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jeudi 1 juillet 2010

"La rigueur n'est pas un gros mot"

Ces mots, prononcés mercredi 30 juin par François Baroin, ministre du budget, ne sont pas anecdotiques.

Outre le fait que je puisse enfin me réjouir, avec quelques autres, que le gouvernement de la France nous rejoigne enfin, au moins dans les termes, ils dénotent un changement de comportement, peut-être lié au changement de personne. L'ancien locataire de Bercy aujourd'hui ministre du travail, conforté en celà par le Premier Ministre, avait toujours dénié l'existance d'un plan de rigueur. On parlait, et on parle aujourd'hui encore, plus volontiers de "mesures d'économie" destinées à remettre la France "dans les clous" de Maastricht, c'est à dire avec un déficit budgétaire au plus égal à 3% du PIB, à l'horizon 2013. Mais il était manifestement interdit jusqu'ici de parler de rigueur, et encore moins d'austérité. Hypocrisie ? Voire...

Tout d'abord, je peux comprendre que certains s'interdisent le terme de rigueur, et François Baroin est de ce point de vue assez courageux. En effet, depuis le fameux "tournant de la rigueur" de Pierre Mauroy au début des années 1980, cette volte-face miterrandienne qui n'a même pas réussi à recoller les morceaux d'une politique financièrement calimiteuse à force d'être pseudo-sociale, le mot de "rigueur" est devenu un gros mot. Non pas trop pour les Français eux-mêmes, mais pour les journalistes et les médias d'opposition, qui s'en font leurs choux gras et qui associent improprement mais systématiquement la notion de rigueur à celle de vaches maigres, à l'idée d'une catastrophe économico-financière pour les citoyens "les moins favorisés" qui constituent l'essentiel de leur fonds de commerce.

Or, répétons-le, la rigueur n'est pas le fondement de cette catastrophe économique-là, mais tout son contraire. Pratiquer la rigueur, c'est, éthymologiquement, être rigoureux, c'est à dire en matière de finances publiques comme de finances privées ne pas dépenser plus que ce que l'on gagne, c'est à dire ne pas s'endetter outrageusement, c'est à dire ne pas avoir à supporter le financement d'une dette colossale, c'est à dire encore ne pas accumuler des charges financières qui deviennent rapidement insoutenables. La Grèce en paie aujourd'hui les pots cassés. Les pots de la France risquent bien de casser à leur tour, et les Français de les payer au prix fort...

Car si je taxe les propos de François Baroin de possible hypocrisie, c'est que le plan d'économies budgétaires français ne s'apparente que de très loin à de la rigueur. J'ai pris comme référence, pour la commodité du langage, les critères de Maastricht. C'est déjà, de ma part, un manque de rigueur, puisque 3 % du PIB pour le déficit annuel et 60 % du même PIB pour la dette cumulée, ce sont déjà des "bornes" bien souples et outrageusement laxistes. Or, même si la France revient à un déficit budgétaire annuel de 3 % du PIB en 2013, ce qui est loin d'être acquis compte tenu d'une reprise économique sur laquelle Bercy est bien optimiste sinon carrément rêveur, le cumul de l'endettement du pays restera au minimum aux alentour des 80 % du PIB actuels, ce qui est hors de portée de vue des 60 % de Maastricht. Parler de rigueur dans ces conditions est donc objectivement un abus de langage. Etre rigoureux, ce serait revenir en-deçà des critères européens, et pas se contenter de manoeuvres illusionnistes pour tenter de faire croire qu'on s'en approche à peine...

Mais la vérité, c'est que les Français ne sont pas prêts à entendre le langage de la vérité, bercés qu'ils sont par plus de trente années d'illusions nées de politiques keynésiennes qui ont gâté leur sens des réalités au point qu'ils n'envisagent même pas, pour la plupart d'entre eux, d'avoir un jour à en payer les conséquences désastreuses. Au point qu'ils ont totalement perdu le sens des responsabilités, et que, sans doute, ils s'imaginent que c'est à l'Etat de régler la note (sur quels fonds, dites-moi ?), cet Etat qui pourvoit depuis si longtemps et sans aucune contrepartie à leurs besoins en toutes circonstances, cet Etat que l'on dit "Providence", et ce n'est pas un vain mot, qui sert d'amortisseur à toutes les crises, à tous les laxismes, à tous les renoncements, et cet Etat que malgré celà ils accusent de tous les maux dès que par malheur il tend à ne plus payer à guichet ouvert, ce qui est le cas aujourd'hui par la force des choses. L'exemple de la réforme des retraites est à cet égard particulièrement significatif.

Et comme ce même Etat, en la personne de nos dirigeants forts en gueule mais visiblement moins forts en actes courageux, n'ose pas tenir le langage de la vérité, appeler un chat un chat, dire que nous vivons au-dessus de nos moyens et qu'il convient de réduire la voilure, affirmer avec force la nécessité de la rigueur, comme cet Etat passe son temps à pondre des réformes qu'il n'applique pas, à reculer sur ses projets pourtant pas assez ambitieux, à plier devant les désidératas de syndicats hypocritement irresponsables et à s'agenouiller devant les injonctions démagogiques d'une opposition qui a pourtant largement démontré son incomptétence, comme cet Etat couard et veule n'osera donc pas, à coup sûr, prendre les mesures d'austérité nécessaires, alors, soyons-en certains, ce sont les citoyens qui paieront in fine les pots cassés dont je parlais plus haut, quand l'exemple grec sera dépassé en intensité par ce qui attend la France, et quand c'est la "force des choses", c'est à dire l'état de faillite, au sens propre, du pays, qui leur imposera par la force des contraintes bien pires que celles que leurs dirigeants n'auront pas su leur imposer par la loi.

Qu'ils ne viennent pas alors pleurer. Ils n'auront que ce qu'ils méritent d'ores et déjà, même si on s'applique à leur cacher la réalité à des fins démagogiques et électoralistes. Ceux qui les incitent aujourd'hui à refuser la sagesse d'une bonne gestion seront les complices de la déconfiture générale que leurs prêches idéologiques auront occasionnée. Mais gageons qu'ils sauront s'en tirer par quelque pirouette, et qu'ils tireront encore les marrons du feu. Il n'y a pas de justice en politique...

5 commentaires:

  1. Eh oui, tous les Français sont bercés d'illusions
    SAUF Monsieur René Foulon......

    jf.

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  2. Décidément, mon cher Jacques, vous aimez remplacer les arguments que vous n'avez pas par des attaques personnelles et des sarcasmes. Ce n'est pas à votre honneur...

    Au lieu de vous foutre de moi, ce qui commence à me chatouiller sérieusement, avancez donc des arguments pour contredire mes positions ! Vous aurez l'air un peu plus sérieux !

    Non, mon cher Jacques, je ne suis pas le seul à ne pas me bercer d'illusions. Heureusement, nous sommes un certain nombre à comprendre qu'on se fout de nous depuis plusieurs décennies, qu'on nous prend pour des billes et que ce pays a besoin d'une politique enfin sérieuse, d'un état lui aussi plus sérieux dans sa gestion, de coupes sombres dans les dépenses soi-disant "sociales" mais totalement inutiles, d'une fiscalité enfin moins confiscatoire, et du respect des citoyens, de leurs libertés et de leurs biens. Des citoyens qui en ont assez de devoir payer les idioties de leurs gouvernants. Des citoyens de plus en plus nombreux, bien que malheureusement minoritaires, qui ne conçoivent l'état qu'à leur service et pas l'inverse. Ces citoyens-là, dont je suis, ne peuvent admettre que sous couvert de "ce modèle social que le monde entier nous envie", ils soient en train de crever sous le poids de la charge des allocations diverses et variées qui ne font que tuer le sens des responsabilités, le goût de l'effort et celui du travail.

    C'est là que se situe la vraie rigueur : celle qui consiste à ne pas dépenser l'argent des autres au point d'accumuler une dette insupportable qui les mène à la faillite.

    Non, Jacques, je ne suis pas le seul à penser cela. Mais, malheureusement, la démagogie de vos amis comme de ceux qui ne font que mine de les combattre, mais qui font une politique presque identique, fait qu'une majorité se laisse, en effet, bercer de l'illusion qu'on peut avoir le beurre et l'argent du beurre, et sans même tourner la baratte...

    Et ce n'est pas près de s'arrêter, jusqu'au jour peut-être pas si lointain de la catastrophe. Il ne faudra pas alors venir pleurer. On n'aura que ce qu'on mérite, collectivement.

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  4. Dites moi, Cher Réné Foulon, réellement...je vous chatouille ou je vous gratouille ????

    Si je me foutais de vous, je ne viendrais pas ici aussi souvent pour mettre mon grain de sel.
    Moi, aussi sur mon bloc-notes j'ai des "opposants", des gens qui ne pensent pas comme moi ( vous en fûtes d'ailleurs, non ???), certains même qui déforment mes propos en guise d'arguments....
    Je ne m'en suis jamais plaint !!!!

    Et je continue donc mon petit bonhomme de chemin sure mon bloc-notes comme ici ou même ailleurs.
    Et pour ici, je constate tout de même que si je m'abstenais de vous ...irriter...vous n'auriez pas beaucoup de commentaires.....

    jf.

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  5. Avoir des opposants et des gens qui ne pensent pas comme moi ne me dérange nullement, au contraire : cela permet de développer ses idées et d'argumenter. SI je n'aimais pas ça, je ne tiendrais pas un blog...

    Par contre, avoir des commentateurs qui me tournent en dérision ou qui me donnent des leçons de manière suffisante est insupportable. Et, oui, non seulement je m'en plains, mais il arrivera sans doute un moment où, la coupe ayant débordé, j'aurai une attitude un peu moins "démocratique" avec eux...

    Et je constate que vous ne m'avez pas répondu sur le fond...

    On se refait pas, n'est-ce pas ?

    A bientôt.

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