note AAA qui, soyons-en certains, ne résistera pas longtemps malgré le lobbying de Paris, mais tout ça, les Français s'en fouteraient ! Ils seraient uniquement passionnés par les engueulades médiatiques de nos rigolos officiels ! Eh bien, je prétends que non, que les Français sont moins cons que ça, et que les rigolos en question se prendront tout ça en pleine face à la première occasion, à savoir au plus tard dans 2 ans...

Après cette parenthèse importante, j'en viens au coeur de mon propos. Tout d'abord, pourquoi, malgé les dénégations de la susnommée Martine, ses propos sont-ils bel et bien une insulte ? Pour mémoire, Bernard Madoff purge actuellement une lourde peine de prison aux USA à cause de ce qui est considéré comme la plus grosse escroquerie de l'après-guerre : ce que l'on appelle une "pyramide de Ponzi". Il promettait à ses clients des placements aux rendements juteux, empochait l'argent sans le placer du tout, et rémunérait ses anciens investiseurs avec l'argent des nouveaux entrants. C'est un système vieux comme le monde, mais qui s'écroule inévitablement dès que les nouveaux clients ne sont plus assez nombreux ou que les anciens demandent à récupérer "leurs billes". C'est ce qui s'est passé lors de la crise de 2008, et qui a fait tomber notre homme. On a alors découvert avec stuppeur que cet ancien administrateur du Nasdaq, au dessus de tout soupçon, avait berné y compris de grands établissements financiers, et avait détourné plusieurs dizaines de milliards de dollars. Comparer le chef de l'état à un escroc de cette envergure, c'est sous-entendre que lui et son gouvernement bernent les citoyens de la même manière. Et c'est intolérable.

Tellement intolérable que toute la classe politique ou presque s'indigne des propos de la Première Secrétaire du PS, la majorité comme l'opposition.

Mais je vais apporter un bémol à ce choeur de vierges effarouchées : si, je le répète, il n'est pas tolérable d'insulter le chef de l'état avec des sous-entendus mensongers, le propos n'est pas complètement dénué de sens si on remplace le Président par le système qu'il préside et qu'il défend bec et ongles, en contradiction d'ailleurs avec ses promesses de "rupture" lors de sa campagne électorale de 2007 !

Je viens d'expliquer plus haut ce qu'est une "pyramide de Ponzi". Réfléchissons maintenant deux secondes à ce qu'est le système de retraites par répartition qui est le nôtre. Avec la promesse de rendements plus qu'honorables, on "propose" aux gens de cotiser leur vie active durant des sommes plus ou moins importantes (plutôt plus que moins). J'ai mis des guillements au verbe "proposer" dans la mesure où, circonstance aggravante, ces cotisations sont obligatoires. Les gens, donc, cotisent pendant toute leur carrière dans une structure, structure qui est sensée leur servir ensuite une rente viagère avec un taux de rendement honnête. Dans les faits, la structure en question (la caisse de retraite) ne place aucunement cet argent, et la rente des anciens cotisants (les retraités) est payée par les cotisations des nouveaux inscrits (les actifs). C'est très exactement le même schéma. Et comme c'est exactement le même schéma, ça s'écroule exactement de la même manière, au moment où il n'y a plus assez de cotisants et que les rentiers réclament leur dû. Le système de retraite par répartition est donc bel et bien une "pyramide de Ponzi", c'est à dire un placement Madoff, c'est à dire une escroquerie. Et la précitée Martine aurait donc eu parfaitement raison de dire ce qu'elle a dit si elle s'en était prise au système au lieu de s'en prendre au Président.CQFD.

Au lieu de cela, notre Martine nationale soutient parallèlement, et de manière véhémente, un projet qu'elle présente comme une panassée alternative à la politique menée par le même Président et par son gouvernement. Croyez-vous que ce projet, celui du PS, prend le contrepried de l'escroquerie que je viens de dénoncer ? Que nenni ! Bien au contraire, il s'agit de réaffirmer les bienfaits de ce système mafieux, en l'amplifiant encore et encore...

Le gouvernement prétend (sincèrement ou pas, c'est une autre affaire) équilibrer le système en allongeant le temps de cotisation, c'est à dire mathématiquement, sur une période donnée, en augmentant le nombre de cotisants et en diminuant le nombre de bénéficaires.

Notre Martine, elle, a trouvé plus cohérent (et sans doute, en tout cas, plus bénéfique pour ses intérêts électoraux) de souscrire à une autre forme d'illusion : celle de Cagliostro, autrement nommé Joseph Balsamo. Esotérisme, magie, alchimie, autant de mots qui attirent et qui fascinent. Et c'est bien à une nouvelle alchimie très particulière que prétend se livrer la Dame des Trente Cinq Heures. Schématiquement, et puisqu'elle s'interdit par dogme incontournable d'agir sur le nombre de "bénéficiaires" de la pyramide, elle propose d'agir sur l'importance de la soulte. Ce qui revient à tenir à ses victimes le langage suivant : "Payez beaucoup plus pour toucher presque autant. Ainsi, vous toucherez plus tôt.". Et pour rendre l'illusion plus magique encore, elle se propose d'en faire payer d'autres, extérieurs au système et qui ne toucheront donc rien du tout ! Là c'est vraiment génial, pour le coup. Et ça ne peut que séduire les gogos. Chapeau l'artiste !

Seulement voilà, ce raisonnement ésotérique et totalement irréaliste, comme l'est d'ailleurs l'ensemble du projet câlin des socialistes, ne résite pas à une analyse sérieuse. Prendre beaucoup d'argent "aux riches" pour financer les retraites des "pauvres", ça peut être comptablement imparable à très court terme. Mais très vite il n'y aura plus de "riches", et donc plus d'argent pour les "pauvres". Soit que les "riches", pas assez "riches" pour supporter la chose, ne seront plus "riches", soit qu'ils aient fui la pompe à fric, c'est à dire le pays, ce qu'on ne saurait leur reprocher de bonne foi...

Les naïfs, cependant, se laisseront prendre au discours. Il n'est pas d'exemple de supercherie qui ne réussisse, au moins en partie et au moins un certain temps. Espérons qu'ils ne seront pas trop nombreux. Espérons-le pour eux. Espérons-le pour nous tous également, car ces naïfs-là sont aussi des électeurs. Et si le choix est difficile entre un Ponzi-Madoff et un Cagliostro, il est déjà plus aisé entre une pyramide bancale et une qui s'écroule tout de suite. Les deux s'écrouleront. La première tiendra juste un peu plus longtemps. Le temps, souhaitons-le, de trouver mieux qu'un illusionniste...

A lire aussi, l'article d'Alain Dumait chez Le Cri du Contribuable

9 commentaires:

  1. Quel beau texte.....
    Quel pamphlet contre celle que vous appelez un peu dédaigneusement "notre Martine nationale"....

    Ceci dit, vous oubliez - évidemment- vous le libéral pur et dur, que ce n'est pas Martine qui a inventé le système de retraite par répartition mais le Conseil National de la Résistance.
    Et c'est bien grâce à ces Résistants, qu'aujourd'hui vous pouvez à longueur de bloc-notes écrire vos (fadaises) pensées que vous pensez iconoclastes......

    Et vous, que les RICHES fascine, expliquez nous avec quelles "cotisations" ils financent leurs retraites chapeau ????
    Vous qui n'arrêtez pas de nous expliquer que les impôts sur le revenus sont, au minimum du vol, au pire de la spoliation et/ou du racket..., vous ne nous dites jamais que les actionnaires (et les salariés) sont carrément spoliés par ces retraites chapeau et autres bonus....

    Vous m'étonnerez toujours par vos positions à l'emporte pièce....

    jf.

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  2. Je suis toujours étonné que vous continuiez à vous intéresser à mes "fadaises". Quant à moi, il y a longtemps que j'ai cessé de m'intéresser aux vôtres ! Mais vous serez cependant toujours le bienvenu ici, mon cher Jacques...

    Mon billet n'est pas d'un pamphlet contre Martine Aubry. Il s'agit d'une réaction à une de ses saillies qu'elle croit pertinentes et qui ne le sont presque jamais. Mais il s'agit surtout de montrer que si la politique de Sarkozy tient de l'escroquerie, ce que tend à insinuer son discours, celle prônée par le PS ne l'est pas moins. Selon moi, Martine ne mérite pas que l'on prenne la peine d'écrire un pamphlet contre elle. Il faudrait pour celà qu'elle ait une véritable importance, autre que celle qu'elle tente de se donner.

    Sur le fond, je n'ai jamais prétendu que c'était la Martine de Lille, ni même le parti socialiste, qui avaient inventé le système par répartition. Il fait partie des décisions prises à la hâte dans l'immédiat après-guerre, ces décisions qui ont fait naître cet Etat-Providence qui est la cause principale de la situation désastreuse dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui, avec un endettement que nous ne serons, de toute évidence, pas plus capables que les Grecs de résorber.

    Et ne dites surtout pas que c'est "grâce à ces Résistants" que je peux aujourd'hui bénéficier d'un revenu qui me permettrait, selon vous, une aissance suffisante pour avoir le temps d'écrire Ce que je crois ici. Par parenthèse, je n'ai jamais dit que mes pensées étaient "iconoclastes". Je ne détruits hélas aucune idée, pas même celles que vous appelez "de gauche". Je ne fais que les combattre, et je ne suis heureusement pas le seul...

    Pour en revenir à l'oeuvre législative des Résistants dont vous parlez, sachez que si j'avais placé à titre privé les sommes que l'état m'a soutirées tout au long de ma carrière, je bénéficierais aujourd'hui d'une retraite deux fois et demi supérieure à celle que je touche. Et je ne suis pas le seul dans cette situation : c'est le lot de la très grande majorité des retraités actuels, et ce sera assurément le lot de tous les retraités de demain...

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  3. Je ne sais où vous avez pris que "les riches" me "fascinent" ! Cela vient sans doute du fait que je m'insurge quand on les ponctionne comme des vaches à lait en prétendant régler ainsi tous les problèmes dus à l'incurie des politiques sociales et fiscales. Ce n'est pas être fasciné, mon cher Jacques, ce n'est que réclamer la justice sociale. La vraie : celle qui traite tous les citoyens de la même manière.

    Concernant les "retraites chapeau", je vous soupçonne de savoir parfaitement comment elles sont financées. Si ce n'est pas le cas, vous trouverez l'information ici, et aussi .

    Ensuite, dire que les actionnaires et les salariés sont spoliés par l'existence de ces retraites supplémentaires est une contre-vérité. Elles font tout simplement partie de la rémunération des dirigeants concernés, tout comme vos cotisations de retraite (salariales comme patronales), ou votre voiture de fonction quand vous en avez une, font partie de votre salaire. C'est seulement un mode de rémunération particulier, un point c'est tout. Ca n'ampute pas plus les bénéfices de l'entreprise que les autres avantages, et donc ça ne "spolie" absolument pas les actionnaires. Ou alors, il faut considérer que les congés payés les "spolient" tout autant !

    Quant aux salariés de l'entreprise, ils ne seraient "spoliés" que si on considérait que les salaires représentent la partie des bénéfices qui leur est destinée. C'est la conception autogestionnaire de l'entreprise, qui n'est heureusement pas la loi en France. Le salaire n'est pas du tout la part des bénéfices qui revient au salarié, il est la contrepartie du travail fourni, un point c'est tout. Les bénéfices ne vont pas au salarié, ils vont naturellement à l'investisseur, c'est à dire à l'actionnaire. Et heureusement, car ce serait le meilleur moyen de les voir fuire un pays qui se fout déjà d'eux dans de grandes largeurs au travers d'une fiscalité délirante, et qui cette fois les prendrait réellement pour des imbéciles...

    A moi de vous retourner le compliment : vos positions sont, bien plus que les miennes, "à l'emporte pièce". A moins qu'elles ne soient que la répétition à mon endroit de positions colportées ailleurs ? A vous lire, on a souvent l'impression d'un écho à des propos "anticapitalistes primaires" entendus ça et là...

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  4. "Je suis toujours étonné que vous continuiez à vous intéresser à mes "fadaises". Quant à moi, il y a longtemps que j'ai cessé de m'intéresser aux vôtres ! Mais vous serez cependant toujours le bienvenu ici, mon cher Jacques..."

    Vous décrivez ainsi vous même et très justement la différence entre vous et moi.....

    jf.

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  5. En fait Martine Aubry a eu tort de dire que N Sarkozy était aussi mauvais en comptabilité que Madoff.

    C' est une insulte pour ce dernier car s'il y a bien une chose que l' on peut accorder à Madoff c' est ses sérieuses connaissances en comptabilité et en double comptabilité.

    Je signale que le journaliste Nicolas Domenach a eu le trait d' humour suivant en ce qui concerne la véritable différence aux yeux de la gauche ( confiscatrice ) entre NS et Madoff : l' escroc américain n' a pris qu' aux très riches ce que n' a pas fait Sarkozy .

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  6. Comme tout escroc qui réussit, Bernard Madoff est en effet très bon dans son domaine ! Et NS ne lui arrive pas à la cheville en tant qu'escroc. Heureusement, et le comparer au premier est donc bien une insulte.

    Il n'en va pas de même du système des retraites par répartition, qui a réussi pendant 50 ans et qui ne s'écroule que pour des raisons identiques à celles qui ont coulé Madoff.

    C'est tout le sens de mon billet.

    Pour ce qui est des politiques fiscales confiscatoires, je les dénonce en permanence, et elles ne s'exercent pas qu'à l'égard des moins "riches".

    L'impôt progressif (par tranches de revenus) en est un criant exemple, qui consitue une injustice fiscale dans laquelle nous baignons et que certains voudraient voir encore aggravée au nom de la justice !...

    Mystère de la rhétorique, ou expression de la malhonnêteté intellectuelle ? Au choix...

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  7. Quand donc nous ferez vous un billet sur la CONFISCATION de nos impôts par M Estrosi, Joyandet, Mmes Dati, Amara, Boutin...... ?????

    jf.

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  8. Bonjour Jacques,

    On s'éloigne une fois encore de l'objet de ce billet, mais je vous réponds quand même.

    Parler de confiscation des impôts quand on parle d'avantages indus, voire de malversations (je ne juge pas le fait de savoir s'il s'agit de l'un ou de l'autre dans les cas que vous citez), n'est exact que sur le plan purement sémantique. Il faudrait par exemple, dans ce cas, parler également de confiscation de l'impôt s'agissant de régimes de retraites éhontément supérieurs au régime général et financés de facto par l'impôt, puisque déficitaires et renfloués par l'état. Le caractère confiscatoire d'argent public de ces régimes n'est pas moins évident, et avec des montants autrement plus élevés, que les cas que vous évoquez...

    Quant à moi, je n'ai même pas parlé ici de confiscation de l'impôt, mais de confiscation des biens PAR l'impôt. Et là, oui, il y a bel et bien confiscation au sens premier. Pas seulement d'un point de vue sémantique, mais du point de vue de la stricte réalité. Je ne vais pas réitérer des propos déjà tenus vingt fois, mais prélever un impôt calculé à raison de 50% (voire plus) des revenus, OUI, c'est OBJECTIVEMENT confiscatoire !...

    A bientôt.

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