Je vais sacrifier à la tradition, et bien que ce "marronnier" respire l'hypocrisie dans la bouche de beaucoup, je présente, très sincèrement au contraire, à tous mes lecteurs et aux autres d'ailleurs, tous mes voeux pour cette nouvelle année qui commence.
Cette tradition des voeux est une réminiscence des "saturnales" romaines, ces jours de fête à la fin de décembre où les esclaves étaient temporairement libérés, et où il était de tradition de s'offrir des cadeaux.
Je trouve assez symbolique que plus de deux mille ans plus tard, l'on se souhaite ainsi toujours d'être "libérés", même si ce mot n'a pas le même sens pour tout le monde : libérés des soucis, libérés des contraintes économiques pour certains, libérés de la maladie pour d'autres, voire encore libérés d'une "mauvaise passe" dans l'année qui s'achève... "
Meilleurs voeux" signifie de fait "
Je te souhaite tout ce à quoi tu aspires", tout comme l'esclave de la Rome antique aspirait à la liberté.
Quant à moi, je ne voudrais pas me limiter à souhaiter à la cantonade la réalisation de toutes les aspirations de chacun : je voudrais de surcroît souhaiter à mes concitoyens leur libération, c'est à dire littéralement le retour à leur liberté, quelque chose qui ne figure pas nécessairement au chapitre de leurs souhaits tant beaucoup d'entre eux n'ont pas la pleine conscience de leurs chaînes...
Beaucoup me diront en effet que l'on a la chance de vivre dans un pays libre, et que par conséquent ce voeu semble bien inutile. C'est oublier trop vite ce qu'être libre veut dire.
Nous vivons dans une organisation sociale devenue très complexe et où, avec des intentions le plus souvent louables, le législateur a d'année en année confié à la puissance publique le soin de materner le citoyen, de l'infantiliser en tissant autour de lui un cocon soi-disant protecteur qui lui a ôté peu à peu, avec sa liberté de mouvement, jusqu'à ses comportements naturels. L'
homo socialis moderne évolue dans un magma inextricable de réglementations de toutes sortes, de prestations publiques diverses et variées, et des lourdes taxations qui vont avec.
Et le pire, c'est que cet état de fait, après une évolution lente qui ne lui a pas permis de prendre conscience du danger, lui paraît aujourd'hui naturelle. Au point que l'iconoclaste qui évoque le retour au respect de sa personalité humaine, au respect de sa propre liberté économique et de sa liberté de décision, que cet iconoclaste que je suis volontiers, lui apparaît souvent comme un ennemi dangereux.
Et pourtant, toutes ces "protections sociales" qui sont devenues des évidences, ne sont en fait que des mirages illusoires qui sapent l'économie et qui fabriquent de la pauvreté, qui déresponsabilisent l'individu et le soumettent pieds et poings liés au bon vouloir d'un Etat-Providence qui n'a forcément plus moyens de ses ambitions. Car la spirale est infernale des aides coûteuses qui ne servent qu'à entretenir la démission individuelle, et du déficit d'impôt que cette même démission engendre...
Les prélèvements obligatoires très largement exagérés que nous subissons amputent lourdement les capacités d'investissement des employeurs comme les revenus des travailleurs. Ils asphyxient l'économie et génèrent mécaniquement plus de besoin qu'ils ne sont capables d'en satisfaire. S'ils étaient laissés à disposition des acteurs économiques, ce sont les allocations qu'ils ne parviennent plus à financer qui n'auraient rapidement plus de raisons d'être. Encore faudrait-il avoir assez de bon sens pour le comprendre, de courage pour le dire, et de sens des responsabilités pour le mettre en oeuvre.
Plus l'état veut protéger et plus il met en danger. Plus il promet et moins il peut tenir. Plus le citoyen s'en remet à lui et plus il sombre dans la dépendance. C'est la spirale infernale dans laquelle nous sommes entrés lentement, et dont on ne pourra sans doute sortir que brutalement. Et avec souffrance...
Alors en ce début d'année, mon principal voeu pour mes concitoyens, c'est qu'ils se rendent compte enfin du danger, et qu'ils cessent de toujours demander plus à la collectivité et moins à eux-mêmes, qu'ils comprennent enfin qu'ils sont des hommes adultes et libres, c'est à dire responsables, et qu'il leur appartient de se prendre en charge. Ca signifie un changement radical de politique, et dans un état démocratique comme le nôtre, ils sont les seuls à pouvoir le provoquer.
Je sais bien que c'est 2012 surtout qui leur premettra de le décider, en choisissant leurs élus dans le camp de ceux qui les respectent et non dans celui des constructivistes acharnés. Ce que je leur souhaite, c'est que 2011 soit le temps de leur prise de conscience.
On peut toujours rêver...