Primo, j'ai toujours ce manque cruel de temps pour m'y consacrer, et ça n'est pas en voie de s'arranger. La vie d'un retraité qui se veut actif n'est pas un long fleuve tranquille...
Deuxio, je dois bien avouer que l'actualité politique de ce pays, pourtant si riche en évènements ces derniers temps, ne suscitait pas en moi jusqu'ici une envie impérieuse de la commenter, tant sa morosité alliée à l'incompétence du personnel politique et, disons-le, au niveau de réflexion des citoyens d'une part et à la piètre qualité des commentaires médiatiques d'autre part, étaient et sont encore à pleurer...
Alors, pourquoi reprendre la plume aujourd'hui ? Un évènement majeur se serait-il produit susceptible de me sortir de mon long silence ? Ou bien des signes d'un certain réveil de la conscience collective m'entraineraint-t-ils dans leur sillage ? Que nenni.
Mais c'est en fait l'accumulation de signes négatifs, de bourdes et d'évènements qui peuvent pourtant paraître mineurs en eux-mêmes, et aussi (peut-être surtout) une atmosphère générale incroyablement négative, qui me font sortir du bois.
Car "le silence est d'or", dit l'adage populaire, mais le silence est aussi un signe d'acquiescement, voire de complicité. Or complicité et culpabilité ne font qu'un. Ne rien dire quand on n'est pas d'accord avec des actes nuisibles, ne pas dénoncer des comportements dangereux et voire criminels, c'est cautionner ces comportements, et c'est à terme être au moins partiellement responsable de leurs conséquences désastreuses. Je ressens donc comme un devoir de dire ici à quel point j'ai peur pour mon pays, et combien je fustige ce qui se passe et ce qui se trame au plus grand préjudice malheureusement plus que prévisible de mes compatriotes.
Ainsi donc, le peuple a tranché. Mollement il est vrai, mais les Français ont tranché en faveur d'un François Hollande que tout le monde juge pourtant mollasson, qui a la subtile faculté de ne jamais prendre de franche décision, de ne jamais accepter l'affrontement et de préférer faire faire le "sale boulot" par d'autres (que ce soit au PS en son temps, ou que ce soit face à Angela Merkel aujourd'hui, où il a appelé à la rescousse les premiers ministres italien et espagnol, pour ensuite bien sûr tirer seul les marrons du feu et s'attribuer seul tous les honneurs d'une soi-disant "victoire"), mais ils ont choisi. C'est la seule chose qui importe dans une démocratie : le peuple a tranché. Le peuple a décidé. Le peuple est souverain. Le peuple bouffera jusqu'à l'étouffement les conséquences de son choix délirant, mais pour l'heure le peuple a constitutionnellement raison...
Ainsi donc, de manière totalement cohérente (je l'avais prédit autour de moi contre les espoirs insensés de certains de mes amis), le même peuple a donné à son héros du jour une majorité plus que confortable à l'Assemblée Nationale, majorité qu'il avait déjà au Sénat comme dans l'écrasante majorité des collectivités territoriales. Le peuple persiste et signe. Le peuple a voulu un président "de gauche", une majorité parlementaire "de gauche", une politique "de gauche". Il les a. Il les aura pour 5 ans au moins. Il les bouffera pendant 15 ans au moins (eh oui, démolir est plus facile que reconstruire...). Il est (pour l'heure) content. Même si les citoyens les moins crédules commencent déjà à déchanter... Le changement, c'est maintenant. La facture à payer, c'est pour dans pas longtemps. Ca a d'ailleurs déjà commencé ! Maintenant !...
Pour se faire une idée à peu près précise de ce qui attend ce pauvre pays (encore que...), on peut valablement écouter le discours de politique générale de La voix de son Maître.
Jean-Marc Ayrault, devant une assemblée pourtant acquise à l'avance mais à la mine désenchantée, a fait un (trop) long exposé d'une heure trente, une longue litanie incantatoire, sans annonce précise et courageuse d'aucune sorte, mais significative cependant de l'état d'esprit dans lequel se trouve, sans surprise, l'équipe désormais au pouvoir.
Sans surprise, et dans l'optique de ramener le déficit du budget dans les critères auxquels la France (et François Hollande lui-même) s'est engagée, nous n'avons entendu parler que de hausses des impôts et des cotisations sociales, et pas de la moindre mesure réelle de réduction des dépenses.
Sans surprise, J.M. Hérault a parlé d'un "plan d'économie" ou les seules économies, c'est à dire les coupes budgétaires, ne sont que de la poudre aux yeux et seront rapidement battues en brèche, en butte aux dures réalités d'un état socialiste dépensier par nature puisque faisant passer systématiquement l'abstraction idéologique devant l'économie concrète. Les hausses d'impôts et de charges, elles, s'avèreront bien. Et bien plus douloureuses que la présentation édulcorée qui nous en a été faite...
Nicolas Sarkozy, que j'ai pourtant largement critiqué y compris sur ce point, avait engagé un redressement (même timide) de la politique budgétaire avec deux ou trois mesures qui, même insuffisantes, allaient dans le bon sens, mais que la gauche au pouvoir va très rapidement détricoter allègrement comme on ne pouvait que s'y attendre. La baisse des effectifs de la fonction publique pourtant la plus pléthorique d'Europe, la réforme des retraites (même si le président Hollande nouvellement élu a renié gentiment certaines promesses du candidat du même nom), la défiscalisation des heures supplémentaires, pour ne parler que de celles-là, vont allègrement passer à la trappe. Un grand bon en arrière pour une économie pourtant moribonde qui va subir de nouvelles charges propres à l'asphyxier encore un peu plus...
Car ne nous y trompons pas, les hausses d'impôts promises, qui paraît-il sont conçues pour "faire payer les riches" seront évidemment supportées par le plus gros de la population, par ces "classes moyennes" que le nouveau pouvoir a caressées hypocritement dans le sens du poil tout en sachant parfaitement qu'elles sont le seul réservoir dans lequel puiser pour financer une politique laxiste et dispendieuse. Sans compter les plus bas revenus, qui sont eux-aussi parmi les victimes de cette politique budgétaire, à commencer par la refiscalisation et la retaxation des heures supplémentiares dont je parlais plus haut. "Faire payer les riches", monsieur Hollande ? Vous savez parfaitement que c'est totalement improductif ! Vous ne réussirez qu'à faire fuir les capitaux dont l'économie a tant besoin pour investir. Vous savez d'ailleurs parfaitement que cette fuite a déjà commencé. C'est ainsi que vous avez remis au calendes grecques votre mesure inique de taxation à 75 % des très hauts revenus, mesure qui d'ailleurs avait toutes les chances d'être cassée par le Conseil Constitutionnel.
Pour faire simple, le discours de politique générale de J.M. Ayrault comporte, au plan économique, trois fautes stratégiques majeures que les Français vont devoir assumer pendant de longues années :
- Augmenter les impôts plutôt que baisser les dépenses, dans un pays où la pression fiscale et sociale est déjà dramatiquement trop forte, au risque (presque certain) de casser l'activité économique déjà si atone.
- Taper sur les classes moyennes et dévaloriser le travail (retaxation des heures supplémentaires et augmentation de la ponction sur l'intéressement et la participation)
- Tourner le dos à la compétitivité des entreprises, c'est à dire au moteur économique tout entier, en abolissant une mesure vraiment indispensable et à laquelle il ne fallait toucher sous aucun prétexte, à savoir l'assiette du financement d'une partie au moins du système social, calculée sur la valeur ajoutée en lieu et place de la masse salariale. Et aussi en augmentant encore le coût du travail ("coup de pouce" au SMIC, augmentation des prélèvements sociaux).
Le rapport de la Cour des Comptes est clair : il faut réduire les dépenses publiques, améliorer la compétitivité, rééquilibrer les comptes sociaux et inscrire une règle d'or dans la Constitution. Le gouvernement actuel s’apprête à faire exactement le contraire...
En réaction à ce rapport, Marie-Noëlle Lineman, sénatrice socialiste, a réagi énergiquement. Extraits :
- « Je ne le trouve pas très fécond dans les propositions » (en parlant de Didier Migaud, le premier président de la Cour des comptes). « On a l’impression que la Cour des comptes veut régler à la place des Français les choix politiques qu’ils ont fait »
Autrement dit, il faut ne tenir aucun compte de l'avis des Sages de la rue Cambon au motif que le peuple est seul souverain, et donc qu'il a raison par principe. Par droit divin, peut-être ?... - « Vous entendez la Cour des comptes vous dire qu’il faut augmenter la TVA et la CSG mais les Français ne l’ont pas voulu. Il vous dit (Didier Migaud) qu’il faut réduire brutalement les embauches et les évolutions de salaires. Je ne crois pas que ce soit ce que les Français ont souhaité, ils ont fait d’autres choix ».
En effet, ce ne sont pas les Français qui l'ont demandé, mais Bruxelles, l'Allemagne d'Angela Merkel (que François Hollande veut faire payer pour toutes les erreurs des autres Européens), et la Cour des Comptes, qui disent de concert que la France n'a pas les moyen de se payer des danseuses idéologiques... - « Le politique n’est pas là pour être à la botte de la Cour des Comptes ».
Certes, mais le politique est "à la botte" des citoyens, et leur est redevable de ses actions, dont la Cour des Comptes est le juge institutionnel...
La France était déjà mal en point; elle a à son chevet une équipe dont les "soins" ne feront qu'aggraver son mal. Les jours à venir s'annoncent bien sombres, non seulement pour la France dans le concert des nations, mais encore bien plus pour les Français eux-mêmes, qui n'ont pas fini de payer les pots cassés.
Sommes-nous voués à subir le sort de plusieurs autres pays du sud de l'Europe (Italie, Espagne, Grèce, et maintenant Chypre) ? Nous avons pourtant un potentiel qui nous permettrait d'échapper à ce triste sort ! A condition toutefois de faire les bons choix. Nous avons pris une autre option...
Et sur le plan institutionnel, le tableau n'est pas plus rose. Je ne citerai que deux mesures emblématiques du renoncement aux valeurs de la République et à la culture ancestrale de notre pays :
- Le mariage homosexuel.
Pour faire plaisir à certains de ses amis, sur lesquels il s'est appuyé durant sa campagne électorale et sans lesquels il n'aurait sans doute pas été élu, et donc pour leur "renvoyer l'ascenseur", François Hollande va briser net le socle sur lequel repose depuis plus de deux mille ans la conception de la cellule de base de la société, à savoir la famille.
Une famille, en droit comme du point de vue de nos valeurs morales ancestrales, c'est un couple hétérosexuel, autrement dit un homme et une femme, et leurs enfants. Demain, avec la réforme Hollande, ce schéma volera en éclats. Il s'agit ni plus ni moins d'une mise à sac de nos valeurs ! - Le vote des Etrangers aux élections locales.
Pour des raisons similaires, François Hollande veut déposséder les Français d'un élément essentiel de leur citoyenneté. La citoyenneté et la nationalité vont de paire et sont indissociables.
Une première entorse à ce principe a déjà eu lieu, avec le droit de vote donné aux ressortissants de la Communauté Européenne. Dans l'optique d'une Union Fédérale Européenne à venir, dont on entend reparler ces temps-ci (ce dont je me garderai bien de me plaindre), cela peut se concevoir. Mais ce même droit de vote donné aux Etrangers non communautaires témoigne d'un mépris profond de la notion même de citoyenneté.
Demain, Françaises, Français, vous n'aurez plus le droit élémentaire de choisir seuls votre Maire et vos Conseillers. Vous devrez compter avec la volonté de personnes, peut-être respectables, sans doute habitant votre commune de longue date, mais qui n'auront pas pris l'engagement solennel de respecter la République en choisissant d'être Français, et qui donc n'auront aucune obligation morale à votre égard, mais qui décideront à égalité de droits avec vous. C'est insupportable et c'est un affront.
L'argument principal de ceux qui défendent cette réforme est de dire qu'il serait anormal que les Etrangers présents sur le territoire depuis plusieurs années, qui ont payé leurs impôts en France, qui ont travaillé et participé à l'économie française, soient exclus de décisions qui les concernent directement. Cet argument est fallacieux.
Si ces personnes se sentent tellement attachées à notre pays, si elles l'aiment à ce point qu'elles tiennent à participer à la chose publique, alors que ne demandent-elles pas la nationalité française ? Dès lors qu'on leur aura accordée, elles participeront de plein droit, en tant que citoyen français, à tous les scrutins ! Mais dans le même temps, elles auront les mêmes devoirs à l'égard de notre pays que les Français de naissance.
Les notions de droits et de devoirs sont intimement liées. Demander les droits liés à la nationalité française sans en accepter les contraintes et les devoirs est un affront à l'égard du peuple qui les accueille. Et c'est surtout un affront à l'égard du principe le plus élémentaire de la République : la citoyenneté.
Heureusement, pour faire passer cette réforme scélérate, François Hollande aura besoin d'une majorité des 3/5 au Congrès, et il ne l'a pas. A moins bien sûr qu'un nombre suffisant de parlementaires de l'opposition ne viennent lui prêter main forte. On a malheureusement déjà vu des actes de félonie de ce genre se produire dans le passé...
Qui vivra verra. En attendant, le peuple est souverain, et donc le peuple a raison.
Ce peuple qui a raison, subira avec raison les conséquences de ses choix. Il n'y a pas grand chose d'autre à dire...