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jeudi 9 septembre 2010

Economie publique et courage politique.

De la radio à la télévision et à la blogosphère, des quotidiens aux éditorialistes des hebdomadaires, tout ce qui compte dans la presse et sur le net, c'est à dire tout ce qui existe pour l'opinion, est totalement aveuglé par une seule chose : pas même la réforme des retraites, mais seulement l'un de ses avatars, à savoir le bras de fer entre le gouvernement (ou plutôt le président) et les syndicats. Avec, en prime, des sondages récurents où l'on "apprend" (comme si ce n'était pas une évidence) que les Français sont contre la réforme, et que leur souhait est de maintenir l'âge de départ à 60 ans, l'âge du taux plein à 65 ans, les cotisations à leur niveau actuel, les pensions à un niveau plus élevé, et donc le déficit du système à son maximum. Enfin, le beurre et l'argent du beurre. Comme toujours. Tout ça n'est pas explicite dans les sondages ni dans les micro-trottoirs, mais il suffit de savoir lire entre les lignes : l'habitude d'un état qui distribue des subsides à guichet ouvert depuis des décennies est ancrée dans les esprits, et toute vélléité de redresser les finances publiques est reçue comme une incongruïté, et est de nature à faire descendre le bon peuple dans la rue sur un claquement de doigts des syndicats, parfaitement représentatifs de 8 % environ des "travailleurs", et donc totalement légitimes pour foutre un b... à répétition dans 100 % de la société et de l'activité économique... On a l'habitude, pas de quoi en faire un billet ici.

Concernant le système des retraites, j'ai déjà expliqué ma position, et je n'y reviendrai donc pas.

Mais le déficit de la branche "vieillesse" de la Sécu n'est qu'un aspect d'un problème encore beaucoup plus grave, encore beaucoup plus sensible, encore beaucoup plus difficile à régler tant que l'on ne changera pas de philosophie dans la conduite des affaires de ce pays, et c'est de ça que je voudrais parler aujourd'hui. J'ai nommé la gestion des finances publiques.

Je commencerai par énoncer un principe qui, selon moi, devrait être inscrit dans la loi fondamentale, et qui devrait en tout cas demeurer à l'esprit de tout responsable politique, à quelque niveau qu'il se trouve dans l'organigramme tentaculaire de l'administration du pays :

"Le produit des prélèvement obligatoires, impôts, taxes, cotisations dites sociales, n'appartient pas au pouvoir politique ni à l'administration, qui n'en sont que les dépositaires et les comptables. Il appartient aux citoyens, qui leur en confient le bon usage du fait de leurs fonctions. Tout dévoiement d'argent public à d'autres fins que l'exercice strict des devoirs inhérents à ces fonctions doit donc être considéré comme un détournement de fonds au préjudice de la Nation, et a vocation à être puni comme tel".

L'application de ce principe, qui confèrerait enfin un caractère quasi sacré aux fonds publics, suffirait à lui seul à éponger, soyons-en sûr, au moins la moitié du déficit budgétaire de la France. Les gaspillages sont régulièrement dénoncés par la Cour des Comptes, institution dont tout le monde se fout royalement et dont le rapport annuel reste sempiternellement lettre morte. Si l'on donnait enfin à cette juridiction les pouvoirs qui devraient être les siens, cela rapporterait indirectement au budget de l'état et à celui des collectivités locales bien plus qu'un "rabotage" hasardeux et tout en trompe-l'oeil de quelques "niches fiscales".

Bien que la comparaison soit difficile d'un pays à l'autre, la France reste la championne des prélèvements obligatoires en pourcentage du Produit Intérieur Brut, c'est à dire de la production de richesses nationale. Ce qui ne l'empêche pas d'être simultanément la championne en termes de déficit budgétaire par habitant. Cette situation inacceptable et intenable a de nombreuses causes et est bien la preuve par 9 d'une politique irresponsable à plusieurs niveaux.

Je ne vais pas me lancer dans une analyse fastidieuse des postes de dépenses et de l'examen de leur bienfondé. D'autres le font mieux que moi. Il reste que certaines évidences ne sont pas suffisamment exprimées :

- Si les pouvoirs publics, état et collectivités locales, se contentaient de remplir leurs devoirs naturels de garanties de la sécurité et de l'exercice des libertés, sans jouer les "mères-poules" à l'égard de citoyens traités comme des êtres inférieurs incapables de se gérer eux-mêmes, on cesserait rapidement d'avoir besoin de prélever autoritairement au total plus de la moitié des richesses produites : entre 54 et 56 % !

- Si l'on cessait de mettre en place à tour de bras des structures administratives superposées et très souvent en double-emploi, et que l'on regroupait leurs missions au sein des administrations existantes, on réaliserait immédiatement des "économies d'échelle" considérables.

- Si les structures administratives ne débordaient pas régulièrement de leur mission de base pour assurer des actions à la nécessité et à l'efficacité douteuses, elles économiseraient drastiquement sur leurs budgets pharaoniques.

- Si en résumé la puissance publique se limitait tout simplement au nécessaire et au bon sens, les fonds économisés, laissés ainsi à la disposition de ceux qui les gagnent par leur activité et par leur travail, permettraient enfin à ces derniers de les utiliser à leur propre usage, et ces économies généreraient des finances saines et une gestion honnête.

Au lieu de ça :

- On entretient à grands frais un système de soit-disant protection sociale qui ne satisfait personne, qui plombe les comptes de la Nation, que l'on traîne comme un boulet qui nous freine sur le chemin de la sortie de crise, et qui s'entretient donc lui-même en freinant l'activité et en produisant chaque jour de nouveaux bénéficiaires d'allocations diverses et variées pas plus financées qu'efficaces. Ce seul poste consomme à lui-seul 30 % du PIB, soit l'équivalent de plus de 3 mois 1/2 d'activité par an !

- On emprunte allègrement des sommes faramineuses pour des dépenses de simple fonctionnement, pour "boucher les trous", et pour une aide internationale dont nous n'avons évidemment pas les moyens (voir l'aide à la Grèce)

- On dépense des sommes non moins énormes pour financer une immigration improductive et consommatrice d'aides sociales

Cette liste n'est pas exhaustive, malheurerusement !

Quelques documents à lire sur le sujet :

- http://www.les4verites.com/La-France-reine-de-la-depense-publique-dans-quel-etat-se-trouve-l-etat-providence-3134.html

- http://www.lecri.fr/2010/08/27/cet-argent-de-que-lon-na-pas/17821

- http://lupus1.wordpress.com/2010/09/03/le-pire-ennemi-de-la-france-est-son-modele-social/

Evidemment, de tels errements nous mènent inulectablement à la catastrophe financière. Trente années de budgets en déséquilibre ont généré une dette cumulée qui dépasse les 1500 milliards d'euros. La "note" de la France, qui détermine à la fois la confiance dans notre pays et le taux auquel nous empruntons les fonds nécessaires au financement de ce "trou", est menacée, ce qui nous amènera inéluctablement si l'on continue ainsi vers une catastrophe telle que la Grèce en connaît une depuis quelques mois.

Evidemment, il y a toujours de bonne âmes éclairées pour proposer des solutions simplistes à cette problématique :

- Le PS et ses alliés préconisent sans surprise de "faire payer les riches", c'est à dire d'augmenter la pression fiscale sur les revenus du capital. Comme si cette solution était pérenne, comme si les revenus du capital étaient une vache à lait intarissable, et comme si on pouvait sans vergogne spolier indéfiniment les citoyens de ce pays, fussent-ils mieux nantis, pour certains d'entre eux, que la moyenne.

- D'autres proposent tout simplement de "répudier la dette nationale", autrement dit de se comporter comme les Bolchéviques de 1918 et de faire banqueroute ! Quelle belle image donner ainsi au reste du monde, et quelle belle perspective pour l'avenir ! A lire, cet excellent article sur le sujet.

- D'autres encore, à l'instar de notre nouveau ministre du budget, de manière plus classique et bien sûr plus facile, se proposent d'augmenter les impôts. C'est déjà commencé avec le "rabotage des niches fiscales" dont je parlais plus haut. Mais il ne semble pas qu'il ait l'intention de s'arrêter là : http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/lettre/100901-lettre-baroin.pdf

Assainir les comptes de la France ne peut se faire que de deux manières : soit on augmente les recettes soit on diminue les dépenses. Les recettes atteignent déjà des sommets insupportables (vous travaillez en moyenne plus de six mois pour l'état et ses succédanés). Il est donc totalement irresponsable d'imaginer de les augmenter encore. Il ne reste donc plus que la solution de sagesse : celle qui consiste à diminuer les dépenses. Et que l'on ne vienne pas me dire une fois de plus que c'est "de la rigueur". Oui c'est "de la rigueur" dans la mesure où il s'agit de gérer l'argent des Français de manière rigoureuse. Mais ce n'est pas "de la rigueur" au sens de privations. Il y a suffisamment de gaspillages et de dépenses illégitimes dans les budgets pour redresser la barre sans surseoir à l'exercice des fonctions naturelles de la puissance publique.

Mais je ne me berce pas d'illusion. Le candidat de 2007 avait juré ses grands dieux qu'il n'augmenterait pas les impôts. Il avait juré aussi qu'il réformerait la société. Le président qu'il est devenu n'a réformé qu'à minima. Il n'augmentera les impôts qu'à minima, mais il les augmentera ! Le pire est que cet effort supplémentaire ne servira à rien : plus de pression fiscale, c'est moins d'investissement. Moins d'investissement, c'est moins d'activité. Moins d'activité, c'est moins de revenus. Moins de revenus, c'est moins de consommation. Moins de consommation, c'est moins d'impôts. Et c'est donc à une autre augmentation qu'il faudra s'attendre dans quelques mois. Après 2012, bien sûr...

Quant aux économies, elles attendront la catastrophe, tant le courage politique est un voeu pieux...

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