Le débat sur l’interdiction de la burqa est loin de s’appaiser, surtout depuis que la commission chargée de réfléchir au sujet a rendu son non-rapport…
Le problème est malheureusement systémique (le mot est à la mode) : c’est le « politiquement correct » qui est en cause. A force de ne vouloir blesser personne, de ne vouloir faire aucune vague, de tout faire pour ne pas risquer d’être taxé de racisme ou de discrimination, à force de vouloir n’être attaquable par personne, on en devient lisse, transparent, et pour tout dire inexistant…
Nos voisins Belges, pour ne parler que d’eux, ne vont pas si loin dans le raisonnement, et osent dire et faire ce qu’ils pensent et ce qu’ils croient juste. Ils ont osé ( !..) voter une loi sur l’interdiction de dissimuler son visage dans l’espace public. Nous, on veut être plus malin que tout le monde, on raisonne sans fin, et on ne fait (et on ne fera) finalement rien du tout… Sauf faire semblant, comme c’est devenu l’habitude dans ce pays.
Toutes les instances dont tous ces beaux messieurs et ces belles dames ont peur, bien plus encore que du Conseil Constitutionnel qui n’est qu’un alibi : SOS Racisme, le CRIJF, et même la Cour Européenne des Droits de l’Homme, sont des « machins », comme dirait De Gaulle, qui n’ont qu’un effet dévastateur sur la civilisation. Oui, vous avez bien lu, c’est la civilisation elle-même qui est en train d’être dépouillée de sa substance, et ses valeurs trahies, par tous ces organismes stérilisateurs. Voltaire, Montaigne et beaucoup d’autres enverraient tout ce beau monde se faire foutre. Mais nous n’avons ni un Montaigne ni un Voltaire, ni même un De Gaulle, parmi nos « éminents » décideurs. Nous n’avons que des Jeanfoutres et des pleutres, qui ne pensent qu’à leur petite notoriété, et pour les politiciens qu’aux futurs scrutins. Surtout, il ne faut pas caresser l’électeur à rebrousse-poils. Il faut rester dans le « politiquement correct », dans le discours banal, hors de toute prise de position tranchée, dans le « consensus ».
« Consensus », voilà bien un mot qui résume à lui tout seul notre époque mièvre et tiède. Il n’est d’autre consensus que de « consensus mou ». Dès qu’on veut absolument mettre tout le monde d’accord, on nivèle obligatoirement le raisonnement par le bas. On n’exprime plus aucune différence. On n’est plus capable d’influencer personne. On se rend aux positions communes du troupeau bêlant et chevrotant. Et pour finir, on n’existe plus…
Mais face à tous ces beaux diseurs aux discours bien rasés, il y a tous les barbus qui militent pour leur propre « paroisse », et qui se foutent bien mal de tout ce qu’on peut dire dès lors qu’ils peuvent continuer leur travail de sape et de conquête culturelle de l’Occident. La burqa ou le niqab ne sont pas qu’une mode vestimentaire comme on voudrait nous le faire croire.
Les interdire ne signifie pas seulement s’immiscer dans la vie privée des individus comme on nous le présente quelquefois. Ce n’est pas seulement limiter le champ de la liberté individuelle comme certains nous le reprochent, à nous, les libéraux (comme c’est facile !). C’est surtout défendre des valeurs : celles qui sont la base de notre culture et de la civilisation occidentale. Des valeurs telles que la liberté précisément, y compris la liberté pour toute femme de n’être pas contrainte à une prison de tissu ambulante.
Et qu’on ne vienne pas m’opposer qu’elles utilisent ces attributs vestimentaires moyen-âgeux de leur plein gré et par choix personnel ! Même si certaines d’entre elles sont dans ce cas (une infime minorité), la plupart y sont bel et bien contraintes, que ce soit par leur mari, par leurs frères, par leurs oncles, que sais-je ? Et en définitive par une tradition culturelle où les femmes sont totalement soumises et où leurs droits sont absolument inexistants, de même que, justement, leur liberté.
Ensuite, on nous oppose également que ces personnes-là, hommes et femmes de tradition musulmane (mais l’Islam, et le Coran, n’expliquent même pas la burqa !), auraient le droit de vivre et d’appliquer ici leurs traditions culturelles. On veut nous faire admettre que dire le contraire est une entorse à nos idées libérales. Mais la liberté, ce n’est pas à sens unique. La liberté, ça ne consiste certainement pas à imposer quoi que ce soit aux autres. Et la liberté, ça ne signifie pas le droit de se dissimuler au regard des autres dans l’espace public. Ca ne signifie pas de se soustraire à l’obligation d’être identifiable, notamment par les forces de sécurité. La liberté, ce n’est pas l’impunité. La liberté, ce n’est pas la chienlit. Etre libéral, ce n’est pas être anarchiste ; ce n’est pas la première fois que j’insiste là-dessus… Et en particulier, être libéral, ça n’implique pas d’autoriser des hommes à réduire leurs femmes en un esclavage qui n’est pas que vestimentaire.
Alors, comme il apparaît exclu, en raison du « politiquement correct » que je fustige, de promulguer une loi qui interdirait spécifiquement le voile intégral, il faut en « pondre » une qui interdise la dissimulation du visage dans tout l’espace public.
Autre chose : quand certains ont voulu réaffirmer les origines chrétiennes et le fondement culturel judéo-chrétien de l’Occident, ils ont déclenché les foudres des tenants d’une laïcité dévoyée pour qui être laïc signifie s’opposer à toute référence à la religion. Il est assez bizarre de ne pas entendre les mêmes aujourd’hui prendre la parole pour dénoncer le fait que les opposants à toute législation anti voile intégral utilisent volontiers et indûment l’Islam pour justifier leur position.
Cependant, l'interdiction de cacher le visage n’est qu’un artifice à visée « diplomatique », et mon point de vue est de dire qu’il faut cependant « annoncer la couleur », et bien faire savoir, même si ce n’est pas dit dans le texte de la loi, que le but premier est d’interdire le voile intégral. L’hypocrisie n’est pas une vertu cardinale. La recherche systématique du consensus non plus. Et si ça doit déclencher une tempête, tant pis (j’allais écrire « tant mieux »). Une tempête dans un verre d’eau. D’eau bénite, peut-être ?
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@ René : "tant pis", non tant mieux : plus tôt nous mettrons ces sujets sur la table, plus tôt la communauté musulmane verra en son sein se constituer deux groupes : les musulmans intégristes, et les autres (probablement majoritaire, mais qui sont muselés par leur communauté).
RépondreSupprimerCette scission marquera le début d'un règlement du problème. Il faut que les musulmans dénoncent la burqa, clairement.
Bonjour Lomig,
RépondreSupprimerTout à fait d'accord avec toi : une vive polémique pourrait provoquer la saine clarification dont tout le monde a besoin, les Musulmans y compris. Encore faut-il que le poids de leur communauté ne les musèle pas totalement...
« (mais l’Islam, et le Coran, n’expliquent même pas la burqa !) »
RépondreSupprimerC'est l'argument de ceux (dont je sais que tu n'es pas) qui, du coup, dédouanent l'islam de tout rôle dans le port de la burqa. Cela dit, c'est au nom de l'islam qu'elle est portée, et c'est au nom de l'islam que loi sur la burqa sera(it) combattue...
Salut Roman,
RépondreSupprimerJe suis bien d'accord. J'ai simplement voulu dire qu'arguer de l'islam, soit pour défendre le port de la burqa, soit pour ne pas l'interdire, est une hérésie intellectuelle dans les deux cas.
C'est pourtant ce qui se produit dans les faits : le voile intégral est porté au nom de l'islam, et il ne sera pas interdit au nom de la liberté de culte.
Ridicule...
Et de toute façon, on s'en fout du Coran, de la charia et des hadiths. Ce qui compte, c'est la loi française.Le reste ne concerne pas le législateur.
RépondreSupprimerOui. D'ailleurs, ma réflexion sur l'islam et le coran n'était qu'accessoire. Le fond du problème n'est pas là...
RépondreSupprimerEn tant qu'athée convaincu je dis avec Criticus que l'on se fout de ses obligations religieuses. La loi française doit être laïque et la justice rendue avec bon sens. Il faut donc que nos lâches politiques commencent par dévoiler leurs faces avant de pondre une loi sur l'interdiction du port du voile intégral. Cette loi n'a rien de religieux, n'a rien d'une contrainte contre l'islam, c'est une loi qui dit à tous nos concitoyens : Vous ne pouvez pas être masqués sur la voie publique ! Toute personne doit pouvoir être identifiée par les force de l'ordre. Nous devrions commencer à tous marcher masqués dans la rue, à conduire nos voitures avec des qui ressembleraient à la capuche de la burqa ou avec un voile intégral, hommes et femmes sans distinction.
RépondreSupprimerLire "... ces obligations religieuses."
RépondreSupprimer"... avec des masques qui ressembleraient ..."
Mil fois pardon pour ma précipitation.
Tout cela est fort bien dit.
RépondreSupprimerLe dernier mot doit rester à la République.
Et s'il en est qui ne peuvent vivre leur foi dans le cadre de ces Lois, ils n'ont qu'à demander le statut de "réfugiés politiques" en Arabie Saoudite ou au Qatar.
Oui, et tout ça est valable non seulement pour les Etrangers, mais aussi bien pour les Français, d'origine étrangère ou non.
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