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vendredi 29 janvier 2010

Il fallait les laisser couler...

Deux évènements, dans l'actualité, devraient être propices à attirer l'attention du citoyen-contribuable-consommateur que nous sommes tous : le forum économique de Davos au plan international, et la conférence sur les déficits publics en France.
Je dis "devraient" car je ne suis pas certain que les regards de mes concitoyens convergent vers ces deux évènements. Ce n'est pas absolument leur faute, d'ailleurs, mais essentiellement celle du système éducatif, qui ne leur offre aucune formation économique, même superficielle. Dommage, car ça leur permettrait d'appréhender très vite l'intérêt pour eux de tel ou tel évènement, de tel ou tel coloque, de telle ou telle conférence internationale ... ou de telle ou telle prise de position de tel ou tel dirigeant.

Depuis la crise financière qui est soi-disant derrière nous, mais dont nous subirons encore les effets pendant de très longs mois quoi qu'en disent les millieux soi-disant bien informés (comprenenez, bien souvent, ceux dont le rôle est de nous désinformer), depuis notamment la faillite de Lehman Brother, on n'entend plus qu'un seul leitmotiv, de part et d'autre de l'Atlantique mais aussi de part et d'autre du clivage gauche/droite : il faut "refonder" le capitalisme (on n'ajoute pas toujours "financier"), il faut "réguler" la finance internationale, il faut "moraliser" le système bancaire.

Refonder, réguler, moraliser... Autant de mots qui ne peuvent que rassurer les ignorants et conforter les spécialistes dans la certitude qu'ils ont une mission à remplir, et qu'ils ont du travail assuré pour longtemps. Autant de gargarismes, appaisants pour les foules irritées et stimulants pour ceux qui les prescrivent. Autant de remèdes ... pires que le mal ! Ou, à tout le moins, des remèdes qui s'appuient sur le principe de l'homéopathie, sauf en ce qui concerne les doses prescrites par ces Thomas Diafoirus modernes.

Car enfin, la première question à se poser n'est-elle pas celle des véritables raisons de cette crise ? Tous les éditoriaux, toutes les analyses qui traitent du sujet, ou presque, n'ont qu'un défaut : ils confondent joyeusement les causes et les conséquences. Ils mettent tous le doigt sur les premières conséquences de ce qui est le fond du problème, celles qui ont entraîné les autres, celles dont l'économie mondiale souffre au point que nous avons frisé la catastrophe, la vraie.

La cause profonde de la crise de 2008, c'est l'excès de réglementation dont souffrait le capitalisme financier. Et les remèdes qui nous sont proposés de toutes parts ne sont que l'intensification de cette réglementation ! Je vais essayer de démontrer rapidement pourquoi cette solution est hérétique.

Tout d'abord, pourquoi une réglementation excessive a-t-elle conduit à la catastrophe ? Tout simplement parce que les financiers sont des hommes, et qu'aucune réglementation au monde ne pourra jamais leur ôter leur nature humaine. Or, le propre de l'Homme, c'est entre autres un niveau d'intelligence plus élevé que la moyenne du règne animal, intelligence qui lui permet de trouver des solutions quand il est devant un problème. Si le problème est constitué par une réglementation qui ne lui permet pas d'aller au bout de ses projets, il trouvera le moyen de contourner cette réglementation, même si c'est très compliqué. Et c'est ce que tous les financiers de la planète ont fait : ils ont contourné la réglementation, ils ont trouvé le moyen de déjouer la régulation, de fausser les systèmes de notation, ils ont fait n'importe quoi, ils ont joué, et ils ont perdu. Ils ont perdu non seulement leurs actifs, mais encore ceux de leurs clients. Leurs clients qui sont notamment les industriels qui font vivre l'économie dite "réelle", et c'est pourquoi la crise financière a entraîné la crise économique dont nous aurons bien du mal encore à sortir...

Pourquoi ces hommes intelligents ont-ils pris de tels risques, en sachant parfaitement qu'ils couraient à une possible catastrophe ? C'est très simple : ils ont parié sur le fait que les états ne les laisserait pas s'écrouler, entraînant dans leur chute toute l'économie mondiale. Et ce pari là, ils l'ont gagné ! Aujoud'hui, la seule industrie qui a retrouvé son niveau d'avant la crise, et même au-delà, c'est la finance ! Grâce aux capitaux dont les états les ont généreusements abreuvés...

Soyons certains que si, comme on s'y prépare, on accentue encore la réglementation du monde de la finance, on repartira dans une spirale encore plus dangereuse que la précédente, et que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous aurons à plus ou moins longue échéance une crise encore plus profonde, dont nous aurons encore bien plus de mal à nous relever. Les déficits publics ne peuvent pas être creusés à l'infini, et nous avons déjà sous les yeux des états en quasi-faillite. Nous en aurons d'autres, et de plus importants...

Alors, me direz-vous, puisqu'ils sont si inconséquents, et si nous baissons la garde de la réglementation, ils iront tout droit et encore bien plus vite à la catastrophe. Pas si nous proclamons haut et fort qu'il ne sera plus question de payer à leur place les pots cassés ! Pas s'ils savent que ce sont leurs propres intérêts qu'ils mettent en cause.

Il faut qu'ils sachent que les finances publiques ne viendront plus à leur secours. Il faut qu'ils sachent que leur inconséquence les mènera inéluctablement à la faillite. Et là, la même intelligence humaine qui leur a permis de déjouer la loi leur permettra, n'en doutez pas, d'exorciser leurs vieux démons.

Mais il reste un problème à résoudre. Toutes les faillites ne sont ni frauduleuses ni le résultat de prises de risques inconsidérés. Le but de la réglementation excessive que nous connaissons, et qui a mené à la catastrophe, n'est pas en soi la sauvegarde des intérêts des banques, mais celle des intérêts de leurs clients, lesquels sont les acteurs majeurs de l'économie. La déréglementation pourrait avoir pour effet d'insécuriser encore les marchés. Et que se passera-t-il pour les clients d'une banque qui s'effondrera si l'état ne la renfloue pas ? Le remède n'est-il pas pire que le mal, là encore ?

La solution réside dans un changement profond du règlement des faillites. Je viens de lire à ce sujet un article fort intéressant de Vincent Benard sur le sujet, que je vous invite vivement à consulter. Schématiquement, il s'agit, en cas de faillite, d'une banque mais pas seulement, de transformer les dettes en actions. Le créancier devient actionnaire de l'entreprise, laquelle continue normalement ses activités d'autant plus facilement que son passif est très largement épuré.

Ce système a pour principale conséquence de responsabiliser en amont les managers de l'entreprise, en l'occurence la banque, qui risquent de voir leur part du capital fondre comme neige au soleil, et par conséquent leur pouvoir de décision, mais surtout leur part des bénéfices. Il s'agit de faire confiance à l'instinct le plus naturel de l'être humain : la défense de ses propres intérêts. Et en aval, ce même système garantit autant que faire se peut l'intégrité des intérêts des clients.

Ce serait sans doute une révolution dans les pratiques et dans les esprits, mais c'est sans aucun doute le moyen le plus fiable de sécuriser les transactions financières, de garantir le fonctionnement optimal de l'économie, tout en n'engageant pas l'état sur la voie d'une dégradation dramatique des comptes publics, et donc l'appauvrissement des citoyens.

La liberté, c'est la responsabilité. Sans responsabilité, pas de liberté. On n'en sort pas...

4 commentaires:

  1. "La liberté, c'est la responsabilité. Sans responsabilité, pas de liberté. "

    il faut le rappeler, encore et toujours. Mais nous vivons dans un pays où la valeur "responsabilité individuelle" est mal vue, mal vécue et souvent escamotée pour rebalancer les choses sur le collectif...

    c'est dommage et triste.

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  2. "refonder, réguler, moraliser"...ne sont-ce pas des termes très chers à votre NS auquel vous refusez le qualificatif incurie ...????

    Aurait-il pour rôle de nous désinformer ???

    jf.

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  3. Bonjour Jacques,

    Je crois que je vais cesser de vous répondre quand vous ferez des commentaires de ce genre : je ne vais pas vous répéter sempiternellement que je ne suis pas un défenseur inconditionnel de Nicolas Sarkozy. Ca ne servirait à rien, et ça devient lassant...

    Ceci dit, il semble que vous ayez compris le fond de mon billet : NS fait partie de ceux que je critique vertement pour leur politique actuelle et d'un passé récent, autant que pour leur profession de foi pour l'avenir, concernant le traitement de la crise financière.

    Le titre du billet contient presque tout le sens de mon propos. L'article de Vincent Benard (de l'Institut Hayek) n'en étant que l'élément déclencheur...

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  4. Bonjour Lomig,

    Merci pour ton passage ici. Tu as parfaitement raison, c'est à la fois dommage et triste de voir à quel point la plupart de nos concitoyens abdiquent leur liberté au profit d'une puisance publique à laquelle ils s'en remettent systématiquement pour régler leurs problèmes.

    En fuyant systématiquement leur responsabilité, qu'ils rejettent sur l'Etat, c'est bien leur liberté qu'ils abandonnent. En sont-ils (même un peu) conscients ? C'est lamentable, et c'est pitoyable.

    Mais la conclusion de mon billet était purement philosophique. Sur le plan strictement économique, je pense sincèrement que V. Benard a raison, et que la faillite est la sanction naturelle de la mauvaise gestion. Et le traitement des situations de faillite qu'il expose me semble le bon.

    Je m'attendais à plus de réactions. Peut-être les Français sont-ils décidément indifférents et hermétiques à la chose économique, mis à part leurs propres problèmes "domestiques", pour lesquels l'aide de l'état leur semble le seul remède, en tout illogisme...

    A bientôt.

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