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samedi 9 octobre 2010

Le Grand Meaulnes a vécu...

Il fut un temps béni où les enfants étaient des enfants, où les adultes les respectaient et les protégeaient, où un écolier, un collégien, un lycéen, avait surtout en tête ses études, puis un peu plus tard son avenir professionnel.

Côté parents, c'était l'époque où, je m'en souviens avec nostalgie, le métier de parent (qui n'a jamais été facile, j'en conviens, et qui l'est peut-être encore moins aujourd'hui), consistait avant tout, outre le souci de la sécurité, à éduquer sa progéniture afin de lui donner les clefs de la réussite à laquelle ces parents-là aspiraient pour leurs chères têtes blondes.

Côté enfants, papa et maman pourvoyant aux nécessités quotidiennes, et les mêmes papa et maman ayant bien expliqué que la vie n'était pas un long fleuve tranquille, qu'il fallait s'y battre, que pour cela il fallait des armes, et que ces armes étaient avant tout constituées par la connaissance, il importait surtout de "bien travailler à l'école", comme disaient papa et maman. De ne pas ménager ses efforts. De penser avant tout à la réussite. Aux résultats du trimestre. Au passages dans la classe supérieure. A l'examen de fin dannée.

Bien sûr il y avait aussi la récré, les copains, les jeux, un peu plus tard il y avait les tourments de l'adolescence, les filles, les "boums"... Un jour il y avait ce roman, que le prof de français nous avait fait lire. Un roman qui nous avait marqué parce que, justement, il parlait de ces tourments de l'âme qu'on vivait si mal. Ce roman, ce n'était pas forcément le même pour tous. En ce qui me concerne, ce fut "Le Grand Meaulnes", d'Alain Fournier. Allez savoir pourquoi je m'étais immédiatement identifié à Augustin ? Je ne saurais le dire avec précision aujourd'hui. Ce qui est certain, c'est que je ne me serais jamais identifié aussi spontanément à Jean Valjean ou à Etienne Lantier ! Hugo, les Misérables et l'injustice, Zola, Germinal et la politique sociale, à 15 ans pensez donc !...

C'est qu'à cette époque bénie, nous avions des parents qui étaient là pour se préoccuper de toutes ces choses, pour nous en préserver, et pour nous permettre de ne nous soucier que de ce qui concernait notre âge. Vous m'auriez parlé de ma retraite, à 15 ans, je vous aurais ri au nez. Et j'aurais bien eu raison. Car se soucier de sa retraire à 15 ans, c'est un peu comme déjà se fixer sa limite, son point final. Or, le propre de la jeunesse, c'est justement de n'avoir pas de limite, de se projeter dans l'avenir sans aucune borne. Et c'est pour ça que la jeunesse ne doute de rien, qu'elle ose et qu'elle réussit. Et c'est pour ça que, beaucoup plus tard, certains "séniors" avancent encore, parce qu'ils ne se sont toujours pas fixé leur limite. Parce que, sans doute, pour eux, le mot "retraite" ne veut pas encore dire grand chose...

Visiblement, certains parents d'aujourd'hui sont beaucoup plus "modernes". Et leurs enfants beaucoup plus "évolués". Les voilà qui défilent dans les rues comme des grands, pour réclamer eux aussi qu'on leur permette de travailler le moins longtemps possible ! Ils sont totalement dans l'ère de leur temps, au diapason de leurs aînés. Nos parents travaillaient 45 heures pour gagner leur pain et ne pouvaient compter que sur eux-mêmes, les leurs font 35 heures, quelquefois moins, et vivent sous perfusion. Nous préparions notre avenir professionnel, ils préparent leur fin de carrière. C'est une évolution intellectuelle indiscutable !...

Mais trève d'ironie.

Quels sont ces parents qui tolèrent de tels comportements de la part de leurs gosses ? Des gamins de cet âge n’ont rien à faire dans les rues aux côtés des excités qui défilent, avec tous les risques que ça représente mais pas seulement : c’est surtout un bourrage de crâne très efficace. Les syndicats préparent leurs troupes de demain. Ils en ont bien besoin...

Nous avions, à leur âge, des valeurs primaires inculquées par nos parents : le goût de l'effort et l'envie d'une belle carrière professionnelle.

Les valeurs transmises aujourdhui sont bien plus évoluées : beaucoup ont compris que ce n'était pas en travaillant qu'on vivait le mieux, et qu'il valait mieux militer pour toujours plus d'aides et toujours moins d'heures ! Et bien sûr pour la retraite le plus tôt possible, aux frais de la princesse...

Quelle belle profession de foi, et quelle belle leçon à donner à nos enfants ! Quel belle espérance on suscite chez eux : une retraite rapide après une période d'esclavage chez un patron. Car, ne l'oublions pas, le travail est si pénible !...

Augustin Meaulnes avait d'autres espoirs. Il a bel et bien vécu...

4 commentaires:

  1. Qu'est-ce qui vaut mieux:
    Défiler pacifiquement dans les rues à 15 ans ou bien se faire exécuter par les Allemands pour avoir participer, à 27 ans( l'auteur du Grand Meaulnes) , à l'attaque d'une ambulance sur le champ de bataille, attaque considérée alors comme crime de guerre ????

    jf

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  2. Bonjour Jacques,

    Comme souvent, vous comparez des choses pas du tout comparables ! Sans doute pour tenter d'avoir quelque chose à m'opposer...

    Défiler "pacifiquement" dans les rues à 15 ans, en scandant des propos auxquels on ne comprend pas l'essentiel, est une hérésie. Et je n'enlève rien à ce que j'ai écrit dans mon billet. Nos "jeunes" n'ont plus du tout l'idéal de leur avenir professionnel, juste celui de recevoir eux aussi les aides publiques dont leurs parents sont gratifiés, et qui sont pourtant la cause de la débâcle économique (et donc sociale) que nous vivons. Ce n'est pas leur faute directe, mais bien sûr celle de leurs parents, qui ne leur dispensent plus l'éducation qui, pourtant, leur serait indispensable pour préparer un avenir d'hommes libres. Cette même éducation qui devrait leur interdire de défiler dans des cortèges non seulemet dangereux pour eux, mais encore qui ne les regarde en rien...


    Vraiment aucun rapport d'aucune sorte avec les faits qui valurent à Alain Fournier d'être exécuté par l'occupant allemand en temps de guerre.Vraiment rien à voir !...

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  3. Alors, voici d'autres éléments, dont comme d'hab, vous me direz qu'ils sont "sans rapport" avec votre billet.
    Moi je me souviens que le 22 janvier 1984, à Bordeaux, le 29 janvier 1984 à Lyon, le 4 mars 1984 à Versailles, le 24 juin 1984 à Paris, CE SONT LES PARENTS QUI FAISAIENT DEFILER LEURS ENFANTS ET LEUR FAISAIENT SCANDER DES PROPOS AUXQUELS ILS NE COMPRENAIENT PAS L'ESSENTIEL......

    J'ajoute que dans ces manifestations on trouvait également Jacques Chaban-Delmas, Anne-Aymone et Valery Giscard d'Estaing, M. Le Pen et Mme Veil (quel rapprochement !) M. Chirac etc......

    jf.

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  4. Cette fois, vous êtes (enfin), bien évidemment, dans le sujet.

    Mais ça illustre bien l'irresponsabilité des parents dont on parle. La place des enfants (ou des adolescents), n'est absolument pas dans ces manifestations, pas plus en 2010 qu'en 1984. Et cette instrumentalisation est d'autant plus criticable quand il s'agit, comme aujourd'hui, d'un problème qui ne les concerne pas !

    Quant à la présence de responsables politiques, de droite comme de gauche, c'est par contre totalement dans l'ordre des choses. Que voulez-vous prouver avec cette remarque ?

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