Les Anciens avaient inventé la Démocratie
Les Modernes y ont ajouté la Liberté
Nous sommes responsables des deux...

Affirmons nos libertés !

samedi 27 novembre 2010

De l'extrême-droite et de la démocratie

En réaction à une information diffusée par mail au sujet d'une demande faite à la mairie de Paris par une association maghrébine, demande dont le sujet n'a pas d'intérêt ici mais qui irritait à juste titre l'auteur du mail en question, j'ai eu l'imprudence d'ajouter le titre "Quand est-ce que ça va déborder ?".

L'un de mes amis à qui j'avais retransmis la chose m'a répondu en ces termes : "Quand les gens en auront assez de notre démocratie à 2 balles, et qu’ils jugeront qu’il vaut mieux voter pour l’extrême droite."

J'ai trouvé intéressant de faire paraître ici ma réponse, qui est la suivante :

Il y a deux lectures possibles de ce qu'écrit mon ami.

Première lecture
« La démocratie est un système à deux balles, et il faut voter à l’extrême droite qui nous en débarrassera »

Je ne suivrai JAMAIS personne sur ce terrain.

L’Histoire nous a démontré ce que sont les régimes non-démocratiques, qu’ils soient « de droite » ou « de gauche ».
L’extrême-droite au pouvoir, ce furent entre autres Hitler, Mussolini, Franco, Salazar, Pinochet…
Le marxisme, à l’opposé, ce furent aussi Staline, Mao, Tito, Jaruzelski, Ceausescu et beaucoup d’autres…
Il existe encore de nos jours pas mal de dictatures toutes aussi haïssables, voire sanglantes.
Toutes ces dictatures se sont singularisées par l’oppression, la répression, les crimes politiques, les déportations, la corruption, l’asservissement des peuples.
« La démocratie est le pire des systèmes. On n’en a pas trouvé de meilleur. » Ce mot célèbre de Winston Churchill, je le fais mien à 100 %. La démocratie, avec tous ses défauts, est le seul régime qui permette au peuple de décider souverainement de son sort. Le suffrage universel est le seul rempart contre la pérennisation de l’oppression, et la séparation des pouvoirs législatif d’une part, exécutif d’autre part, et judiciaire enfin, qui est le principal pilier des régimes démocratiques, n’est absolument pas négociable.
Prôner un système non-démocratique, c’est remettre le sort des citoyens entre les mains d’un seul homme, ou d’une caste, qui gouvernera immanquablement, un jour et l’autre et sans possibilité de retour, à son propre profit et au mépris de la Nation.
Mon refus d’une telle éventualité est sans appel…

Deuxième lecture
« Nous vivons sous le régime d’une démocratie molle (« à deux balles »), et il faut voter à l’extrême droite qui restaurera un pouvoir exécutif fort »

Cette lecture est déjà plus acceptable. Sous certaines réserves que je vais énoncer.

Les institutions de la Vème République comportent ce pouvoir exécutif fort, que j’appelle moi aussi de tous mes vœux, mais que personne depuis le départ du général De Gaulle n’a vraiment exercé dans ce pays.
En particulier, l’élection du Président de la République au suffrage universel lui confère une légitimité incontestable qui lui permettrait d’agir avec les coudées franches. De plus, la récente réforme du quinquennat, avec l’inversion du calendrier électoral, renforce considérablement cet état de fait : le Président est d’abord élu par les Français pour cinq ans, puis dans la foulée, les députés sont élus pour la même durée par les mêmes électeurs. Il y a assez peu de chances dans ces conditions pour que la majorité parlementaire, au moins en ce qui concerne la Chambre des Députés, soit hostile au Président.
On est même dans une configuration plus forte, de ce point de vue, que les Etats-Unis (réputés avoir le système le plus « présidentiel » de toutes les démocraties sur la planète), puisque là-bas les élections de « mid term », à mi-mandat du Président, peuvent inverser la majorité à la Chambre des Représentants, ce qui vient d’arriver à Obama et qui est impossible en France.

Mais les institutions ne sont pas une garantie absolue du bon fonctionnement de l’Etat, ni encore moins d’une politique conforme aux intérêts, ni du pays, ni de la Nation dans son ensemble, ni des citoyens individuellement. Il faut pour cela, d’abord que les citoyens dont nous parlons élisent des personnages (Président, Députés, Sénateurs, élus locaux) qui se proposent de mettre en œuvre les bonnes politiques. Là, c’est le choix de chacun, et on a les dirigeants que l’on mérite. Mais il faut ensuite que ces élus mettent effectivement en œuvre les idées qu’ils ont défendu pour se faire élire. Et là, c’est une autre paire de manches : beaucoup d’entre eux pensent plus à leur future réélection qu’à l’intérêt de l’ensemble des citoyens… C’est pour cette raison que je penche de plus en plus pour l’idée d’un mandat unique dans le temps, ce qui aurait pour effet d’éradiquer l’électoralisme paralysant qui est la marque de nos dirigeants ! Cependant, ça aurait des effet pervers : d’une part la sanction du suffrage universel ne s’appliquerait plus qu’aux partis (ou aux tendances) et non plus aux élus eux-mêmes, et d’autre part on se priverait éventuellement de la compétence et de la bonne gestion de tel ou tel personnage politique qui n’aurait éventuellement pas son équivalent pour le remplacer à un instant T. Ce fut le cas pour le maire de Londres il y a quelques années, et beaucoup de Londoniens ont dit le regretter. Mais à mon sens ce ne sont là, malgré tout, que moindres maux, et le carriérisme politique est de mon point de vue l’une des causes de l’immobilisme de nos hommes politiques.

En résumé, il faut donc trouver un système démocratique, c'est-à-dire dans lequel c’est l’électeur qui choisit ses responsables politiques (et donc, indirectement au moins, les grandes lignes de la politique suivie par eux), et dans lequel les mêmes élus ne concentrent pas les trois pouvoirs fondamentaux. La séparation des pouvoirs est, je le répète encore une fois, indispensable pour préserver un minimum de liberté individuelle.

Dans ce cadre-là, et comme je l’ai dit nos institutions actuelles y répondent à peu près, il semblerait à première vue que voter pour l’extrême droite, c'est-à-dire pour le FN, c'est-à-dire pour la présidentielle voter pour Marine Le Pen, ne soit pas absolument ridicule. A première vue seulement, car on sait ce que sont les promesses électorales quel que soit le bord politique de celui qui les fait, et on sait également par expérience historique quel est le comportement de l’extrême-droite quand elle parvient au pouvoir. Rappelons-nous qu’Hitler s’est fait élire sur la base d’un programme officiellement socialiste ! (« National-sozialist arbeiter parteit » signifie littéralement « parti national-socialiste des travailleurs ». On sait ce que cette dénomination cachait…)

En résumé, je suis pour un pouvoir exécutif fort, soumis au contrôle d’un pouvoir législatif indépendant mais dont les orientations politiques ne soient pas en contradiction avec celles du pouvoir exécutif, et pour un pouvoir judiciaire tout aussi indépendant mais encadré de très près par une législation qui ne lui laisse pas le loisir de contrecarrer la ligne politique des élus de la Nation. Je m’interroge d’ailleurs depuis longtemps sur l’opportunité de soumettre la nomination des juges au vote des Français. Je n’ai pas encore tranché sur le sujet, car le système américain, où l’équivalent de nos juges du siège sont des élus, présente pas mal de dysfonctionnements liés à l’orientation politique de ces magistrats.

Sans aller jusque là, donc, les institutions actuelles permettraient, presque sans modifications, d’en arriver à une gouvernance de qualité et à une action politique réellement volontariste. Le vrai problème ne réside pas dans les institutions, mais dans ce qu’on en fait. Le simple fait d’instaurer des règles qui supprimeraient la « politique du bulletin de vote » (le mandat unique par exemple, dont je parlais plus haut) nous ferait déjà faire des progrès significatifs. Et ceci sans supporter les aléas de porter au pouvoir une extrême-droite qui présente des risques, si ce ne sont pas des probabilités, d’exercice dictatorial du pouvoir. Sans parler de ses options assez catastrophiques en matière de politique étrangère et monétaire, ni de sa propension à inciter au racisme et à la xénophobie.

En tout état de cause, la priorité des priorités est de conserver un régime démocratique, avec ses imperfections sans doute mais avec les libertés fondamentales qu’il garantit. Les réglages fins ne viennent qu’après, en termes de choix des individus et des procédures propres à mener la meilleure politique pour le pays et pour les citoyens. Et certaines options qui se parent des atours de la démocratie mais qui n’en offrent pas les garanties, relèvent de la roulette russe. Je ne me risquerai pas, quant à moi, à prendre ce risque-là.

10 commentaires:

  1. Billet très intéressant, Cher René.
    Je vais sans doute vous surprendre.... mais M. Sarkozy aura fait au moins une chose de bien enintroduisant dans la Constitution la QPC (Question Prioritaire de Constitutionnalité) permettant à chaque citoyen de saisir le Conseil Constitutionnel.
    En revanche l'introduction par lui-même du référendum dit d'initiative populaire ( nouvel article 11 de la Constitution, juillet 2008) est en panne par sa propre faute. C'est bien dommage car il s'agissait là aussi d'un contre-pouvoir bien nécessaire.

    jf.

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour Jacques,

    Vous ne me surprenez pas vraiment : les deux remarques que vous faites vont dans le même sens, et accessoirement dans celui de la notion de "démocratie participative" que vous défendez avec vos amis politiques les plus proches !

    A mon tour de, peut-être, vous surprendre : concernant, non pas la QPC en elle-même, mais le nouveau droit (loi organique du 10 décembre 2009), pour tout citoyen dans le cadre d'une procédure judiciaire, de saisir le Conseil Constitutionnel au sujet d'un texte de loi qui porterait atteinte aux libertés individuelles, je suis assez d'accord. Cette loi organique comporte en effet suffisamment de garde-fous pour que ce nouveau droit n'ouvre pas la boîte de Pandore d'une "Foire Aux Questions" sans queue ni tête...

    Concernant, en revanche, le référendum d'inititative populaire, je ne peux que me réjouir qu'il soit, comme vous dites, "en panne". Je suis très loin de penser qu'il en soit "dommage" : le "contre-pouvoir" que vous évoquez n'est nullement nécessaire, et est même un quasi non-sens dans le cadre de la démocratie représentative qui est heureusement la nôtre.

    J'ai déjà eu l'occasion de dire ce que je pensais de la démocratie directe, à laquelle s'apparente de très près la "démocratie participative" dont le référendum d'initiative populaire est un des fers de lance. Je ne vais donc pas y revenir en détails. Mais je réitère que cette manière de gouverner revient à donner à l'ensemble des citoyens, c'est à dire à une très large majorité d'entre eux qui n'ont pas la technicité suffisante pour juger de son opportunité ni de son applicabilité, et encore moins de son bienfondé, le pouvoir de décider en toute souveraineté d'une disposition législative possiblement décisive. C'est la porte ouverte à une gouvernance populiste où les décisions seraient prises, à coup quasiment sûr, en fonction d'intérêts particuliers immédiats très souvent contradictoires avec le souci du "bien public".

    Vous me rétorquerez sans doute que le problème existe au sein des assemblées représentatives. Certes, les lobbies et les groupes de pression y sont à l'oeuvre, mais le travail législatif, notamment en commission, amenuise considérablement le risque de "n'importe quoi" qui, au contraire, est la marque de l'absence de réflexion dont font montre déjà les foules, ne serait-ce que lorsqu'elles manifestent en scandant des slogans dont elles n'appréhendent pas totalement le sens, et qui lui sont "soufflés" par des lobbies dont le souci est plus leur propre intérêt que celui de leurs "ouailles"...

    Nous avons là un très bel avant-goût de ce que pourrait être la gabegie d'un tel système.

    Mon billet défendait la démocratie, pas la chienlit...

    RépondreSupprimer
  3. Oh là......
    1) Les deux réformes sont celles de M. Sarkozy.
    C'est lui qui a fait modifier la Constitution en juillet 2008 sur la QPC et le referendum.
    Ce ne sont pas mes "amis", comme vous dites ! A l'exception de J. Lang, ils ont voté contre !!!!
    Et c'est bien M. Sarkozy qui maintenant ne fait pas passer les textes d'application du référendum qu'il a pourtant voulu. Ce qui ne me paraît pas ...très démocratique.

    Je constate que vous avez voulu donner un petit tour polémique à votre réponse à mon commentaire qui ne l'était pas..... !!!!

    2)S'agissant par ailleurs du Parlement..vous lui donner bien de l'importance pour son travail en Commission.
    Dernier exemple en date: le gouvernement s'est OPPOSE et à fait annuler QUARANTE amendement de la Commission des Finances pour le budget 2011.
    Autrement dit, Commissions et séance pleiniére ne sont valables que lorsque le gouvernement est d'accord.
    Vous qui aimez bien parler de vos impôts, constatez quelles sommes colossales sont donc englouties dans ce semblant de mascarade "démocratique". Les Parlementaires ne servent pas à grand chose.

    J'en connais même un qui après avoir dit que Sarko le prenait pour un con vient d'être nommé au Gouvernement....
    Vous avez dit chienlit..... ????

    jf.

    RépondreSupprimer
  4. Vous vous trompez : je n'ai pas voulu polémiquer du tout ! Et je n'ai jamais prétendu que ces deux réformes étaient le fait de quelqu'un d'autre que Nicolas Sarkozy !

    J'ai simplement voulu dire que le référendum d'initiative populaire allait tout à fait dans le sens du concept de démocratie participative, et j'ai expliqué en quoi je n'étais pas d'accord avec ce concept, et donc pas d'accord non plus avec le référendum d'initiative populaire. Un point, c'est tout. Il n'y a aucune polémique là-dedans. Et quand j'ai parlé de "vos amis politiques les plus proches", vous ne faites pas mystère de votre proximité politique avec Ségolène Royal, laquelle s'est faite le chantre de la démocratie participative. Rien d'insultant là non plus...

    Et pour ce qui est du travail en commission, je maintiens qu'il est très important pour le sérieux des projets qui sont ensuite débattus en séance plénière. Ca ne signifie nullement que le gouvernement ne fasse pas tout pour obtenir des élus un vote conforme à ses souhaits. Je ne suis pas crédule à ce point ! Mais ça n'a rien à voir avec l'éventuelle improvisation que pourraient être des décisions insuffisamment préparées d'une part, et prises par des profanes en droit d'autre part.

    De même, je n'ai jamais dit que tout le monde était sérieux parmi les ministres ! Que vient donc faire votre dernière réflexion dans notre propos ?

    RépondreSupprimer
  5. Bonjour René,

    article très intéressant. Deux remarques toutefois qui me semblent importantes :

    Certains diront que je joue sur les mots, mais Hitler et Mussolini n'étaient pas d'extrême droite. C'est ce que montre assez bien Hayek dans La route de la servitude. Le fascisme, le nazisme et le communisme ont en commun d'avoir voulu collectiviser la société, contre la société libérale et contre le capitalisme. Ce sont toutes trois des idéologies de gauche qui ont bénéficié d'un très fort renforcement de l'intervention d'Etat. La prise du pouvoir et l'application de leurs théories n'en fut que plus aisée.

    Je pense qu'on peut critiquer l'extrême droite sans avoir besoin de recourir à Hitler et les autres tristes sires qui n'ont que peu de choses à voir avec Le Pen, aussi critiquable que soit le personnage.

    Autre point, je suis étonné de lire que tu considères que les gens ne sont pas assez "techniciens" pour pouvoir juger du bien fondé d'une mesure. Je pense que les gens sont suffisamment intelligents pour savoir ce qui est bon pour eux, peut-être pas à court terme, mais au moins sur le long terme. Je pense d'autre part que si les citoyens ne sont pas experts, les politiques ne le sont pas plus. Comment le leur reprocher ? Ils ont à gérer des problèmes si vastes et si complexes que nul ne peut saisir l'ensemble des variables et des données nécessaires à une bonne prise en considération du problème. Mais raison de plus également pour limiter strictement le champ des problèmes dont ils ont à s'occuper.

    Je suis donc très favorable à une solution de démocratie directe dans un contexte de forte décentralisation. Plus le pouvoir est proche du citoyen, plus celui-ci peut contrôler ceux qui prétendent nous diriger. Plus le pouvoir est divisé, plus il est faible. Une bonne garantie donc pour éviter les abus, la corruption et le népotisme.

    Amicalement :)

    RépondreSupprimer
  6. Bonjour Benoît,

    Merci d'être passé par ici.

    Je suis bien d'accord pour dire que tu joues sur les mots ! Je suis d'accord également pour dire que le nazisme et le communisme ont des points communs, mais il faudra quand même, pour étayer ta thèse et avoir une toute petite chance que j'y abonde, que tu me donnes tes propres définitions de la gauche et de l'extrême droite !...

    Dire qu'Hitler et Mussolini étaient "de gauche", c'est un scoop ! Tu devrais te faire breveter... Que beaucoup aient pu se laiser prendre à l'illusion dans les années trente peut se comprendre (j'ai bien parlé dans mon billet du leurre que représentait le nom du parti politique fondé par Hitler). Que certains, dont tu es apparemment, continuent dans la même ligne aujourd'hui, me semble assez spécieux. Philosophiquement parlant, défendre cette thèse est même, de mon point, de vue assez proche du révisionnisme...

    Et dire que "Hitler et les autres tristres sires [...] n'ont que peu de chose à voir avec Le Pen", revient à dire que Le Pen n'aurait que peu de chose à voir avec Hitler et les "tristes sires" dont tu parles. C'est là encore, travestir la réalité et banaliser le FN. Les deux "tristes sires" ont en commun, au moins, l'idéologie raciste et xénophobe à l'origine du génocide (au sens propre du mot) sans doute le plus important de l'histoire de l'humanité, même si, pour Le Pen, "l'ennemi" n'est pas ouvertement (ou pas exclusivement) le peuple juif. Peut-être s'agit-il à tes yeux d'un point commun anecdotique. Ce n'est pas mon point de vue...

    Sur le deuxième point, nous divergeons également de manière très nette. Je suis un libéral, ce qui ne signifie pas que je sois opposé à l'existence de l'état et d'un pouvoir efficace. Je suis pour un pouvoir exécutif limité aux domaines naturels de l'Etat, à savoir la sécurité et la défense des libertés individuelles, mais pour un pouvoir exécutif fort et capable de s'opposer sans entrave aux réaction épidermiques des citoyens, contrôlé par un pouvoir législatif aux mains de représentants du peuple élus par lui. Je suis opposé à un système dans lequel tout le monde et n'importe qui, même avec des conditions restrictives, aurait la faculté de décider directement de l'infléchissement de la politique du pays, en fonction d'intérêts immédiats ou de pressions ponctuelles. La démocratie, ce n'est pas l'improvisation au pouvoir, et les bonnes décisions à prendre ne sont pas automatiquement populaires. Je suis donc, pour ces raisons, opposé à toute forme de démocratie directe. Ce qui ne signifie pas, bien entendu, que les gens ne sont pas suffisamment intelligents. Ca n'a rien à voir.

    Par contre, je te rejoins totalement sur la décentralisation, et le déplacement des centres de pouvoir au plus près des citoyens. Mais ces centres de pouvoir doivent rester, de mon point de vue, des assemblées locales élues pour un temps déterminé, et qui ont un pouvoir effectif pendant cette durée, sans risquer que leur action puisse être entravée par l'intervention directe des citoyens eux-mêmes, par exemple pour des raisons d'intérêts conjoncturels particuliers.

    Enfin, je ne pense surtout pas qu'une bonne chose soit que le pouvoir soit faible. Au contraire !

    Il y a peut-être une explication globale à nos divergences : je suis libéral, mais pas libertarien. Je ne dis pas "pas d'état", mais "moins d'état" et "mieux d'état"...

    Amicalement.

    RépondreSupprimer
  7. salut à tous,
    intéressant billet que je découvre en retard. Pas grave.

    plusieurs remarques / questions / rebonds :

    1) La question initiale "Quand est-ce que ça va déborder ?" qui a amené la réponse : "Quand les gens en auront assez de notre démocratie à 2 balles, et qu’ils jugeront qu’il vaut mieux voter pour l’extrême droite.", accepte une autre interprétation. On peut interpréter la phrase comme suit : "ça débordera quand les gens voteront à l'extrême-droite à cause des politiciens qui n'assurent pas un fonctionnement sain de la démocratie. Je ne veux pas que ça déborde, mais force m'est de constater qu'ils laissent à nouveau la sécurité (donc la liberté) dans les mains de Le Pen fille." Pris comme cela, la phrase n'implique plus d'aller réfléchir sur Marine Le Pen ou l'extrême droite (dont on sait qu'ils tiennent sur la sécurité le seul discours recevable pour un démocrate, et sur les thèmes économiques des discours effarants de connerie), mais bien plutôt sur la manière dont les grand partis doivent récupérer cet électorat. Passons.

    2) Ne nous battons pas, de grâce, avec les mots droite et gauche ! Vous ne les avez pas définis, et savoir si Mussolini était de droite ou de gauche n'a aucun intérêt ! Mussolini était un dictateur totalitaire, issu historiquement de la gauche (communiste). Hitler comme Mussolini étaient des collectivistes. Quoi de plus ? Ou alors définissez ce que vous entendez pas droite et gauche...

    3) sur la démocratie directe, il me semble que tu fais une confusion, René : la démocratie directe ne consiste pas à donner la main à n'importe qui pour infléchir la politique (nous sommes tous d'accord pour éviter cette voie démagogique et stérile), mais bien à mettre en place de manière institutionnelle un contre-pouvoir populaire pour empêcher les politiciens de faire ce qu'ils veulent. Reconnais, René, que la démocratie Suisse fonctionne, tandis que la démocratie française va mal. Non ?

    RépondreSupprimer
  8. Bonjour Lomig,

    A mon tour de m'excuser de répondre tard : j'ai fait un petit voyage en Alsace, où je n'avais pas Internet...

    1) La lecture que tu donnes de la réflexion qui sert de point de départ à mon billet est précisément celle que m'a rétorqué son auteur. Comme quoi on n'st jamais assez exhaustif dans les différentes acceptions que l'on peut donner à un texte.

    2) On n'en finirait pas de débattre des significations comparées des mots "droite"et "gauche". Pour ma part, je ne cherche pas à les définir précisément : ils n'ont pas grand intérêt en eux-mêmes. Seules leurs acceptions communément admises m'ont fait réagir aux propos de Benoît. Et communément, "la gauche" signifie le socialisme et ses succédanés, et "la droite" singifie le contraire. Raison pour laquelle il est communément admis que les libéraux sont plutôt "de droite".
    Mais quand on parle "d'extrême droite", et toujours dans l'acception commune du terme, ce dernier a une signification bien particulière, qui n'a vraiment aucune ressemblance de près ou de loin avec "la gauche" ! Alors, dire qu'Hitler et Mussolini étaient "de gauche", dans l'acception commune de ces termes, c'est tout simplement un non-sens qui résulte, soit d'une erreur pure, soit, pire, d'une volonté négacionniste.
    Les "valeurs" de l'extrême-droite, telle qu'elle est entendue communément, c'est essentiellement le nationalisme exacerbé, le racisme et/ou l'antisémitisme, la xénophobie, le totalitarisme (même si le communisme est évidemment lui aussi un totalitarisme). L'archétype de ce qu'on appelle communément "l'extrême-droite", c'est en France le régime de Vichy dans les années 1940, et à la même période le nazisme en Allemagne et en Italie.
    Ensuite, on peut disserter sur les mots pris au pied de la lettre, on peut slalomer entre les différentes définitions possibles. Mais dire que tel dirigeant nazi ou tel autre était un homme "de gauche" est tout bonnement contraire au sens commun... Je n'ai voulu dire que ça. Sachant que dire le contraire, c'est banaliser dangereusement une extrême droite qui est tout autant dangereuse que l'extrême gauche.

    RépondreSupprimer
  9. (Suite)
    3) La peinture que tu fais de ce que tu appelles la démocratie directe est déjà plus "soft" que ce que les mots eux-mêmes veulent dire, et contre quoi j'ai réagi. Mais le "contre pouvoir" dont tu parles n'aurait de vraie nécessité que si les mandats électifs étaient suffisamment longs pour permettre aux élus de faire ce qu'ils veulent sans contrôle des citoyens sur le long terme. De fait, il existe un vrai contre prouvoir, et c'est le bulletin de vote. Je reste convaincu qu'il n'est possible de mener un politique efficace qu'avec de vrais pouvoirs, et pas sous la menace perpétuelle d'une fronde de la vox populi. Nous baignons déjà dans un système où les mouvements de rue poussent les carriéristes politiques (pléonasme) à céder trop facilement à la pression populiste. Imaginons ce que ce serait si ce contre pouvoir là était institutionnalisé ! Je réitère que ce serait le règne des intérêts immédiats particuliers.
    Tu me parles de la Suisse. Je t'avoue ne pas suffisamment connaître ce pays et son fonctionnement pour te répondre. Je ne sais pas si la démocratie suisse fonctionne mieux que la nôtre, même si je suis bien d'accord avec toi pour dire notre système va mal. Mais si il va mal, n'est-ce pas dû plutôt à un manque de courage politique qu'à un manque de démocratie ? Je pense pour ma part que si ça va si mal, c'est en grande partie parce qu'on n'ose jamais aller assez loin dans les actions politiques nécessaires, justement par peur des opinions négatives et de leurs conséquences électorales. Donner à l'électeur un pouvoir permanent, plutôt qu'un pouvoir de sanction périodique, ce serait sans nul doute aggraver le mal. Libéral ne signifie pas populiste. Je suis pour un pouvoir aux domaines de compétences limités, mais un vrai pouvoir capable de vraiment gouverner. Le contraire de ça, poussé à l'extrême, ça s'appelle l'anarchie. Je n'ai pas envie d'aller dans ce sens, même modérément...

    RépondreSupprimer
  10. Merci de cette judicieuse réflexion. En conséquence, la seule démocratie légitime reste la démocratie libérale au sens où elle préserve les libertés.

    RépondreSupprimer